Les minorités ethniques prises en otage sur leur propre terre en Colombie
Les communautés indigènes Embera et les communautés afro-colombiennes du département du Choco ont du mal à se faire reconnaître par l’Etat colombien. Leurs droits fondamentaux sont bafoués. Voici un témoignage qui montre que la situation ne s’améliore pas pour ces communautés rurales même si 80 % des Colombiens approuvent la politique du président Uribe. Il faut savoir que ceux-ci habitent dans les villes où le conflit armé interne est peu perceptible et la sécurité plus sûre. Selon Isaza et Campos, en Colombie, on dépense aujourd’hui dans la guerre 22,21 billions de pesos [2], soit 6,5 % du Produit intérieur brut (PIB), qui représente le total des revenus du pays. Ce PIB est évalué en 2007 à 351,2 billions de pesos, en sachant que des billions en pesos sont des millions de millions et qu’un million de pesos correspond à environ 500 dollars. Pour la 4e fois, du 23 mai au 9 juin 2007, je suis retourné en Colombie, dans le département du Chocó. J’y allais pour mon ONG « Explorer Humanity » (E.H.) afin de réaliser des reportages. Je tenais aussi à présenter mon livre de photographie coédité avec Amnesty en décembre 2006. Mes clichés photographiques sont la mémoire de ce que j’ai vu et serviront pour des expositions photos, des articles et des conférences. Ceci me permet de mieux témoigner de ce qui se passe dans un pays aussi loin. J’étais venu avec un reporter. En Colombie, Nous avons rencontré des communautés indigènes dans la Cordillère occidentale et des déplacés afro-colombiens et indigènes à Istmina et Quibdó. Le Chocó Vu d’avion, le département du Chocó (un territoire de 46 530 km²), limitrophe du Panama au nord et au sud de l’Equateur, est entièrement constitué d’une immense forêt tropicale humide. La forêt du Chocó est l’endroit où la biodiversité est la plus importante au monde. Il s’agit d’une région stratégique significative, où les intérêts sont différents selon les acteurs armés : exploitation des ressources forestières et minières, cultures intensives (palme africaine), cultures de coca permettant de financer le conflit. Tous les villages sont construits en bordure des fleuves. Quibdó, établi au bord du fleuve Atrato, enclavée dans cette forêt tropicale, est la capitale du Chocó avec 120 000 habitants. L’implication des civils dans le conflit est sans cesse encouragée. Ils sont victimes du blocus économique, des massacres, des disparitions, des prises d’otages, des séquestrations, de l’occupation des écoles et des lieux publics. Les acteurs armés légaux et illégaux (les paramilitaires, forces d’extrême droite et guérillas, forces d’extrême gauche : Farc et ELN) violent ainsi le principe de Distinction du droit international humanitaire. Il s’agit de ne pas toucher ou impliquer les civils dans le conflit armé interne. La fuite, l’expropriation et les violations des droits humains sont le lot quotidien des habitants de la région, otages de ces affrontements. 40 % des personnes vivant actuellement au Chocó ont été déplacées et Quibdó accueille à présent 18 000 victimes du conflit. Les conditions d’hygiène et d’assainissement n’existent pas, les droits à l’alimentation, à l’éducation et à la santé ne sont pas appliqués envers la plupart des habitants et surtout pour les minorités ethniques, tels les indigènes Embera (environ 35 000). Tous ces facteurs ne font qu’aggraver les problèmes sanitaires et humanitaires. Après avoir pris l’avion de Bogota pour Quibdó le samedi 26 mai 2007, le père Jésus Florez Alfonso, dit Chucho, nous attend à l’aéroport. Nous avons juste le temps de poser nos sacs chez lui pour partir à Istmina. C’est pour mettre au point avec le diocèse de cette ville une coordination avec ceux de Quibdó et d’Apartado pour mieux gérer les problèmes provoqués par le conflit auprès des civils. Nous mettons trois heures pour faire 75 km, tant la route est