LE PORTE-AVION A. LINCOLN FAIT ROUTE VERS LE GOLFE PERSIQUE
Dans le jargon journalistique, cela pourrait très bien s'appeler un scoop long. Il s'agit d'une décision qui pour faire sensation n'est pas pour autant de toute première fraîcheur : le USS Abraham Lincoln, second porte6avion américain, fait vaillamment route vers les eaux du golfe Persique, une réapparition, qui, de l'aveu du secrétaire américain à la Défense, se veut un "rappel", à l'intention de l'Iran. Par un étrange hasard, ce "rappel" tombe à quelques jours d'intervalle d'une autre affaire, impliquant, cette fois, la Syrie, que le Président Bush accuse d'avoir développé un programme nucléaire clandestin, en collaboration étroite avec Pyongyang, et que lui et ses services de renseignements ont eu l'ingénieuse idée de dévoiler au grand jour. Sans être partiaux, reconnaissons que ce nouvel épisode de "la guerre psychologique américano-sioniste" contre l'Iran et ses alliés est plutôt mal ficelé, car voici une RII, consciente de ses devoirs, aussi bien que de ses droits, et qui coopère, depuis plus de cinq ans, et sans relâche, avec l'Agence internationale de l'Energie atomique, une Agence consciencieuse, qui lui rend la pareille, en confirmant, au fil de ses inspections et rapports successifs, le caractère totalement inoffensif de ses activités nucléaires. A cet état de confiance mutuelle et de parfaite entente, ce n'est, ni les manœuvres de diversion du Conseil de sécurité, ni celles de son tuteur américain, qui pourront changer quelque chose. A la Nouvelle Delhi, où l'ébauche d'un important partenariat gazier vient de prendre forme, Ahmadinejad a rappelé, une nouvelle fois, cette réalité que l'Iran islamique ne reculerait devant aucune menace, comme tout Etat souverain qui n'a rien à se rapprocher. Et, à ce propos, l'attitude iranienne est irréprochable: les réglementations, il les respecte dans les détails, les interdits, il s'interdit de les franchir, la transparence, il en a fait un culte. Mais peut-on en dire autant de ces autres donneurs de leçon qui, de Washington à Tel-Aviv, jouent du droit international comme d'un vulgaire objet de distraction et qui le distordent à leur guise, quitte à se comporter en fauteurs étatiques de troubles?