SARKOSHOW (après le show)
PARIS (AFP) - Tout en reconnaissant la "déception" des Français et ses propres "erreurs", Nicolas Sarkozy a affiché sa volonté de tenir le cap de la "réforme", jeudi soir à la télévision, face à une majorité mécontente, des sondages en berne et une situation économique dégradée.
Un an après son élection, au cours de l'émission "En direct de l'Elysée" (TF1 et France 2), le chef de l'Etat a fait amende honorable sur plusieurs sujets: "erreur de communication totale" sur le paquet fiscal, "erreur" aussi sur la carte famille nombreuse, "erreur" encore de ne pas avoir sanctionné les "couacs" de ses ministres ("cela ne se reproduira pas"). Il a également admis "une part de responsabilité" dans l'exposition de sa vie privée.
"Qu'il y ait de la déception", "des attentes", "des problèmes", "des difficultés, non seulement je le sais, je l'entends, mais je m'y étais préparé", a-t-il assuré, assis derrière une table au design moderne, dans la salle des fêtes du palais présidentiel transformée en studio.
La vie des Français ne s'est "pas assez" améliorée en un an, a-t-il reconnu.
Toutefois, si le "choc de confiance" promis n'a pas été au rendez-vous, c'est que "la France a eu à faire face à un quadruple choc", a expliqué M. Sarkozy: renchérissement du pétrole, crise des "subprime", flambée de l'euro et des matières premières.
Pour autant, pas question de ralentir. "On a un contexte international difficile, raison de plus pour accélérer les réformes", a-t-il martelé, réfutant les critiques, formulées jusque dans son camp, sur le rythme des chantiers engagés. "J'ai lancé 55 réformes, parce que tout se tient".
Sans annonce retentissante, il a défendu ses réformes, comme la défiscalisation des "heures sup". "Ca marche !"
Pour le pouvoir d'achat, préoccupation majeure des Français, le président a regretté que les prix aient "davantage augmenté en France" que dans la plupart des autres pays d'Europe. Un texte destiné à les faire baisser dans les grandes surfaces sera présenté en juin.
En outre, François Fillon - "un bon Premier ministre" avec lequel il "travaille main dans la main" - déposera un texte "dans les 15 jours" sur l'intéressement.
Quant au Revenu de solidarité active (RSA), il sera généralisé "l'année prochaine", mais "en en maîtrisant les coûts", pour "1 ou 1,5 milliard d'euros".
Un salarié sera "obligé d'accepter un emploi représentant 95% de son salaire au bout de trois mois de chômage".
Le déficit public, qui inquiète la Commission européenne, sera "réduit" à l'horizon 2012, grâce au non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, a promis M. Sarkozy.
En pleine controverse sur les salariés sans-papiers,"r il a exclu toute égularisation globale", qui conduirait "à la catastrophe". Favorable "à titre intellectuel" au vote aux élections locales des non Européens en France depuis 10 ans "sur la base de la réciprocité", il juge qu'il n'y a pas "de majorité" pour cette mesure.
Fermeté sur les retraites, avec la confirmation du passage à 41 ans de cotisations, et fermeté aussi sur l'école: "je maintiens les réformes qui permettront les réductions de postes", à la source de manifestations lycéennes.
En matière de politique étrangère, le chef de l'Etat dit avoir été "choqué
par ce qui s'est passé au Tibet". Mais Paris "essaie de créer les conditions d'un dialogue entre le dalaï lama et les autorités chinoises".
Pour M. Sarkozy, cette émission faisait figure de "grand oral" de rattrapage, après trois mois de sondages calamiteux.
Un an après son élection, à peine plus d'un Français sur quatre estiment que son action va "plutôt dans le bon sens" (CSA).
"L'inquiétude et la colère" des Français "ne sont pas levées", a regretté le porte-parole du PS, Julien Dray.
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