Défaite pour le mensonge assermenté

Publié le par sceptix

Le sous-préfet prétendait que la mère d’un lycéen l’avait traité de "facho" et l’attaquait pour "outrage". Mais il invoquait le témoignage de son chauffeur qui s’est avéré ne pas être présent au moment des faits ! Verdict : relaxe. C’était le 4 septembre. Tout récemment, une deuxième affaire mettait aux prises un citoyen avec la parole des autorités : Rodolphe Juge, professeur stagiaire qui encadrait une manifestation de lycéens, s’était vu accusé par deux policiers d’avoir jeté un caillou sur les forces de l’ordre (récit à lire ici). L’affaire s’est jugée mercredi dernier pour un résultat identique : la relaxe. Une dépêche AFP rapporte le déroulement de l’audience : "Le président du tribunal a prononcé la relaxe à l’issue d’un très court délibéré, alors que le procureur Jean-Pierre Bernard avait lui aussi requis la relaxe en mettant en avant l’absence d’éléments caractérisant l’infraction. "Il n’y a absolument rien dans le dossier qui puisse démontrer la matérialité des faits, comme l’a relevé monsieur le procureur", a plaidé l’avocate de M. Juge, Me Agnès Cittadini. L’enseignant-stagiaire était accusé d’avoir jeté des pierres sur des membres des forces de l’ordre, lors d’une manifestation de lycéens contre les suppressions de postes et les réformes du gouvernement dans l’éducation. "Cette imputation ne me semble pas très claire dans cette procédure" et l’interpellation est "un point encore moins clair", a déclaré le procureur. "Les deux policiers qui se présentent comme victimes ne sont pas venus à notre audience", a-t-il ensuite relevé". Même son de cloche dans le compte-rendu du Parisien, citant la conclusion du procureur : "Il est question de projectiles, où sont-ils ? La procédure est assez brève et le contenu assez mince". "Lors de sa plaidoirie, il a démonté point par point les accusations portées par deux policiers, qualifiant l’enquête de "succincte" et les affirmations des policiers "d’originales", complète la CGT Éduc’Action, syndicat dont le jeune professeur est adhérent. Une fois de plus les deux policiers concernés et leurs représentants étaient absents du procès. Au bout du compte, il n’y a que le Recteur de l’académie de Créteil qui, en évinçant Rodolphe Juge de ses fonctions dans l’attente du jugement, n’a pas cru à l’innocence de notre collègue ! Nous regrettons une fois de plus la présomption de culpabilité qui a conduit le Recteur à suspendre notre collègue. Nous interpellons directement le Recteur de l’académie de Créteil pour qu’il intervienne rapidement en faveur de Rodolphe Juge pour le rétablir dans tous ses droits et réparer les préjudices causés." L’enseignant est en effet suspendu depuis quatre mois, mais le verdict du procès éclaircit son horizon : "Normalement, ma titularisation se passera lors d’une commission en décembre, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas accepté", a-t-il déclaré à la sortie du tribunal.

Bien sûr, il convient de se réjouir que le coup du mensonge assermenté n’aie, cette fois, pas fonctionné. Mais il faudrait aller plus loin. Citons la conclusion de la dépêche AFP, donnant encore la parole au syndicaliste blanchi : "Le fait de pouvoir charger quelqu’un et de menacer sa carrière professionnelle, en toute impunité, me paraît choquant", a-t-il dit à l’issue du jugement, en référence aux procès-verbaux policiers le mettant en cause. "Il est extrêmement choquant de porter des accusations infondées sans être inquiété", a aussi réagi à l’issue de l’audience Pablo Krasnopolsky, enseignant et syndicaliste CGT qui a témoigné au procès en faveur de M. Juge." Faux témoignage, dénonciation calomnieuse et abus de pouvoir (Rodolphe Juge a été placé en garde à vue alors qu’il n’avait rien fait) : pourquoi ne pas poursuivre les policiers menteurs ? Peut-être alors leurs collègues hésiteraient-ils à deux fois avant de lancer des procédures basées sur des calomnies.

http://www.plumedepresse.com/spip.php?article986

Publié dans justice & police

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