Correa gagne et prévient : « La dette extérieure est illégitime ».
En Equateur au contraire, Rafael Correa a gagné un référendum qui portait autant sur la nouvelle Constitution que sur lui : la nouvelle charte fondamentale a obtenu 65% des suffrages, les non sont restés d’un poil sous la barre des 30%. Ça c’est soldé par un 50-50 jusque dans la forteresse de l’opposition, à Guayaquil, la deuxième et la plus riche ville du pays, fief du leader du front anti-Correa, le maire Jaime Nebot. Vidés les vieux partis (huit présidents en dix ans, les derniers chassés par la fureur populaire), dans l’opposition se trouvaient : les églises, les évangéliques et la catholique de l’archevêque Opus Dei Antonio Arregui, opposition officiellement épouvantée par la reconnaissance des couples homosexuels et par le risque de légalisation de l’avortement. Il y avait aussi les leaders des entrepreneurs qui ont peur de la méfiance des marchés face aux « plans quadriennaux » que la nouvelle Constitution assigne au gouvernement. On y trouve aussi les ex mega-riches du groupe Filabanco, que Correa a nationalisé après une énorme faillite. Mais ils ont perdu, et cette fois pas de cassure verticale du pays : le président, avec peut-être quelque excès de modération, a battu aussi la campagne de haine que l’opposition a essayé de monter.
Les problèmes, s’il y en a, sont à sa gauche. Il a donné l’avis d’expulsion à la base étasunienne de Manta, il a refinancé l’aide publique en augmentant (plus de 143% par an) les dépenses de l’Etat, il a lancé des programmes environnementaux ; mais il a aussi des ambitions explicites pour le secteur minier et le business-friendly (cadre favorable aux affaires) ; il a rompu avec l’homme des mouvements sociaux au gouvernement, Alberto Acosta, et, plus récemment, avec sa propre porte-parole, Monica Chuij, qui a quitté l’Allianza Pais – le mouvement de Correa- pour se rallier aux Conaie, la centrale politique indigène dont le leader Marlon Santi a convoqué un sommet des mouvements à Cuenca, pour déclarer la guerre aux mines.
Mais l’ampleur du succès pourrait suffire au président, qui cherche la réélection (avec la nouvelle Constitution il peut le faire : élections probables début 2009 et quatre probables années de mandat, plus quatre autres en 2013) ; et ses déclarations ont été claires. « Nous garantirons la liberté d’entreprise », mais en ajoutant que les royalties provenant des 8% payés par les entreprises minières étrangères sont « absolument inadéquates », et que sur les prochains contrats, « seront appliqués des royalties à 80% ». Quant à la dette extérieure, Correa a clairement dit qu’ « il est possible qu’une partie de celle ci soit considérée comme illégale et donc à ne pas payer » ; et que si l’Etat se trouvait à court il ne ferait pas de coupes dans les programmes sociaux mais sur le remboursement de ses bons. La dette de l’Equateur est d’environ 10 milliards de dollars, suffisante pour étrangler une nation de 13 millions d’habitants, mais soixante fois moins que le crack de Lehman Brothers et de beaucoup d’autres que le gouvernement des Etats-Unis s’apprête à assainir allègrement (assainissement et allégresse à suivre… NDT)
Edition de mardi 30 septembre de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/oggi/art4...
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
(1) Sur Rafael Correa voir aussi :
La Communauté andine et l’Union européenne
Lettre de Rafael Correa, président de l’Équateur, à l’Union européenne
http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7192