Que faisons nous en Afghanistan ?
Le Figaro : Les erreurs de la coalition occidentale et l’impéritie de l’administration Karzaï ont poussé les Pachtounes dans les bras des talibans.
Paysage de la route Kaboul Sarobi
les insurgés afghans sont des adversaires sérieux, qui n’opèrent plus seulement dans les lointaines provinces du Sud pachtoune, mais sont maintenant aux portes de Kaboul. (...)
Parwan et Kapissa au nord de la ville, le Laghman et le Loghar à l’est, le Wardak et le Nangarhar au sud ont toutes, petit à petit, basculé du côté de l’insurrection. Les routes sont devenues d’abord dangereuses, puis impraticables. Les insurgés organisant à présent des points de contrôle en plein jour. (...)
Les talibans ont ainsi réussi en quelques années (...) à se remettre à flot politiquement, en se présentant comme des patriotes afghans luttant contre un envahisseur étranger, thème efficace dans ce pays jaloux de son indépendance.
Les bavures de l’aviation de l’Otan, les erreurs et l’impéritie de l’administration de Hamid Karzaï ont fait le reste. Ils disputent à présent les provinces pachtounes du Sud et de l’Est au gouvernement.
Sarobi est le parfait exemple de ce basculement idéologique de provinces entières. Cette région, en majorité pachtoune, est un fief du Hezb-Islami, le parti de Goulbouddine Hekmatyar, l’ancien rival du commandant Massoud.(...)
Les statistiques compilées par les états-majors de l’Otan (...) annoncent la victoire prochaine de l’Otan contre les « terroristes ». La réalité sur le terrain pourrait un jour leur donner un démenti.
En deux mois de présence en Afghanistan, tous les témoignages que j’ai pu recueillir concordent. Quelles que soient les origines et la catégorie sociale de dizaines d’afghans interrogés, l’attitude brutale des militaires américains est désormais l’obstacle numéro 1 à la pacification. Les militaires américains font détester chaque jour un peu plus les occidentaux.
Leur brutalité et leur absence de discernement dans leurs opérations est permanente. Je sais combien mon propos peut paraître excessif et je ne croyais pas un jour pouvoir écrire de tels mots que je croyais réservés aux spécialistes de l’antiaméricanisme dont je me sens si éloigné. Mais je pèse ces mots. La réalité est là, chaque jour un peu plus gravée dans la mémoire des afghans.
Chaque jour, des militaires sous commandement américain tuent des civils. Non pas en dommages collatéraux, comme chaque guerre en cause inévitablement. Mais par nonchalance, peur et bêtise dans les opérations militaires, et incompréhension des réalités politiques.
Ainsi le 6 juillet dans la région de Kandahar. Une information parvient aux américains selon laquelle un insurgé se trouverait dans un village. Une maison est identifiée. Un bombardement décidé. Résultat : 43 femmes et enfants tués, dont la mariée. La maison abritait en effet un mariage. D’insurgé, point. La semaine dernière, deux enfants tués parce que leur père n’avait pas vu les signes que faisaient les soldats de l’OTAN. De tels témoignages sont multiples, quotidiens et connus de tous les acteurs sur le terrain.
Qui sait cet ordre qui interdit absolument aux militaires américains de s’arrêter porter secours à un enfant qu’ils ont renversé le long d’une route ? Même si celui-ci est en danger de mort. Plus quotidiennement encore, il faut avoir vu la vitesse des convois américains en ville et l’agressivité continuelle de leurs soldats à l’égard de la population pour réaliser que ces idiots sont en train de nous faire perdre la bataille des coeurs.
Le texte ci-dessus est signé Philippe Juvin, UMP, Maire de La Garenne-Colombes, Vice-Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine, et réputé proche de Nicolas Sarkozy.
Vous allez entrer dans une guerre, que j’appelle guerre coloniale moderne, contre la plus grande tribu du monde, les Pachtounes.
Cette guerre commence à gagner le Pakistan où il y a 15 millions de Pachtounes. Si vous n’arrétez pas la guerre bientôt, vous allez avoir la guerre en Afghanistan et au Pakistan, une énorme guerre, que l’OTAN ne gagnera jamais. (...)
Les Pachtounes sont complètement écartés du pouvoir en Afghanistan. Les Tadjiks et les Ouzbeks sont avec les américains, comme ils l’étaient avec les russes, contre les Pachtounes.
Il faut faire entrer les Pachtounes dans le processus politique et parler avec les modérés.
La présence des troupes françaises dans cet endroit du monde ne me semble pas décisive.
Le président de la république a pris la décision de rapatrier les forces spéciales... c’est une politique que je poursuivrais.
Si vous regardez l’histoire du monde, aucune armée étrangère n’a réussi dans un pays qui n’était pas le sien. Aucune ! (...) Quelle que soit l’époque, quel que soit le lieu.
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