Crise financière ou guerre secrète ?
Curieusement l’une des questions et l’analyse de Monsieur Belkhayate sur des possibles causes profondes de cette crise, a complètement disparu sur le site du Capital ?! Cependant, Capital a pris le soin de laisser un lien vers le site de Belkhayate (indiqué plus haut) où l’on peut lire le suivant :
Capital.fr : Qu’est ce qui vous fait penser que la chute n’est pas terminée ?
Mostafa Belkhayate : Lorsqu’il y a un crime, cherchons le coupable du coté de celui qui en profite. Washington a résolu en moins d’une semaine le grave problème des créances américaines : en faisant croire que Freddie Mac et Fannie Mae, deux organismes américains de financement, risquaient la faillite, les financiers yankee ont coupé l’herbe sous les pieds des chinois, qui possèdent près de 400 milliards de dollars d’obligations émises par ces institutions. Ces dernières, aujourd’hui loin de leur valeur initiale, ne peuvent plus être revendues. Tous ceux qui pourraient en acheter en ont déjà ; les japonais, les européens, les russes, les arabes,… Voilà comment on peut dissoudre des milliers de milliards de dollars de dette. Pour moi, c’est la seule explication du sacrifice de Lehman Brothers. C’est ingénieux, d’autant plus que Washington a manipulé le prix du pétrole à la hausse à partir d’avril 2008 pour "offrir" sur un plateau venimeux un maximum d’obligations aux arabes, qui leur ont toujours fait une confiance aveugle. Une fois le plein fait, on lâche le pétrole et les obligations. Le mécanisme a parfaitement marché puisque aujourd’hui les créanciers amis de l’Amérique n’ont que du papier sans valeur entre les mains. Voilà la vraie guerre ! Sauf qu’il me semble qu’on ait sous-estimé la réaction de "ces amis". Leur réaction sera violente, foudroyante…car ils ne vont pas se laisser faire. La crise boursière ne fait que commencer. On va assister à une attaque en règle sur le billet vert…
Qu’est-ce qui se passe vraiment ? Le spectacle auquel on assiste, s’agit-il simplement d’une machinerie trop complexe devenue folle et qu’on ne contrôle plus. Un gros machin qui échappe à la compréhension des contribuables heureux que nous sommes, et qui risque d’exploser et faire beaucoup de dégâts ? Ou est-ce qu’il y a des malins qui appuient sur les boutons et tirent sur les manettes les ficelles, qui se croient trop rusés pour tout contrôler et qui se fichent si cela peut faire tomber le ciel sur nos têtes ?
Est-ce seulement une crise financière, ou bien, comme certaines voix commencent à se faire entendre, comme le montre l’article suivant, une guerre économique secrète ?
L’Arabie Saoudite : La crise financière est une guerre secrète
Mohammad Djamal Arafah
Le 26 octobre 2008
Le souverain saoudien, le roi Abdullah Ben Abdelaziz a indiqué que la crise financière que subissent les marchés financiers internationaux aurait pu être planifiée afin de faire saigner les pays du Golfe, en la décrivant comme une « guerre secrète ».
Dans son discours lors de sa réception du ministre de la culture et de l’information, Iyad Ben Amîn Madani, d’un certain nombre de responsables ministériels du secteur de la presse, et des rédacteurs en chef des journaux et des magazines saoudiens, ce samedi 25 octobre 2008, le roi Abdullah a déclaré : « Je crois que le monde subit maintenant une guerre secrète, une guerre économique. Vous devez prendre cela en considération, ainsi que l’intérêt de la religion et de la patrie et non pas l’intérêt de quelques individus, car l’économie est la base de toute chose ».
Aussi, le souverain saoudien a insisté, durant sa réception des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales dans les états du Conseil de Coopération du Golfe, que le Golfe poursuivait sa marche mais qu’il était visé.
Il a expliqué dans un discours transmis par l’agence officielle saoudienne : « Vos pays sont une cible visée pour ébranler ce bienfait (la richesse et la stabilité, Ndt), que nous devons apprécier et respecter, nous devons entretenir, et nous devons protéger sans précipitation, sans faux nationalisme et sans ostentation inutile. Nous voulons que chacun mette devant ses yeux la crainte du Seigneur, la reconnaissance qui lui est due, et l’intérêt de la nation. C’est ce que nous voulons ».
