Banques françaises: après le défi du "subprime", celui de la récession ?
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La première banque du pays, le Crédit Agricole, a publié jeudi un bénéfice d'à peine 76 millions d'euros, en baisse de 94% par rapport au deuxième trimestre 2007. Elle fait moins bien que BNP Paribas qui avait dégagé un profit de 1,5 milliard d'euros (-34%) et que la Société Générale avec 644 millions d'euros (-63%).
Elle a été plombée par sa filiale Calyon, qui a enregistré de nouvelles dépréciations de 1,1 milliard d'euros, portant la facture de la crise des crédits immobiliers américains à risque à 6,5 milliards d'euros depuis l'été 2007.
Ce résultat a été pourtant bien accueilli à la Bourse de Paris qui s'attendait à pire. Le titre Crédit Agricole, qui a perdu 41% depuis le 1er janvier, "apparaît bon marché pour une action qui est maintenant bien capitalisée", ont estimé les analystes de la Deutsche Bank.
La banque verte a réussi en juin à boucler une augmentation de capital de 5,9 milliards d'euros qui lui a permis de renforcer sa solidité financière.
L'action de Natixis baissait au contraire fortement jeudi, après l'annonce par la plus jeune des banques françaises d'une perte nette de 948 millions d'euros au premier semestre.
Ses revenus ont été amputés à hauteur de 1,95 milliard d'euros par la baisse de valeur des produits financiers les plus touchés par la crise, portant la facture totale à 3,9 milliards d'euros.
"Natixis a subi de plein fouet depuis début juin la dégradation soudaine et violente des marchés financiers", a reconnu Dominique Ferrero, directeur général, au cours d'une conférence téléphonique.
La filiale des groupes Banque Populaire et Caisse d'Epargne a entraîné ses maisons mère dans sa chute. Ainsi le bénéfice du Groupe Banque Populaire est divisé par 12 par rapport à l'an dernier, à seulement 94 millions d'euros.
Le Groupe Caisse d'Epargne est, lui, resté bénéficiaire de justesse, voyant son profit divisé par 69 au premier semestre, à 21 millions d'euros.
Les banques françaises, dites "universelles" car elles exercent tous les métiers de la banque et s'adressent à tous les types de clientèle, sont prises entre le marteau de la crise financière et l'enclume de la crise économique.
Alors qu'elles comptaient sur leur banque de détail pour compenser les contre-performances de leur banque d'affaires, le ralentissement économique risque de contrarier la timide sortie de crise qui s'annonce.
Signe de ce ralentissement, à la Société Générale, la production de nouveaux prêts à l'habitat a reculé de 4% sur les six premiers mois de l'année, les autres banques se refusant à communiquer de chiffres.
Quant au crédit à la consommation, bon indicateur du moral des ménages, le Crédit Agricole indique que la production a progressé de 4,4% depuis janvier. Mais la maison mère de Sofinco et Finaref reconnaît que cette croissance est portée "au premier chef" par les implantations à l'international.
Optimiste, le patron du Crédit Agricole, Georges Pauget, voit toutefois dans ce ralentissement l'occasion pour les banques de renouer, paradoxalement, avec la rentabilité. "Il y a un an, nous faisions beaucoup de crédits immobiliers avec des marges négatives. Si nous en faisons moins avec des marges positives, c'est mieux du point de vue de la compétitivité des banques", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse.
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Particulièrement exposée aux produits nocifs du "subprime", Natixis a accusé une perte nette de 948 millions d'euros sur les six premiers mois de l'année, alors qu'elle avait engrangé un bénéfice de 1,56 milliard sur la même période de 2007.
Les revenus de la banque (produit net bancaire, PNB) ont chuté de 63% à 1,55 milliard d'euros au premier semestre.
"Natixis a subi de plein fouet depuis début juin la dégradation soudaine et violente des marchés financiers", a expliqué Dominique Ferrero, directeur général, au cours d'une conférence téléphonique.
La facture de la crise des crédits immobiliers américains à risque ("subprime") s'élève à 1,95 milliard d'euros au premier semestre. Au total, elle aura coûté 3,9 milliards d'euros à la plus jeune des banques françaises, née fin 2006 de la fusion de Natexis et d'Ixis.
Les activités de marché (banque de financement et d'investissement, BFI) sont particulièrement touchées par la crise. La BFI enregistre ainsi une perte de 1,44 milliard et un PNB négatif (-421 millions).
Mais la banque de détail (destinée aux ménages, PME, etc.) n'est pas épargnée, avec un bénéfice en baisse de 30% sur un an. Natixis détient une participation de 20% dans les réseaux Banque Populaire et Caisse d'Epargne qu'il consolide dans ses comptes.
Les réseaux de détail des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne affichent respectivement une baisse de 11% et 36% de leurs profits semestriels.
Natixis entraîne même ses maisons mères (qui détiennent chacune une participation de 35%) dans sa chute.
Ainsi, du fait des mauvaises performances de sa filiale, le bénéfice net du Groupe Banque Populaire est divisé par 12 par rapport à l'an dernier, à seulement 94 millions d'euros.
Le Groupe Caisse d'Epargne est lui resté bénéficiaire de justesse, voyant son profit divisé par 69 au premier semestre à seulement 21 millions d'euros.
Les actionnaires n'en renouvèlent pas moins leur confiance à leur filiale, notamment en réitérant leur intention de participer à son augmentation de capital, d'un montant de 3,7 milliards d'euros, qui doit être approuvée vendredi lors d'une assemblée générale des actionnaires.
Malgré l'opposition de certains actionnaires minoritaires, la direction ne semble pas vouloir faire marche arrière. Elle a refusé de dévoiler les modalités de l'opération, alors que Les Echos de jeudi évoquent une décote de 40% et un prix d'émission des nouvelles actions compris entre 2 et 3 euros.
Natixis avait fait son entrée en Bourse fin 2006 au prix de 19,55 euros par action.
Le directeur général Dominique Ferrero a en outre démenti avoir proposé au fonds souverain singapourien Temasek d'entrer au capital de Natixis, comme l'écrivent Les Echos. Ce fonds est déjà au venu au secours de la banque d'affaires américaine Merrill Lynch, en grandes difficultés à cause de la crise.
La banque française a enfin dévoilé de nouvelles orientations stratégiques, notamment la réduction de son "profil de risque" et un recentrage "sur les métiers les plus porteurs et les moins volatils pour renouer avec une croissance pérenne et rentable", a indiqué M. Ferrero.
"Notre banque est encore très jeune, la crise ne lui a pas donné le temps dont elle avait besoin pour parachever la fusion harmonieuse de ses métiers", a-t-il ajouté.
La banque continue en outre à envisager des cessions d'actifs pour dégager des liquidités.
yahoo actualité - AFP