Bayrou met le cap sur les européennes

Publié le par sceptix



Une convention du Modem le matin pour tenter de préempter le thème de l'Europe ; une réunion du Conseil national dans la foulée pour acter l'installation fin septembre des exécutifs régionaux du parti ; une interview sur Europe 1 en fin de journée pour se poser comme le principal opposant à Nicolas Sarkozy. François Bayrou a profité hier de la proximité de la présidence française de l'Union pour mettre le cap sur les élections européennes, dans un an jour pour jour.

Un scrutin de liste, à la proportionnelle (avec « peut-être » l'ancienne juge Eva Joly pour candidate), qui devrait logiquement permettre au Mouvement démocrate, pris dans l'étau droite-gauche aux législatives et aux municipales, de se refaire une santé. En 2004, l'UDF avait obtenu quelque 11,95 % des voix. « Il n'y aura de proposition politique réussie, dans ces élections, que si nous sommes dans une démarche de reconstruction profonde » et non dans la simple « invocation de l'idéal européen », a-t-il plaidé, promettant une liste Modem « autonome » dans toutes les circonscriptions.

Le troisième homme de la dernière présidentielle, qui sait le dossier européen plus fédérateur que les questions économiques pour son électorat hétéroclite, s'est décrit comme « le plus proche héritier » des pères fondateurs de l'Europe, il est vrai, centristes. Et, sans ménager sa peine pour dépeindre une Union européenne « vieillissante », « en état de sous-développement politique » et menacée par la révolution de l'énergie « rare et chère », il a appelé à « repenser » et à « reconstruire » l'Europe, à laquelle il voudrait redonner « un amour de vivre ensemble ». Comment ? François Bayrou n'a formulé hier aucune proposition précise, se contentant de souhaiter des institutions plus transparentes, une « politique partagée », une Europe respectueuse des « identités » et des « valeurs » de la démocratie et des droits de l'homme.

Les terres de gauche

Ce faisant, le leader centriste n'a pas simplement émis le voeux de répondre aux « angoisses » et aux « interrogations » des plus eurosceptiques. Il s'est surtout positionné sur les terres du PS, dont la « course au libéralisme » l'a, a-t-il, « stupéfait ». « L'Europe, ce n'est pas d'abord un marché [...]. La vocation des institutions européennes, ce n'est pas défendre la concurrence, encore la concurrence, exclusivement la concurrence », a-t-il martelé, reprenant une petite musique de la campagne présidentielle.

En parlant « valeurs », François Bayrou a voulu marquer sa différence avec Nicolas Sarkozy, dont il a raillé la loi de modernisation de l'économie et le projet d'Union pour la Méditerranée. Soucieux de ne pas brouiller son message, le leader du Modem a toutefois mis beaucoup d'application à justifier son déplacement au Liban, la veille, avec le président. Une attitude en phase avec sa propre démarche « d'union nationale », a-t-il expliqué, avant d'appeler le chef de l'Etat à « réfléchir » avant d'accueillir à Paris, en juillet, son homologue syrien Bachar el-Assad.

PIERRE-ALAIN FURBURY
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