Une force pour contrôler le pétrole et tout le reste
Mais les œuvres de bienfaisance ne manquent pas non plus : en juillet dernier des militaires étasuniens sont partis d’Aviano pour le Mali, pour, officiellement, apporter des vêtements, des chaussures et des jouets à un orphelinat de Bamako.
Edition de jeudi 2 octobre 2008 de il manifesto http://abbonati.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/02-Ottobre-2008/art45.php3 Le général William « Kip » Ward, est à la tête de l'Africom.(Photo : Africom) Avec la naissance du Commandement Africa (Africom), c’est la planisphère géo-stratégique du Pentagone qui a changé depuis hier (mercredi 1er octobre, NDT): les commandements unifiés, dont les « aires de responsabilité » couvrent le monde entier, passent donc de cinq à six. L’aire de responsabilité de l’AfriCom embrasse quasiment tout le continent, sauf l’Egypte. Jusque là l’Afrique était divisée entre un Commandement européen, un Commandement du Pacifique, et un Commandement central (qui avait dans son « aire de reponsabilité » en plus du Moyen-Orient, la Corne d’Afrique, le Soudan et l’Egypte). De ces trois commandements, l’AfriCom a hérité des 134 « missions » que les Usa sont en train de mener en Afrique. Ce sera désormais l’AfriCom qui les conduira. A la veille de la constitution de l’AfriCom, le vice secrétaire de la défense pour les Affaires africaines, Theresa Whelan, a nié que la création du nouveau commandement signifia une militarisation de la politique extérieure étasunienne. « Il y a beaucoup de malentendus et interprétations erronées » a renchéri l’amiral Robert Moeller, vice-commandant des opérations militaires de l’AfriCom, en garantissant qu’il n’entre pas dans les plans du nouveau commandement d’installer des bases et de déployer des milliers de soldats étasuniens en Afrique. Le but déclaré de l’AfriCom est de « développer chez nos partenaires la capacité d’affronter les défis pour la sécurité de l’Afrique ». Du coup, depuis qu’il a commencé à opérer en octobre 2007 en tant que sous commandant de la direction européenne, l’AfriCom s’est concentré sur l’entraînement de militaires africains, surtout en Afrique occidentale. Il se déroule dans le cadre de l’opération « Africa Partnership Station », qui prévoit le déploiement permanent de navires de guerre le long des côtes de l’Afrique occidentale, avec à son bord du personnel militaire venant aussi d’autres pays (jusqu’à présent Grande-Bretagne, France, Allemagne et Portugal). En juillet dernier s’est déroulée au Nigeria la manœuvre militaire « Africa Endeavor », à laquelle, sous commandement du général de l’US Air Force, David A. Cotton, ont participé 21 pays africains : Nigeria, Benin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap Vert, Tchad, Gabon, Gambie, Ghana, Kenya, Lesotho, Malawi, Mali, Namibie, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Ouganda et Zambie. Plus de 200 militaires de ces pays ont été entraînés à l’utilisation du C3IS, le système étasunien de commande, contrôle, communications et informations, de façon à rendre possible « l’intégration et l’interopérabilité » entre les forces armées des pays participants. Au Ghana, une escadre de techniciens, envoyée par le commandement de Naples des forces navales Usa, a effectué une prospection hydrographique du port de Tema dans le cadre d’un programme destiné à « améliorer la sécurité maritime dans tout le golfe de Guinée ». L’importance de cette région ressort d’un communiqué de la marine Usa : « 15% du pétrole importé par les Etats-Unis provient du Golfe de Guinée, région riche aussi d’autres ressources : notre but est donc d’établir un milieu maritime sûr pour permettre à ces ressources de rejoindre le marché ». D’ici 2015, cette région fournira 25% du pétrole importé par les USA. Les intérêts en jeu sont énormes : au Nigeria, grand producteur pétrolifère de l’Afrique, 95% de la production est aux mains de quelques multinationales, parmi lesquelles Shell qui en contrôle plus de la moitié. La même chose se passe au Tchad dont le pétrole, exporté à travers un oléoduc qui traverse le Cameroun, est contrôlé par un consortium international chapeauté par Exxon mobil. Une telle domination est cependant à présent mise en péril par la rébellion des populations et par la concurrence chinoise. | |
Manlio Dinucci est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de Manlio Dinucci publiés par Mondialisation.ca |