SPIZER REDUIT AU SILENCE
Raisons du « Watergate » monté par l'administration Bush contre
Eliot Spitzer, le Gouverneur de l'État de New York
Global Research, Par F. William Engdahl, le 18 mars 2008
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on
La très bizarre et spectaculaire divulgation du dossier secret des
écoutes électroniques du FBI au New York Times, révélant les rendez-
vous du Gouverneur de l'État de New York, Eliot Spitzer, le désormais
tristement célèbre « Client n° 9, » avec une call-girl de luxe,
n'a pas grand-chose à voir avec les grandes valeurs morales que
recherche l'administration Bush chez ses fonctionnaires. Le gouverneur
Spitzer a probablement été la cible d'une sale combine de la Maison
Blanche et deWall Street, visant à réduire au silence l'un des plus
dangereux et bruyant détracteur de leur gestion de l'actuelle crise
des marchés financiers.
Une règle empirique utile pour évaluer les scandales
spectaculaires entourant les personnages publics consiste à se
demander qui ou quelle puissance veut l'éliminer. Dans le cas du
Gouverneur Eliot Spitzer, un démocrate, il est évident que la fuite
» spectaculaire des dossiers d'écoute électronique du FBI,
démontrant que le Gouverneur Spitzer payait le prix très élevé de 4
300 dollars pour ce qui équivalait à environ une heure de
divertissement personnel, avait des motivations politiques. La presse
s'est presque exclusivement focalisée sur les aspects salaces de
l'affaire, pas du tout sur les honoraires importants apparemment payés
par Spitzer. Pourquoi ce scandale éclate en ce moment-ci est la
question la plus intéressante.
Spitzer est devenu Gouverneur de l'État de New York à la
suite d'un procès-verbal de grande envergure qu'il a démarré en tant
que Procureur Général inflexible après des délits financiers comme
l'affaire de fraude d'Enron et la corruption dans les banques
d'investissement au cours de la période de la bulle Internet de 2002
(la bulle des dot.com). Le puissant ancien chef du grand groupe
d'assurances AIG, Hank Greenburg, était parmi ses détracteurs. Aux
dires de tous, il s'est fait de puissants ennemis. Il était amèrement
détesté à Wall Street. Il a construit sa carrière politique en
étant impitoyable contre la corruption financière. Plus récemment,
de son poste de Gouverneur du deuxième plus grand État des USA et
patrie de la finance, Spitzer a commencé à porter des attaques de
haute volée contre l'administration Bush, complice des arrangements de
sauvetage clandestin de ses amis financiers de Wall Street au
détriment des propriétaires et des citoyens ordinaires, réglant tout
avec les fonds des contribuables.
Curieusement, Spitzer, qui a été élu gouverneur en 2006,
remportant près de 70 % des suffrages en battant un Républicain, n'a
été inculpé d'aucun délit. Cependant, le jour où le scandale a
éclaté, l'Assemblée des Républicains de New York a immédiatement
annoncé des plans pour démettre Spitzer de ses fonctions ou lui faire
un procès public s'il refusait de démissionner. Spitzer pourrait
être appelé à témoigner dans tout procès impliquant le réseau de
prostitution « Emperors Club. » Mais jusqu'à présent, il n'a été
accusé d'aucun délit. La prostitution est illégale dans la plupart
des États du pays, mais les clients des prostitué(es) ne sont presque
jamais inculpés et, dans les affaires en cours, leurs noms ne sont
d'habitude pas divulgués. Le fait que l'affaire Spitzer soit entre les
mains de Washington, et non pas entre celles des autorités de l'État
[de New York], met clairement en évidence la nature politique de cette
démarche de style « Watergate. »
Le New York Times a rapporté que Spitzer était un
individu identifié en tant que « Client n° 9 » dans les documents
déposés au tribunal la semaine dernière. Le « Client n° 9 » a
pris des dispositions pour rencontrer « mademoiselle Kristen » le 13
février dans un hôtel de Washington, une prostituée au tarif
officiel de 1 000 dollars de l'heure. Quel que soit ce qui s'est
passé, selon les documents officiels Spitzer a payé 4 300 dollars.
L'affaire est manifestement politique quand on la compare à d'autres
cas récents flagrants impliquant des Républicains. Le Républicain
Mark Foley a été montré faisant des propositions à des stagiaires
masculins au Congrès et Rudolph Giuliani [NDT : Giuliani est membre du
parti Républicain et il était le maire de New York le 11 septembre
2001] a été découvert trompant sa femme, mais aucun ou pratiquement
aucun Républicain n'a demandé leur démission.