Le souverain saoudien a dévoilé qu’il allait bientôt se rendre aux Etats-Unis, mais il n’a pas précisé s’il allait aborder la crise financière pendant cette visite. Il a déclaré : « Je me rends aux Etats-Unis pour y participer au dialogue interreligieux en cours actuellement ».
Crise ou complot ?
Les experts économiques sont d’accord que la cause principale qui a déclenché l’actuelle crise financière est le fait que plusieurs banques EU ont vendu des produits d’emprunt obligataire garantis par les hypothèques des crédits immobiliers et des polices d’assurance, pour des centaines de millions de dollars, à différentes banques partout dans le monde, avant qu’on se rende compte que ces produits étaient sans valeur, ce qui a provoqué la crise des crédits hypothécaires.
Mais quelques hommes politiques arabes pensent qu’il se pourrait que la crise vise les investissements de quelques états, ce qu’on appelle les « fonds souverains », dans les institutions financières EU qui viennent de s’effondrer.
Ce groupe croit que la crise financière aux Etats-Unis, et qui a entrainé la chute des bourses internationales, serait organisée dans le cadre d’un plan occidental pour frapper les fortunes arabes pétrolières, et pour mettre la main sur les profits gagnés par les Arabes aux dépens de l’Occident sous forme des recettes pétrolières, suite à la hausse importante des cours du pétrole récemment.
Les partisans de cet avis avancent pour preuve deux rapports stratégiques EU publiés en juin 2008, soit avant la crise, qui mettent en garde contre l’influence des fonds souverains arabes, contrôlés principalement par l’argent du Golfe, le fruit du pétrole, sur l’économie EU et occidentale.
Ces deux rapports mettent aussi en garde contre une future réorientation du gouvernail de la politique internationale sous l’effet de cette influence économique au service des intérêts arabes, si ces états pétroliers le voulaient.
Le premier des deux rapports est celui de Richard Haass, l’ex directeur de la planification au département d’état EU, et qui a été publié dans le numéro de mai/juin du magazine Foreign Affairs (« The Age of Nonpolarity », Ndt). Dans cet article, il parle de l’importance croissante de ces fonds et de leurs possessions, ce qui leur permet de contrôler le système financier EU et de devenir des moyens de pression politique.
L’autre rapport signé Daniel Drezner, professeur assistant des politiques internationales à l’école Fletcher, université de Tufts aux Etats-Unis, était publié dans le numéro mai/juin du magazine The American sous le titre « The Sovereigns Are Coming ». Il y souligne que le temps de la domination de ces fonds souverains s’approche (un tableau fourni dans l’article donne un total de 1425 milliards de dollars pour seulement l’Emirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite et le Koweït. D’autres avancent un chiffre entre 3000 et 4000 milliards de dollars pour les pays arabes du Moyen Orient, voir « Le nouvel âge d’or des fonds souverains au Moyen Orient », Ndt).
Un article publié le 15 septembre 2008 par le journal International Herald Tribune (« The rising danger of high oil prices », Ndt), met en garde contre l’accumulation des milliards de pétrodollars dans le Golfe et contre les fonds souverains de ses pays, et il appelle à développer une « nouvelle stratégie » pour affronter ces fonds arabes fruits du pétrole.
L’article est signé Henri Kissinger, l’ex-secrétaire d’état EU, et Martin Feldstein, professeur d’économie à l’université de Harvard et ex-conseiller économique en chef du président Ronald Reagan (voir à propos de leur article l’intéressante analyse : Henri Kissinger, l’ « israélisation » de la raison, les Fonds souverains, le Fond de Zakat et l’épouvantail « islamiste », Ndt).
Mise en faillite « volontaire »
Après le déclenchement de la crise, différents rapports circulaient sur les sites web arabes à propos de l’existence d’un plan EU bien organisé dont l’objectif est de mettre en « faillite volontaire » quelques banques et entreprises EU, notamment celles avec beaucoup d’investissements d’argent arabe et asiatique, afin d’avaler ces fortunes.
