Jeux dangereux sur les rives de la Mer Noire
L'OTAN nie tout renforcement en mer Noire
Un troisième navire américain attendu en Mer noire «la semaine prochaine»
Mer Noire: un navire de guerre américain attendu à Sébastopol
Jeux dangereux sur les rives de la Mer Noire
++++++
L'OTAN nie tout renforcement en mer Noire
AP | 28.08.2008 | 16:50
L'OTAN a rejeté les accusations russes de renforcement de sa présence navale en mer Noire jeudi. L'Alliance atlantique a déclaré que les quatre bâtiments dépêchés dans cette région participaient à un exercice de routine.
"Il n'y a pas de renforcement naval de l'OTAN dans la mer Noire", a affirmé la porte-parole de l'organisation Carmen Romero. "L'OTAN conduit un exercice de routine décidé de longue date et limité à la partie occidentale de la mer Noire", a-t-elle précisé, "l'exercice n'est pas lié à la crise en Géorgie".
Paris avait déjà fait cette mise au point mercredi, insistant sur le fait qu'"il n'est pas prévu que ces forces" américaines, espagnoles, allemandes et polonaises "se dirigent vers les côtes géorgiennes".
Trois frégates espagnole, allemande et polonaise sont entrées en mer Noire le 21 août, rejointes plus tard par la frégate américaine USS Taylor, pour des exercices au large des côtes de Roumanie et de Bulgarie. Les bâtiments se trouvent dans le port roumain de Constanta, à quelque 900km à l'ouest de la côte géorgienne, et navigueront ensuite vers le Sud jusqu'à Varna, en Bulgarie, avant de quitter la mer Noire.
Mme Romero a précisé que l'OTAN avait obtenu les autorisations pour croiser dans ces eaux en juin et que les vaisseaux y resteraient moins de 21 jours, conformément à la convention de Montreux de 1936 sur le transit en mer Noire.
La Russie avait rapproché cette présence de la venue en Géorgie de deux navires militaires américains chargés d'aide humanitaire, dénonçant le mélange des genres et accusant l'OTAN de se regrouper en mer Noire, en violation avec les accords internationaux. AP
++++++
Un troisième navire américain attendu en Mer noire «la semaine prochaine»
Agence France-Presse
jeudi 28 août 2008
Un troisième navire américain chargé de matériel humanitaire doit arriver en Géorgie «la semaine prochaine», alors que deux autres navires ayant déchargé de l'aide humanitaire dans le port de Batoumi sont toujours en mer Noire, a indiqué jeudi le Pentagone.
«Le USS Mount Whitney», navire amiral de la VIème Flotte américaine, «va s'arrêter dans la baie de Souda (Crète) pour charger du matériel humanitaire, et n'arrivera probablement pas avant la semaine prochaine» en Géorgie, a déclaré un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, sans préciser son port de destination.
Le bateau des garde-côtes américains Dallas «a fini de décharger du matériel humanitaire à Batoumi et est parti», tout comme le destroyer USS McFaul qui a quitté le port mardi, a-t-il précisé.
Ces deux navires se trouvent toujours en mer Noire, a-t-il précisé, en refusant de dire s'ils allaient participer à un exercice naval de l'Otan.
Moscou accuse d'utiliser le prétexte de la livraison d'aide humanitaire à la Géorgie, théâtre d'affrontement armés entre Russes et Géorgiens ces dernières semaines, pour accumuler des forces navales en mer Noire.
L'Otan a rejeté jeudi les accusations de Moscou selon lesquelles elle renforçait sa présence navale en mer Noire.
L'Alliance a expliqué que cinq de ses navires de guerre s'étaient rendus en mer Noire pour des exercices planifiés de longue date au large de la Roumanie et de la Bulgarie, et qu'ils avaient requis dès le mois de juin les autorisations nécessaires pour s'y rendre.
++++++
Mer Noire: un navire de guerre américain attendu à Sébastopol (source)
MOSCOU, 30 août - RIA Novosti. Le Dallas, un navire des gardes côtes des Forces navales américaines, qui surveillait auparavant le port géorgien de Batoumi, devrait arriver le 1er septembre à Sébastopol, sur invitation de l'Ukraine, a indiqué samedi par téléphone une source au sein de l'administration de la ville.
"Le navire fera une escale à Sébastopol le 1er septembre. A 8h00, heure locale (5h00 GMT), le Dallas accostera. Le navire arrivera du port géorgien de Batoumi", a précisé l'interlocuteur de l'agence.
Actuellement, 18 navires de l'OTAN mouillent en mer Noire. Il s'agit de bâtiments des forces navales américaines, espagnoles, allemandes, polonaises et turques.
++++++
Jeux dangereux sur les rives de la Mer Noire
Manlio Dinucci
Edition de jeudi 28 août 2008 de il manifesto
www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/28-Agosto-2008/art37.html
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Le torpilleur lance-missiles McFaul, arrivé dimanche dernier de Crète dans le port géorgien de Batoumi, a terminé le déchargement des 34 tonnes d’ « aides humanitaires » (kits hygiéniques, eaux minérales et autres denrées « offertes par l’ Usaid »), dans le cadre de l’opération dirigée par le Commandement des forces navales Us en Europe, basé à Naples. Mais ensuite le McFaul n’est pas rentré en Crète pour charger d’autres « aides humanitaires », il est resté en Mer Noire : c’est ce qu’a communiqué le commandant Scott Miller, porte-parole de la Sixième Flotte. Ce que fera aussi le garde-côtes Dallas, qui a cependant été dérouté du port de Poti, où il aurait du arriver hier (mercredi 27 août) vers le port de Batoumi. On peut prévoir ainsi que le Mount Whitney aussi, le navire amiral de la Sixième Flotte qui devrait partir dans le courant du mois de Gaeta pour la Géorgie, restera en Mer Noire après avoir déchargé ses « aides humanitaires ».