POURQUOI CETTE ATTAQUE MAINTENANT ?
Spitzer devenait de plus en plus populaire en rendant
responsable l'administration Bush du désastre national économique et
financier en cours. Il a témoigné à Washington à la mi-février
devant le Sous-comité des Services Financiers de la Chambre des
députés des États-Unis, sur les problèmes des compagnies
d'assurance spécialisées, dites « monoligne » [*], de New York. Le
même jour, dans une interview télévisée sur CNBC TV, il a rejeté
la responsabilité de la crise et de ses plus grandes retombées
économiques sur l'administration Bush.
Spitzer a rappelé qu'il y a plusieurs années, le Bureau
du Contrôleur de la Monnaie des États-Unis [NDT : Pour la suite de
cet article nous utiliserons l'abréviation anglaise soit : l'OCC] est
allé en justice pour bloquer les efforts de l'État de New York visant
à enquêter sur l'activité du crédit immobilier des banques
nationales. Spitzer a fait valoir que l'OCC n'a pas mis fin aux prêts
douteux des pratiques commerciales ni fait respecter des normes de
garanties plus élevées.
Lors de l'interview, Spitzer a déclaré, « Cela aurait pu
être évité si l'OCC avait fait son travail. L'OCC n'a rien fait.
L'administration Bush a laissé la bulle immobilière se gonfler et
maintenant qu'elle se dégonfle, nous faisons face aux conséquences.
Le véritable manquement, l'origine, le germe qui s'est répandu a
été le scandale du prêt à haut risque (subprime). » Le marketing
frauduleux et les très faibles taux hypothécaires « aguichants, »
qui ont plus tard fortement enflé, sont des pratiques qui auraient dû
être arrêtées, a-t-il affirmé. « Quand les hypothèques ont été
commercialisées, les marchés avaient l'obligation de s'assurer que
l'emprunteur avait les moyens de rembourser sa dette, » a-t-il dit.
Cette interview télévisée n'était que l'une des fois
où Spitzer rejetait la responsabilité sur les Républicains de Bush.
Le 14 février, Spitzer a publié un article signé dans l'influent
Washington Post, intitulé « Partenaire des délits des prédateurs
prêteurs : Comment l'administration Bush a empêché les États
d'intervenir pour aider le consommateur. »
Cet article, qui jette nettement la responsabilité de
l'expansion de la crise dusubprime sur l'administration [Bush], a été
publié le lendemain de son malencontreux rendez-vous avec la
prostituée à l'hôtel Mayflower. S'agit-il simplement d'une
coïncidence ? Spitzer a écrit : « En 2003, au plus fort de la crise
des prêts prédateurs, l'OCC a invoqué une clause de la Loi sur la
Banque Nationale de 1863 qui anticipe toute législation d'État sur le
prêt prédateur, les rendant ainsi inopérantes. L'OCC a également
promulgué de nouvelles règles empêchant tout État d'imposer ses
propres lois pour protéger le consommateur contre les banques
nationales. »
Dans son article, Spitzer accusait : « Non seulement
l'administration Bush n'a rien fait pour protéger le consommateur,
mais elle s'est embarquée dans une campagne agressive sans précédent
pour empêcher les États de protéger leurs habitants contre les seuls
problèmes sur lesquels le gouvernement fédéral fermait les yeux. »
Spitzer a exactement écrit dans le titre que Bush était le «
Partenaire des délits des prédateurs prêteur. » Spitzer ajoutait
que le Président est un fugitif recherché par la justice. Et Spitzer
était à Washington pour lancer une campagne visant à se battre
contre le régime Bush et les plus grandes puissances financières de
la planète. Spitzer a écrit : « Quand l'Histoire racontera
l'intrigue de la crise des prêts à haut risque, et qu'elle relatera
ses effets dévastateurs sur la vie de tant d'innocents propriétaires,
l'administration Bush ne sera pas jugée favorablement. »
Avec cet article, certains initiés de Washington pensent
que Spitzer a signé son propre arrêt de mort politique.
Original : http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=8376
Traduit au mieux par Dany Quirion et Pétrus Lombard pour Alter Info
* L'assurance monoligne ne relève pas du concept classique
de l'assurance, fondée sur la mutualisation du risque et de
l'appréciation statistique de celui-ci. L'assureur monoligne est en
fait un spécialiste de l'analyse financière qui en fonction de ses
conclusions va accorder une garantie financière. L'assureur monoligne
est un assureur dit à risque zéro, dont l'expertise doit assurer
qu'il a correctement estimé la situation financière de l'émetteur
d'obligation.
Samedi 22 Mars 2008
William Engdahl