Les partisans de cette thèse affirment que ce plan a été organisé pour mettre la main sur les fonds souverains arabes que les gouvernements investissent dans les banques, les institutions et autres entreprises industrielles EU.
Ces rapports ajoutent que ces effondrements « provoquées » de quelques banques et entreprises, visent non seulement plus d’un trillion (mille milliards, Ndt) de dollars – selon des estimations non officielles – des fonds souverains arabes, mais aussi environ deux trillions et demi supplémentaires des fonds souverains asiatique ou d’Amérique latine, pour des états comme la Chine, le Japon, la Singapour, la Corée du Sud et le Brésil.
Ces fonds sont investis dans les institutions financières EU et représentent des dettes sur l’économie EU. Les états investisseurs comptaient sur le retour de ces fonds et de leurs bénéfices astronomiques, mais les décideurs EU ne le voyaient pas ainsi selon ces rapports.
Ces rapports expliquent le recours des Etats-Unis à ce plan en affirmant que « l’économie EU ne pourrait pas supporter les risques du retrait de ces fonds, et ne pourrait pas payer les profits gigantesques pour l’étranger. Il y aurait aussi d’autres objectifs politiques visant à sauver l’empire capitaliste EU de la faillite et de l’implosion économique et politique ».
Ces analystes soutiennent leur thèse en affirmant que les investisseurs étrangers ne pourront pas obtenir le moindre dédommagement des institutions Eu en faillite, en vertu du chapitre onze de la loi sur les faillites aux Etats-Unis. Ce chapitre protège les institutions en faillite contre leurs investisseurs, et n’accorde à ces investisseurs aucun droit sur ceux qui achètent ces institutions en faillite.
Il n’y a pas de rapports fiables sur les pertes des fonds souverains du Golfe dans cette crise financière EU, mais on les estime à plusieurs milliards de dollars.
http://www.islamonline.net/servlet/Satellite?c=ArticleA_C&cid=1224694314536&pagename=Zone-Arabic-News/NWALayout
http://www.alterinfo.net/Crise-financiere-ou-guerre-secrete-_a25421.htmlh
ttVoici, afin d'éclairer ce sujet, un document fort éclairant datant de 2003. Il est à craindre en effet selon cet article qu'une toute petite minorité de financiers internationaux envisagent la solution de la guerre à tout prix afin d'essayer de sauver l'hégénomie de cette grande puissance semblant blessée à mort :
La croissance à crédit
Les États-Unis ont financé leur croissance par l'endettement. En 2002, le pays connaissait son premier déficit budgétaire depuis 1997. Celui-ci a peu àpeu sombré de 1,5 % en 2002, à 3,5 % en 2003 et devrait atteindre 4,2 % en 2004. A titre de comparaison, le pacte de stabilité budgétaire de la zone euro établit une limite à 3 %. La dette extérieure, qui était en 2000 de 3 600 milliards de dollars (39 % du PIB), est passée en 2003 à 6 500 milliards de dollars (58,5 % du PIB). Une inquiétante évaluation, réalisée par l'Office budgétaire du Congrès, indique que la dette devrait être de 14 000 milliards dans dix ans. L'ancien secrétaire au Trésor Paul O'Neil a, de son côté, effectué une étude selon laquelle le déficit des Etats-Unis dans les cinquante prochaines années atteindrait les 44 000 milliards de dollars.
Le 7 janvier 2004, le Fond monétaire international (FMI) a organisé une conférence de presse sur les politiques fiscales des Etats-Unis et leurs conséquences sur l'économie mondiale. L'organisation, pourtant créée et largement pilotée par Washington, s'est livrée à un véritable réquisitoire contre la politique économique de l'administration Bush. Selon le FMI, la dette extérieure des Etats-Unis a atteint un niveau sans précédent pour un pays industrialisé. Ce phénomène provoque une augmentation des taux d'intérêts et un ralentissement de la croissance mondiale.
Le pillage, seule stratégie face à la dette
Observant l'augmentation vertigineuses de la dette qui dépasse considérablement la solvabilité du pays, Robert Freeman s'interroge sur l'orientation économique choisie par l'administration Bush. Il existe, selon lui, cinq stratégies possibles.
