Cinq jours qui ont ébranlé la finance mondiale

Publié le par sceptix

De la chute de Lehman Brothers au rachat de Merrill Lynch, de la nationalisation d'AIG au plan d'aide aux banques, revivez la semaine folle de la planète finance.

Lundi 15 septembre. Lehman coulé, Merrill touché: dans la nuit sont annoncés, en une demi-heure, la mise en faillite imminente de Lehman Brothers et la vente de Merrill Lynch à Bank of America pour 50 milliards de dollars. On évoque également une cure d'amaigrissement de l'assureur AIG, afin de rassurer les marchés. Avec Lehman, l'Etat américain refuse en tout cas de voler au secours d'une banque comme il l'avait fait pour Bear Stearns en mars: interviewé par Challenges.fr, le P-DG de Cogefi Gestion, Guillaume Jonchères, y voit une volonté de dire "débrouillez-vous" au marché. Très vite après ces annonces, les réactions se multiplient: les politiques tentent de rassurer l'opinion ; les banques centrales commencent à injecter des liquidités ; les banques, elles, détaillent leur exposition aux activités de Lehman Brothers. Challenges.fr révèle d'ailleurs qu'Axa est en réalité le premier actionnaire de la banque, avec 7,25% du capital. Les Bourses, elles, plongent, Paris connaissant sa quatrième pire journée de l'année. Théories de la nouvelle star des marchés, Nouriel Roubini, à l'appui on commence à s'interroger sur les prochains "dominos" de la crise : Goldman Sachs ? Morgan Stanley ?
Sur les marchés : Paris -3,78%, Londres -3,92%, Francfort -2,74%, New York -4,42%, Tokyo fermée pour cause de jour férié.

Mardi 16 septembre. Relative accalmie avant la tempête : AIG est au bord du dépôt de bilan, mais les marchés européens limitent leur baisse et Wall Street rebondit. La Fed décide donc de maintenir ses taux directeurs. Pendant ce temps-là, la consternation règne au siège parisien de Lehman Brothers, où les salariés ont reçu pour ordre de ne pas parler à la presse. Au Medef aussi, où Laurence Parisot craint un fort impact de la crise financière sur l'économie. Aux Etats-Unis, les deux candidats réagissent à la crise : John McCain appelle à une réforme de Wall Street, Barack Obama à une intervention de l'Etat.
Sur les marchés : Paris -1,96%, Londres -3,43%, Francfort -1,63%, New York +1,30%, Tokyo -4,95%.

Mercredi 17 septembre. AIG rejoint le cimetière des éléphants. L'Etat américain devient
propriétaire à 80% de l'assureur, à qui la Fed accorde un prêt de 85 milliards de dollars. Comme l'explique le président du Cercle des économistes, Jean-Hervé Lorenzi, à Challenges.fr, l'assureur était "too big to fail", trop gros pour faire faillite. Lehman Brothers, elle, est à vendre à la découpe : Barclays achète la majeure partie des activités américaines du groupe, et le cabinet PriceWaterhouseCoopers annonce avoir reçu des marques d'intérêt pour les activités britanniques. Alors que les Bourses replongent et que le FMI s'inquiète pour la croissance, le monde, lui, s'interroge : où sont passés les fonds souverains, grands amateurs de recapitalisations de banques ?
Sur les marchés : Paris -2,14%, Londres -2,25%, Francfort -1,75%, New York -4,06%, Tokyo +1,21%.

Jeudi 18 septembre. A qui le tour? Parmi les "candidats" à la chute se détachent Morgan Stanley (qui pourrait opérer un
rapprochement avec Wachovia) et la banque de Seattle Washington Mutual. La britannique HBOS, elle, se sauve en se faisant racheter par Lloyds. Avec quatre jours de baisse consécutive, la Bourse de Paris tombe elle sous les 4.000 points à la clôture, à son plus bas niveau depuis trois ans. Interrogé par Challenges, l'économiste Patrick Artus estime que le rebond économique pourrait venir de la Chine, alors que la classe politique s'interroge sur le silence de Nicolas Sarkozy. Une des rares bonnes nouvelles du jour vient finalement des Etats-Unis, où McCain et Obama s'écharpent à coups de clips : le milliardaire Warren Buffett se lance dans le rachat du groupe d'énergie Constellation.
Sur les marchés : Paris -1,06%, Londres -0,66%, Francfort +0,04%, New York +3,86%, Tokyo -2,22%.

Vendredi 19 septembre. Vers la sortie de crise? Alors que, dans Le Monde, George Soros dit
craindre un éclatement du système financier, les marchés repartent massivement suite à l'annonce d'un plan d'aide publique pour les banques aux Etats-Unis, inspiré de celui qui avait aidé à résoudre la crise des caisses d'épargne de 1989. Le CAC 40 enregistre même la plus forte progression de son histoire : +9,27% ! La banque allemande KfW est elle clouée au pilori par la presse après la révélation d'un virement par erreur à Lehman Brothers juste avant la faillite, tandis que, une fois de plus, la crise s'invite dans la campagne présidentielle américaine: John McCain réclame le renvoi du président de la SEC (institution qui s'attaque à la pratique de la vente à découvert), et est démenti par l'administration Bush puis moqué par Barack Obama.
Sur les marchés : Paris +9,27%, Londres +8,84%, Francfort +5,56%, New York +3,86%, Tokyo +3,76%.


par Jean-Marie Pottier, journaliste à Challenges.fr.
Cinq jours qui ont ébranlé la finance mondiale

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