LA VOLONTE DU PRINCE
J'ai vu hier soir beaucoup de journalistes pour un seul homme. Et beaucoup de bruit pour rien. Aucun des journalistes n'avait à disposition les déclarations du candidat Sarkozy sur un éventuel renfort de troupes en Aghanistan pendant la campagne présidentielle. Pas plus qu'ils n'avaient dans leurs mains le discours du Latran où le président remettait explicitement en cause la laïcité. Aucune question qui dérange.
Ce matin, je lis les journaux. On y parle de son nouveau "style" et de son relatif méa culpa. Relatif car s'il reconnait des erreurs de communication, il se refuse à toute critique objective de l'action gouvernementale. Dès lors, je me dis que les médias ne sont pas passifs, ni soumis. Ils cautionnent car ils ne vendront jamais autant, ne feront jamais autant d'audimat que lorsqu'ils vendent de la colère, de la peur, de l'incompréhension. Et donc, plutôt que de nous parler du manque de professionnalisme de leurs confrères, da la réthorique du président qui cache sa misère idéologique, ils débatent sur le nouveau style du président. Pratique. On élude le vrai problème. On parle de la forme et on laisse de côté le fond.
Or rien n'a changé. Discours articulé autours de sophismes et lieux communs. Vision manichéenne du monde avec les gentils et les méchants. Vision biblique serais-je tenté de dire... Si l'on n'envoie pas des troupes en afghanistan, c'est que l'on est pro-taliban et que l'on trouve "qu'au final, Ben Laden, ça n'était pas si mal..."
Sarkozy se postionne entre deux extrêmes qu'il crée de toute pièce. De fait, il passe pour l'homme de bon sens. Son action ne saurait souffrir de contestation car elle est la seule possible. Autour et entre, il n'y a rien. Le néant. Lui est omniscient. Il s'entoure des meilleurs apôtres. Depuis 25 ans, la france est en crise. L'apocalypse approche. Mais surgit le messie. Et peu importe s'il paye pour l'incompétence de ces prédécesseurs qui ont laissé la france s'aventurer sur cette pente vertigineuse.
Il a une mission à mener, il la fera coûte que coûte. Donc les réformes se poursuivront. Car il n'a pas le choix. Le petit Niccolo joue sur l'idée de fatalité et culpabilise le peuple: "Vous préfereriez que je reste à ne rien faire?... Alors laissez moi faire!"
Ce qui doit être fait sera fait et ne pourra être défait.
Hier, je n'ai entendu que des mots creux. Le président affirme de manière péremptoire: "c'est un dossier technique, je ne vais pas parler technique".
C'est justement ce qu'on attend. Je me fous de vos déclarations de grands principes. Je veux pouvoir constater. Je veux pouvoir réfléchir, disposer des éléments qui me permettent de juger de votre action. Je me fiche de vos carresses dans le sens du poil. Mon égo n'a pas besoin d'être flatté, mes peurs n'ont pas besoin d'être alimentées pour me maintenir dans un état léthargique. Responsable, je veux pouvoir participer à la vie de la "chose publique". Je refuse d'être infantilisé. Je ne veux pas m'en remettre à vous sans savoir de quoi il retourne.
Se présenter sur un plateau sans disposer des textes qui constituent le coeur de votre action politique, ça n'est pas responsable. Je veux que vous expliquiez en quoi le parlement sera plus puissant après le vote de la loi sur la réforme des institutions.Je veux, puisque la république n'est qu'une et indivisible, que vous vous justifiez de l'existence d'un système bi-caméral. Je veux que vous expliqiez en direct ce qu'est Monsanto. En quoi le MON810 est-il dangereux? Pourquoi la secrétaire d'état à l'écologie a dû présenter des excuses à Copé & co alors que ce sont eux qui auraient dû présenter des excuses au peuple français pour l'avoir trahi? N'oubliez pas que vous êtes mandatés. Nous sommes votre employeur. Vous nous devez des résultats certes, mais aussi des explications claires, précises et techniques.
Le peuple français est en droit de savoir...
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