La première consiste à lever des impôts et à payer les créances. Ce n'est clairement pas l'option retenue par l'administration Bush. La seconde consiste à imprimer des billets verts. Mais l'usage massif d'une telle solution entraînerait un effondrement inévitable de l'économie.
Une troisième stratégie, proposée par le FMI aux pays du Tiers-Monde, consiste à privatiser les biens nationaux et à les vendre à l'étranger. On pourrait penser cette option très improbable. Pourtant, en laissant baisser le dollars, l'administration Bush ne favorise pas seulement l'exportation: elle permet aussi aux capitaux étrangers de racheter des entreprises états-uniennes.
Une quatrième stratégie consiste à refuser de payer la dette, comme le firent les bolcheviques lorsqu'ils prirent le pouvoir en Russie. Pour Robert Freeman, cette option est « plus proche que ne l'imaginent la plupart des citoyens américains ».En effet, un part significative du déficit concerne le financement de la Sécurité sociale dont la privatisation devrait être l'une des priorités de Bush s'il remportait les élections de 2004.
Mais c'est une cinquième stratégie que l'administration Bush semble avoir résolument adopté. « En définitive, il reste le pillage, explique Robert Freeman Quand le remboursement de la dette d'une nation devient si important qu'il devient impossible de rassurer les créanciers, elle doit chercher une certaine source de richesse, n'importe quelle source ». Les Etats-Unis n'ont choisi d'attaquer l'Irak, ni parce que Saddam Hussein possédait des armes des destmction massive, ni pour instaurer la démocratie. L'objectif était de prendre le contrôle du pétrole, ou plutôt du marché international du pétrole.
Une croissance liée aux dépenses militaires
Les faits confirment l'analyse de Robert Freeman: sous l'administration Bush, l'économie des Etats-Unis a été orientée vers la guerre et la conquête.
L'administration a légitimé l'augmentation du déficit budgétaire par la nécessité de mener la guerre au terrorisme. Cette justification a aussi permis de déplacer les budgets des infrastructures sociales aux investissements pour la guerre. Les dépenses de défenses sont passées de 3,1 % du PIB en 2001, à 3,4 % en 2002 et à 3,5 % en 2003.
La croissance de ces dépenses publiques a profité aux entreprises privées d'armement. Ainsi, Northrop Gmmman a connu une hausse de 57 % de ses ventes entre 2002 et 2003 et est passé d'une perte à un bénéfice net. La division de défense de Boeing a accumulé un bénéfice d'exploitation en hausse de 38 %. Le chiffre d'affaires de Lockheed Martin, numéro un mondial de la défense, a augmenté de 23 %, tandis que sa division aéronautique voyait ses ventes augmenter de 60 %.
Mais d'après Robert Pollin, professeur d'économie à l'université du Massachusetts, les
dépenses pour la main d'oeuvre et les armements sont restées relativement faible. La part du lion est revenue à Halliburton, Bechtel et quelques autres groupes privés liés à l'administration Bush.
Ainsi, la croissance tant applaudie par les analystes touche principalement les investissements liés à la guerre. Pendant le deuxième trimestre 2003, en pleine guerre contre l'Irak, environ 60 % du taux de croissance étaient attribuables aux dépenses militaires.
Du refus de signer le Traité d'Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel, à la guerre contre l'Irak, en passant par le projet militaire titanesque de «guerre des étoiles» et la mise en place d'une guerre perpétuelle au terrorisme, tout indique la nouvelle orientation économique des Etats-Unis tournée vers la guerre et la conquête.
Au siècle dernier la reconversion d'une économie de guerre en économie de paix était
extrêmement difficile. La transformation d'une industrie à usage militaire était délicate. Aujourd'hui, la sophistication des armements la rend impossible. L'orientation économique prise par l'administration Bush est donc sans retour. La guerre est pour les Etats-Unis la condition de sa survie économique.
Source :
http://www.alterinfo.net/-RAND-Corporation-fait-pression-sur-le-Pentagone-pour-lancer-une-guerre-afin-de-sauver-l-economie-etasunienne-_a25471.html?PHPSESSID=e3e8b196fd4254cfc7bc49b650c329a2
p://www.alterinfo.net/Crise-financiere-ou-guerre-secrete-_a25421.html
p://www.alterinfo.net/Crise-financiere-ou-guerre-secrete-_a25421.html