mauvaise et du fait des check points nombreux avec fouilles complètes. Lors du retour, un appel sur son portable va transformer tout notre agenda pour les jours suivants. Chucho nous explique la situation : la communauté Embera du Chocó avait réalisé une action symbolique du 23 au 27 avril 2007 devant le siège du gouverneur du Chocó afin de revendiquer ses droits sociaux et culturels et son droit à l’éducation. Cette action avait mené à la conclusion d’un accord entre les communautés et l’Etat colombien. Cependant, vu le manque de volonté politique visant à l’application de ces accords, les indigènes Embera ont établi un blocus sur les deux seules routes qui rejoignent Quibdó : celles de Medellin et de Pereira. Ce samedi 26 mai 2007, à 7 heures, tandis que les indigènes déjeunaient, les troupes de la brigade mobile anti-émeute (ESMAD) de la police, avec des camions blindés, ont brutalement réprimé les indigènes, ont détruit les campements et brûlé les affaires personnelles, ce qui a provoqué une situation de panique vers le petit village d’Aguita. Après ces violences, les indigènes ont dénombré plusieurs disparus au sein des communautés. Trois enfants seraient apparemment tombés dans le rio San Juan. Les indigènes ont fui les lieux pour se protéger, mais d’autres ont manifesté sur la route près du village de Guarato pour continuer le blocus. L’ESMAD est intervenu à 14 h 30, a lancé des gaz lacrymogènes, chargé et maltraité avec une extrême violence les manifestants. Au total, ce sont 22 personnes qui auraient disparu, dont 14 mineurs et 8 adultes. On a retrouvé plusieurs vêtements et sacs à dos dans la rivière. Les policiers ont détruit des ustensiles de cuisine, des moyens de communication (téléphones et mégaphones). Le même jour, deux promotrices de santé du diocèse, pour sensibiliser les indigènes sur certains problèmes sanitaires ont été mis en détention pendant quatre heures. La police les accusait de faire l’apologie de la rébellion. Nous sommes arrivés sur les lieux où se sont produites les interventions armées des forces de l’ordre. Nous avons assisté au décompte des disparus et vu les affaires personnelles incendiées ou retrouvées dans la rivière et les campements détruits Nous avons accompagné les indigènes dans leurs diverses démarches pour faire reconnaître les disparitions, participer aux diverses rencontres entre eux et la police pour comprendre ce qui s’est passé. A un moment, une femme Embera m’a serré dans ses bras en me remerciant d’être là. Leur douleur était la mienne. Nous étions tous bouleversés par cette violence inexplicable, qui a provoqué des morts. J’étais révolté et impuissant. Des enfants hagards, perdus dans leur cauchemar restaient près de nous, j’essayais de les réconforter. Je leur montrais les photos de mon livre et arrivais à les faire rire un peu, tout en ayant des gestes tendres avec eux. Nous nous sommes inquiétés de la suite à donner pour la reconnaissance de leurs droits à la santé et à l’éducation entre autres droits économiques, sociaux et culturels. Le soir, nous sommes restés dans un petit hôtel, car, Chucho estimait qu’il ne serait pas prudent de rentrer à Quibdó en pleine nuit après ce qui s’est passé. Le lendemain, nous sommes revenus vers les indigènes et les avons accompagnés dans leur réunion et parlementé avec la police de Santa Cecilia. Les camions blindés de l’ESMAD étaient là, garés au bord de la place du village, qui fourmillait de soldats. J’ai pu prendre sans risque des photos pour témoigner de ce que j’ai vu. A ce jour, suite à ces violences disproportionnées, il y a 2 enfants disparus, 3 femmes qui ont avorté et de nombreux blessés. On a retrouvé les autres personnes errantes dans la jungle ou revenues dans leur village après quelques jours. L’autre route qui va sur Medellin Le mardi 29 mai 2007, nous sommes partis pour visiter les diverses communautés indigènes sur la route de Quibdó à