Ainsi les Etats-Unis pourront disposer en Mer Noire, au bord du territoire russe, de l’unité navale dotée du système de communication et espionnage le plus sophistiqué du monde. Il y a actuellement en Mer Noire 10 navires de guerre étasuniens et de l’Otan, et ce chiffre devrait sous peu monter à 18. On calcule que les navires actuels ont à bord plus de 100 missiles de croisière Tomahawk, dont la moitié est sur le McFaul ; missiles qui peuvent être armés de têtes conventionnelles ou nucléaires. « Pour des raisons de sécurité » l’US Navy ne précise pas si les bateaux transportent des armes nucléaires.
« Le déploiement naval Otan en Mer Moire nous préoccupe » a prévenu hier le général Anatoly Nogovitsyn, chef–adjoint de l’état-major russe, en qualifiant de « diabolique » le plan qui consiste à transporter des aides en Géorgie avec des navires de guerre. Les réactions russes ne sont cependant pas seulement verbales. Le croiseur lance-missiles Moskva, navire amiral de la flotte russe en Mer Noire, a de nouveau levé l’ancre de sa base de Sébastopol en Ukraine, pour aller se positionner face à Sukhumi, chef-lieu de l’Abkhazie, dont le territoire n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres du port géorgien de Poti (c’est probablement pour cette raison et à cause de la présence de check-points russes à l’intérieur et autour même du port , qu’il a été décidé de ne pas faire accoster le Dallas à Poti mais plus au sud, à Batoumi, où par contre les russes ne sont pas présents).
Selon l’agence Reuters, le Moskva devrait aussi accomplir en mer un exercice avec des missiles de croisière (qu’on peut armer de têtes aussi bien conventionnelles que nucléaires) et un test de communication.
La marine étasunienne est aussi en train d’activer son aviation. La base aéronavale de Sigonella a été mobilisée, officiellement, pour l’envoi d’ « aides humanitaires » en Géorgie. Le premier avion est arrivé à destination avec 2.200 kits hygiéniques contenant des peignes, des rasoirs, des brosses à dents, des dentifrices, des serviettes rafraîchissantes et (très important) du papier hygiénique. L’expédition est assurée par le Fleet Logistic Support Squadron 46, transféré en toute hâte, il y a trois semaines, de la base aéronavale de Marietta aux Usa à Sigonella. Cette même unité s’occupe de l’envoi en Géorgie, par un pont aérien depuis l’aéroport (italo-étasunien… NdT) de Pise, des « aides humanitaires provenant de la base (étasunienne en territoire italien, à côté de Pis, NdT) de Camp Darby.
Et, aux côtés de la marine, est aussi arrivé sur le terrain le corps des marines en Europe, qui a envoyé en Géorgie 8.000 lits de camp. Dans un communiqué diffusé hier, on précise que le matériel provient d’un dépôt « prépositionné », contenant des armements et autre matériel militaire, situé dans six cavernes en Norvège centrale. La guerre froide terminée, le dépôt n’a pas été démantelé, il est resté en pleine fonction pour réapprovisionner aussi d’autres commandements de combat, en particulier « pour les opérations de guerre globale contre le terrorisme, menées en Irak et en Afghanistan, et pour des situations comme celle de la Géorgie ». Rien de plus facile, donc, si du dépôt des marines en Norvège, de Camp Darby, de Gaeta et de Sigonella partent pour la Géorgie non seulement des lits de camp et des rouleaux de papier hygiénique mais aussi des armes pour l’armée géorgienne, comme le président russe Medvedev lui-même a déclaré le craindre. Dans sa visite au ministère de la défense à Tbilissi, le général Bantz J. Craddock, qui dirige le commandement européen des forces étasuniennes, a de fait déclaré que les Etats-Unis sont prêts à fournir encore une assistance « pour le développement ultérieur et la modernisation des forces armées géorgiennes ».
La Géorgie reçoit des aides militaires étasuniennes depuis 1997. Par le biais surtout du Georgia Train and Equip Program, lancé en 2002, le Pentagone a transformé les forces armées géorgiennes en une armée qui est de fait sous ses ordres. Un contingent de 2 mille hommes des forces spéciales géorgiennes a été envoyé combattre sous commandement étasunien en Irak, et un autre contingent en Afghanistan. La répétition générale a été effectuée par Immediate Response 2008, la manœuvre à laquelle ont participé des troupes des Usa, Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Arménie, juste avant l’attaque contre l’Ossétie du Sud. Il n’est donc pas crédible que l’attaque se soit passée à l’insu ou contre la volonté de Washington. C’est une action qui a clairement été orchestrée pour, une fois de plus, mettre la Russie devant un fait accompli ou, en cas de forte réaction russe (comme cela s’est passé) pour ouvrir une crise qui permette aux Etats-Unis et à l’Otan de conquérir des positions encore plus à l’est dans la ruée vers l’or noir de la Caspienne.