Pour Bayrou, le PS n'est plus une alternative crédible
François Bayrou et Laurence Parisot à l'université d'été du MEDEF le 29 août dernier. (Marmara / Le Figaro)
Aux universités d'été du MoDem, samedi et dimanche, l'ancien candidat à l'Élysée dévoilera les «axes» de son projet.
Après trois semaines de vacances passées chez lui dans le Béarn, consacrées à sa famille et à l'écriture d'un livre politique, François Bayrou aborde la rentrée avec un large sourire. «Entre l'état du PS et l'État Sarkozy, ça va bien», glisse, félin, le président du Mouvement démocrate (MoDem), dont la première université d'été se tiendra ce week-end près de Saint-Raphaël au cap Esterel.
Sur le Parti socialiste, sa thèse est simple : le PS traverse une crise de fin de cycle. «Aujourd'hui, plus personne au Parti socialiste ne peut dire aux Français que l'avenir c'est le PS. Cette thèse, développée dans les années 1980, est épuisée», estime le troisième homme de la présidentielle de 2007.
Le «spectacle» donné par les socialistes le week-end dernier, autour de la succession de François Hollande, le conforte dans sa certitude d'incarner aujourd'hui «l'alternance» politique à laquelle, aspireraient, selon lui, les Français.
François Bayrou, que certains dans son propre camp jugent parfois trop autocrate, a toujours considéré qu'un parti politique ne peut réellement peser que s'il possède un véritable leader ou une idéologie politique forte. Notant qu'aujourd'hui le PS ne dispose ni de l'un, ni de l'autre, le député du Béarn admet donc sans difficulté que «ce qui [ lui] aurait davantage posé de problème, en termes de concurrence, c'est que le PS ait réglé son problème de leadership». Or, «là, on le voit, la guerre va continuer», observe-t-il.
Toute la difficulté pour le président du MoDem, face à cet espace laissé vacant par un PS replié sur lui-même, est donc de savoir s'opposer tout en apparaissant constructif. Le risque en effet, pour lui, serait de s'enfermer dans un rôle de simple contestataire. Un habit déjà revêtu, sur sa gauche, par le leader de la Ligue communiste révolutionnaire, Olivier Besancenot.
Conscient, donc, que c'est plus sur ses propositions que sur une simple dénonciation de l'action gouvernementale, qu'il sera jugé, François Bayrou révélera ce week-end, à l'occasion de son université d'été, les «grands axes» de son projet pour préparer «une alternative». Jean Peyrelevade, l'ancien patron du Crédit lyonnais et ami de Pierre Mauroy, parlera de l'«économie sociale». Corinne Lepage, ancienne ministre de Juppé, ou encore Jean-Luc Bennahmias, d'écologie. Marielle de Sarnez devrait quant à elle intervenir sur l'Europe, tandis que le général Philippe Morillon parlera de politique internationale. À noter encore la présence de «grands témoins», tels que la juge franco-norvégienne Eva Joly ou encore le journaliste Jean-François Kahn, dont les noms sont cités comme candidats possibles du parti centriste aux européennes de juin prochain.
En attendant d'en dire plus sur son projet, François Bayrou, qui a déjà été deux fois candidat à l'élection suprême, se dit prêt à assumer «la responsabilité de celui qui s'oppose sur le fond».
Ainsi, cet été, il a ouvert «plusieurs fronts». D'abord à propos de l'«affaire Tapie», où, selon lui, le contribuable aurait été abusé. Puis sur le RSA, que «les classes moyennes vont payer». Ou encore, pas plus tard que mardi, à propos de la mise en place du fichier de police Edvige, concernant les personnes ayant exercé un mandat public. Sans oublier les sanctions contre le coordinateur des forces de sécurité en Corse, suite à l'occupation par des nationalistes de la maison de l'acteur Christian Clavier. «Autrefois, nous connaissions le crime de lèse-majesté. Aujourd'hui, nous avons le crime de lèse copain de majesté», dit-il.
» EDITORIAL - PS : le calculs de François Bayrou
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