Medellin. Au check point de Tutunendo, la police nous affirme que le passage est impossible à cause d’un éboulement sur la route. Nous repartons à Quibdó. Une heure de trajet pour faire 20 km sur une piste défoncée. Nous voyons le père Chucho, qui négocie avec le colonel des Droits de l’homme de l’Armée nationale basée à Quibdó. Il ne devrait pas y avoir de problèmes. Nous repartons de nouveau à Tutunendo et, là, le même discours pour nous dissuader de continuer plus loin. Nous appelons le père Chucho via le poste téléphonique du village et il nous demande d’attendre. Il va rappeler le responsable de l’armée de Quibdó et le colonel des DH. Vingt minutes plus tard, un jeune soldat vient vers nous avec un grand sourire et nous dit qu’il n’y a pas de problème pour continuer notre route vers les communautés indigènes. Le colonel des droits humains a joint directement le responsable militaire du check point afin de nous laisser passer. Mentir ne les gêne pas et ils ont l’aplomb d’une communication qui se veut conciliante, mais ce n’est que du bluff, pour nous empêcher de voir les indigènes. Nous sommes allés directement vers le second lieu du blocus encore effectif. Les forces de l’ordre étaient absentes des lieux, par contre de nombreux postes de contrôle de l’armée étaient établis le long de cette route qui va de Quibdó à Medellin. Arrivé à la communauté 21, 500 personnes nous ont accueillis chaleureusement. Nous y sommes restés trois jours. J’ai rencontré de nombreuses personnes que j’avais déjà vues en 2005, dont le cabildos (le gouverneur indigène). Il ne m’avait pas oublié. Mon livre de photographies sur la Colombie a circulé parmi les membres des communautés Embera, que nous avons rencontrés les jours suivants. Ce livre reste l’exemple du travail de sensibilisation que nous pouvons faire en France pour parler des droits bafoués des civils par les acteurs armés légaux ou illégaux colombiens. Au retour, nous avons visité les communautés El Consuelo, Toldas, la 18 et la 20. Nous avons vu que les écoles et les points de santé sont dans un abandon le plus total. Les indigènes manifestent pour cet état de fait, afin que l’Etat responsable de ces droits les assume et prenne des dispositions afin de ne pas léser ces populations indigènes dans leurs droits à la santé et à l’éducation, entre autres DESC. Istmina et Quibdó : les déplacés Nous sommes allés à Istmina (diocèse voisin de Quibdó) pour voir les conditions de vie des déplacés par le conflit tant chez les Afro-Colombiens que chez les indigènes. Nous avons rencontré la « Commission Vie, Justice et Paix » du diocèse, qui nous a permis de rencontrer divers déplacés par le conflit : soit indigènes, soit afro-colombiens. Leurs conditions de vie sont impensables. Certains vivent dans des caves insalubres de maisons inachevées. A Quibdó, à El Futuro, la municipalité a construit des logements de deux pièces pour des familles de cinq enfants. Ces maisons sont donc inhabitables et se dégradent rapidement. De plus, le HCR avait donné 450 000 euros pour 125 familles, soit 3 600 euros pour une famille afin qu’elle puisse acheter sa maison. Mais tout cet argent n’est jamais arrivé aux déplacés via la municipalité. Ces sommes ont été détournées. La corruption est aussi un des fléaux de la Colombie. En 2006, il y a eu 15 000 déplacements collectifs dans le territoire du diocèse d’Istmina. Par ailleurs, il y a des mégaprojets qui menacent l’intégrité des territoires collectifs des indigènes et des Afro-Colombiens. La monoculture de la palme africaine en est un, tenu par les paramilitaires. Les déplacés savent très bien que cette violence vise à imposer un modèle économique exclusif, un modèle de vie unique. C’est une stratégie contre-insurrectionnelle, appuyée par une politique de la terreur et une dépossession des terres collectives ou individuelles. C’est une mainmise sur les richesses forestières, minières et les