Petite leçon de géopolitique pour le peuple: Comment on manipule les masses pour mieux les contrôler
par Arno Mansouri pour ReOpenNews
La «guerre contre la terreur» a installé une culture de la peur en Amérique. La référence constante à la «guerre contre la terreur» accomplit un objectif majeur: elle stimule l’émergence d’une culture de la peur. La peur obscurcit l’esprit, accroît l’émotion, et permet à des hommes politiques de mobiliser l’opinion derrière les objectifs qu’ils veulent poursuivre.
Ces paroles pleines de sens, extraites d’une interview donnée par M. Zbigniew Bzrezinski au quotidien The Washington Post, en mars 2007, résonnent avec plus de force encore depuis quelques heures.
Cette rhétorique de la soi-disant “guerre contre la terreur” a été utilisée à l’envi par les néo-conservateurs depuis 7 ans. Cela a parfaitement fonctionné et permis en grande partie la réélection de M. George Bush en 2004 [1]. Et en effet, cela semble fonctionner encore et encore ! Indéfiniment sans doute, si personne n’ose remettre en cause le mythe officiel des attentats islamistes du 11-Septembre.
Regardez:
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envoyé par geanvert38
Et pourtant, ça marche: un premier sondage (Gallup) vient de donner l’avantage au sénateur John Mc Cain qui passe ainsi devant M. Obama ! Pendant ce temps, on apprenait que la chaîne MSNBC remplaçait le trop sensible Keith Olbermann.
Et pendant cela Sarah Palin, la vice-présidente de John Mc Cain, ajoute même que la guerre ne Irak est une "une mission qui vient de dieu".
Sarah Palin - La guerre au nom de Dieu
envoyé par ReOpen911
Bienvenue dans un monde meilleur.
Pour mémoire et réflexion, quelques extraits de l’interview de M. Bzrezinski, ancien conseiller à la Sécurité nationale sous la présidence Carter et maintenant l’un des conseillers du candidat démocrate Barrack Obama :
La «guerre contre la terreur» a installé une culture de la peur en Amérique. Depuis que l’administration Bush a érigé ces trois mots en slogan national après les terribles événements du 11-Septembre, ils ont eu un impact pernicieux sur la démocratie américaine, la psyché américaine, et la réputation des USA dans le monde (…) Cette expression en elle-même est dépourvue de sens. Elle ne décrit ni la géographie du combat, ni nos ennemis présumés. Le terrorisme n’est pas un ennemi, mais une technique guerrière (…)
La référence constante à la «guerre contre la terreur» accomplit un objectif majeur. Elle stimule l’émergence d’une culture de la peur. La peur obscurcit l’esprit, accroît l’émotion, et permet à des hommes politiques démagogiques de mobiliser l’opinion derrière les objectifs qu’ils veulent poursuivre. (…) Le soutien au Président Bush lors de l’élection de 2004 a également été obtenu à cause de l’idée qu’une «nation en guerre» ne change pas de commandant en chef au milieu du gué. Le sentiment d’un danger diffus mais indéfinissable a donc été utilisé à des fins politiciennes en insistant sur un «état de guerre», galvanisant. (…)
C’est le résultat de cinq ans d’un quasi-continu lavage de cerveau sur la question du terrorisme (…)
Une telle instrumentalisation de la peur, renforcée par les entreprises du secteur de la sécurité, les mass médias et l’industrie du spectacle, génère sa propre justification. Ceux qui tirent leurs revenus de la terreur, habituellement nommés experts en terrorisme, sont évidemment engagés dans une compétition pour justifier leur existence. De ce fait, leur tâche consiste à convaincre l’opinion qu’elle fait face à de nouvelles menaces. Cela rend encore plus valorisantes les présentations de scénarios crédibles d’actes de violences toujours plus horribles (…)
Tous les échelons du gouvernement ont contribué à stimuler cette paranoïa. Pensez par exemple aux panneaux d’affichages lumineux sur les autoroutes qui invitent les automobilistes à «Signaler toute activité suspecte» (des conducteurs en turbans ?). Certains médias ont apporté leur propre contribution. Les TV du câble et certains journaux se sont aperçus que les scénarios catastrophes d’attaques terroristes créent de l’audience, tandis que la présence d’« experts » et « consultants » en terreur fournit un gage de sérieux aux visions apocalyptiques qu’ils dispensent au public américain. Il en va également ainsi avec la prolifération de programmes TV où le rôle du méchant est tenu par un terroriste barbu. L’effet produit renforce le sentiment d’un danger indéfini mais latent qui est censé menacer de plus en plus la vie de tous les Américains.
L’industrie du spectacle s’est aussi saisie du sujet. Les films et les séries TV dans lesquels les personnages de méchants ont les traits reconnaissables d’Arabes, parfois soulignés par leurs pratiques religieuses, exploitent l’anxiété des spectateurs et stimulent l’islamophobie. Les stéréotypes physiques attribués aux Arabes, tout particulièrement dans les dessins humoristiques de presse, ont été bien souvent traités d’une manière qui évoque douloureusement les campagnes antisémites de l’époque nazie. [2] (…)
La situation est encore plus préoccupante dans le domaine des libertés. La culture de la peur a donné naissance à l’intolérance, au soupçon à l’égard des étrangers, et a conduit à l’adoption de lois qui compromettent des notions fondamentales du droit. La présomption d’innocence a été affaiblie - sinon bafouée - quand certains - y compris des citoyens états-uniens - sont incarcérés durant de longues périodes sans pouvoir faire valoir leur droit à un procès qui soit tenu rapidement et équitablement. Il n’y aucune preuve connue ou tangible que de tels excès aient permis de prévenir quelqu’acte de terrorisme, et les condamnations de tentatives terroristes ont été fort peu nombreuses. Un jour prochain les Américains auront honte de cette époque où pour la première fois dans l’histoire des USA la panique ressentie par le plus grand nombre aura provoqué l’intolérance contre la minorité. (…)
M. Zbigniew Brzezinski dans The Washington Post du 25 mars 2007.
http://www.reopen911.info/News/2008/09/09/petite-lecon-de-geopolitique-pour-le-peuple-comment-on-manipule-les-masses-pour-mieux-les-controler/