ressources agro-alimentaires. Une forme de néo-colonisation du territoire. La guérilla a chassé la population dans les années 1990. Les civils se sont donc entassés dans les villes, mais il reste encore de la population vivant dans leur ville d’origine, qui lutte pour ne pas être obligé de partir. Elle subit la loi de la guérilla. Ou des paramilitaires. Les lois du gouvernement sont inapplicables, du fait aussi de la typographie des lieux trop difficile d’accès. Toutes les communautés indigènes ont d’étroits liens avec la terre de leurs ancêtres dont dépend leur survie culturelle. Dans la région nord-ouest de Chocó, plus de 1 700 indigènes Wounaan ont fui leur territoire traditionnel. Les paramilitaires La Loi de Justice et paix approuvée en juin 2005 fixe à huit ans d’emprisonnement la peine maximale encourue par les chefs des AUC ayant participé au processus de démobilisation. En février 2006, il est prétendu que quelque 31 000 paramilitaires ont déposé les armes et réintégré la société. Ceci devrait rendre le pays moins conflictuel, mais, en 2007, les Nations unies publient un rapport démontrant que les AUC ont tué des centaines de personnes au cours des dernières années, en violation du cessez-le-feu signé par les paramilitaires dans le cadre du processus de démobilisation. Aujourd’hui, de nouveaux groupes émergeants ne restent pas passifs : Águilas Negras, Los Rastrojos ainsi que l’organisation Nueva Generación assassinent de nouveau. Seul le nom change : le paramilitarisme demeure. Ce n’est pas la première fois qu’ils se régénèrent : en 1965 (l’article 25 d’un décret permet la formation de groupes de civils au service de l’armée sous la présidence de Guillermo León Valencia Muñoz), en 1970, le Triple A, Alianza Anticomunista Americana (Alliance anticommuniste américaine), en 1982, le MAS (Muerte a Sacuestradores), en 1994, les CONVIVIR (coopératives rurales de sécurité), en 1997, les AUC (Autodéfenses unies de Colombie). Ces milices d’extrême droite, bras allié de l’armée sont toujours aussi présentes dans le Chocó. Elles sont responsables de 70 % de crimes politiques. En ce moment, la parapolitique bouleverse la vie colombienne. La justice colombienne examine plus de cent cas de collusion présumée entre les paramilitaires et des représentants de l’Etat. La politique de l’État colombien vise l’implantation à la lettre du modèle néo-libéral. A cette fin, les communautés paysannes qui pratiquent l’agriculture de subsistance afin de faire place à de mégaprojets de type agro-industriels (palme africaine, exploitation intensive du bois) sont chassées. L’objectif est de « sécuriser » les régions stratégiques. Pour ce faire, les groupes paramilitaires sont envoyés pour y faire le « ménage » sous prétexte de combattre la guérilla (qui est vrai est là bien présente), puis une fois que des milliers de paysans ont été déplacés, dépossédés de leurs terres et réfugiés dans les villes sans aucune possibilité de survie digne, les grands propriétaires terriens proposent à ces mêmes communautés du travail au sein des méga-plantations mises en place sur ces mêmes terres qu’on leur a volées. Les paysans libres sont transformés en ouvriers de main-d’œuvre bon marchée, en esclaves salariés sur leurs propres terres, au service des grands propriétaires terriens et des compagnies. Le déplacement forcé, l’augmentation de la pauvreté, la malnutrition, la réduction de la production d’aliments, les désastres environnementaux (érosion des sols, pollution de l’eau, disparition de la diversité végétale et animale) sont caractéristiques de ce modèle de développement basé sur les monocultures. En Colombie, le développement des plantations de palmiers à huile se fait sur des territoires collectifs de communautés noires et indigènes, territoires protégés par la constitution nationale de 1991 qui garantit l’inaliénabilité, l’indivisibilité, l’imprescriptibilité des territoires ancestraux des communautés noires et indigènes. En quelques années, les surfaces concernées ont progressé dans tout le pays passant de 170 000 hectares en 2001 à 300 000 hectares aujourd’hui, avec le projet d’atteindre les 6 millions d’hectares d’ici 2015. En mars 2007, le ministre de l’Agriculture a déclaré que la Colombie voulait devenir le premier producteur d’agro-carburant en Amérique latine. Retour à Bogota Le lundi 4 juin 2007, nous étions à l’université Javeriana de Bogota, pour le lancement du livre Droit à l’alimentation et au territoire dans le Pacifique colombien, écrit par Jésus Alfonso Flórez López et Constanza Millán Echeverria. Ce livre se présente comme un rapport alternatif à celui présenté par l’État aux Nations unies pour la période 2000-2005. En novembre 2007, il a été présenté à la commission DESC des Nations unies de Genève. Son objectif est d’illustrer un bilan sur l’accomplissement des Droits économiques sociaux et culturels (DESC), en ce qui concerne le contrôle et la location du territoire et ses implications correspondantes dans le bénéfice du droit à l’alimentation des Communautés résidantes. Le livre présente le contexte sur l’inégalité et l’exclusion dans la région ; il fait une analyse sur les politiques publiques mises en œuvre et l’impact de l’intervention d’acteurs armés, légaux et illégaux, sur le territoire et le droit à l’alimentation ; offre un espace aux organisations ethniques territoriales pour la présentation de ses propositions. Le livre intègre deux éléments dont la correspondance n’est pas évidente : le droit à l’alimentation et au territoire. Le contrôle sur ce dernier pour le développement de monocultures limite le droit au travail et, en conséquence, arrache à la population une de ses principales sources de soutien, l’agriculture, d’autant plus quand la production n’entre pas dans une dynamique d’agriculture vivrière. En conclusion : une réforme de la Constitution colombienne semble indispensable si le département du Chocó veut vivre en paix. Il est impossible d’avancer dans ce contexte actuel, puisqu’il n’y a aucune sécurité alimentaire, aucune santé digne de ce nom (les médicaments sont absents, les soins sont rudimentaires, les centres de soins inadaptés ou délaissés). Au niveau de l’éducation : 14 000 enfants nécessitent un programme éducatif, pas forcément celui promu par l’Etat colombien. Les indigènes revendiquent une éducation qui respecte leur culture ancestrale. Le gouvernement se doit de mettre en place un programme : l’éducation est un droit. Le gouvernement doit reconnaître les droits fondamentaux en faveur des indigènes. L’éducation ne dépend que d’une volonté politique. Par ailleurs, la résurgence des paramilitaires, impliqués dans le narcotrafic, dans la parapolitique, dans les assassinats ciblés des syndicalistes, journalistes, militants des droits humains et des leaders des communautés, complexifie encore plus le conflit ; de même le fait que les Farc ne souhaitent aucun accord humanitaire avec le gouvernement, ni aucune libération des otages décourage la société civile. La voie du gouvernement qui ne veut régler ce conflit que par les armes, non par la négociation, n’arrange rien. Le conflit risque encore de stagner ainsi au détriment des civils qui sont assassinés sans état d’âme, simplement parce que certains revendiquent leurs droits fondamentaux ou veulent tout simplement vivre en paix. Ce séjour de vingt jours ne m’aura pas laissée indemne, mais mon existence est bien paisible comparée à celles des civils colombiens, qui mettent leur vie en péril tous les jours pour des droits que l’on pense définitivement acquis en France... Ce témoignage permet de montrer que les civils résistent, même si le prix à payer devient de plus en plus pesant. Nous ne devons pas les abandonner. Pensons-y. FM Août 2008 Source AGORAVOX : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=43562 |