L’Elysée espère partager le haut de l’affiche

Publié le par sceptix

Sarkozy sait qu’il va se faire voler la vedette, mais veut devenir le partenaire privilégié des Etats-Unis.

 L’élection de Barack Obama n’est pas forcément une si bonne nouvelle pour Nicolas Sarkozy. Au-delà des félicitations qu’il a adressées dès 5 heures du matin (heure française) au «Président élu» pour sa «brillante victoire», le chef de l’Etat français sait que la nouvelle star américaine va immédiatement lui voler la vedette. Ce qui pour le locataire de l’Elysée n’est pas rien. Détail amusant, il a salué dans l’élection d’Obama, hier en conseil des ministres, une victoire de la «rupture»… son thème central de campagne lors de la présidentielle française.

Nouvelle place. Le temps où Nicolas Sarkozy profitait de l’agonie politique de George W. Bush pour imposer son leadership dans le conflit du Caucase ou donner des leçons à la planète dans la crise financière est révolu. Il s’agit désormais pour Paris de trouver une nouvelle place auprès de «l’allié américain», avec lequel Nicolas Sarkozy s’est évertué à rebâtir une relation de confiance depuis dix-huit mois. L’objectif est de supplanter le Royaume-Uni comme partenaire privilégié en Europe, en jouant le rôle d’interlocuteur n°1. Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique à l’Elysée et ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis, connaît bien nombre de diplomates de l’équipe Obama, qui opéraient déjà sous l’administration Clinton.

Nicolas Sarkozy et Barack Obama, eux, se connaissent peu. Ils ne se sont rencontrés que deux fois : une demi-heure à Washington en 2006, une grosse heure à l’Elysée en 2008 lors de la mini-tournée des capitales européennes du candidat Obama. Durant la convention démocrate de Denver, Obama avait appelé Sarkozy pour qu’il lui parle de la crise géorgienne. C’est tout pour les contacts directs. Une rencontre officielle est prévue en avril prochain, lors du sommet de l’Otan qui se tiendra en France (à Strasbourg) et en Allemagne. Mais d’ici là, un contact plus informel n’est pas exclu, le 15 novembre, lors du sommet du G20 à Washington sur la crise financière.

Durant la présidentielle française, des proches d’Obama s’étaient rendus au QG du candidat Sarkozy, rue d’Enghien à Paris, pour observer sa campagne. Le week-end dernier, Nicolas Princen, chargé de la veille Internet à l’Elysée, est parti aux Etats-Unis voir comment l’équipe d’Obama finalisait la bataille électorale.

«Dirigeants jeunes».Nicolas Sarkozy a suivi de près la campagne américaine. Il a coutume de dire que les deux élections présidentielles les plus difficiles au monde sont celles des Etats-Unis et de la France, en raison des modes de scrutin et de la longueur des campagnes. Avec Obama, Nicolas Sarkozy a face à lui un animal qu’il estime de son calibre. Selon un de ses conseillers, il se félicite qu’une «nouvelle génération de dirigeants jeunes» (Medvedev, Obama, lui…) soit aux commandes. La première fois qu’il a entendu parler du nouveau président américain, c’était en 2006, à travers un reportage photo pour Vogue repris dans Paris-Match. On voyait alors le sénateur de l’Illinois dans l’intimité, avec sa famille et ses jeunes enfants. Une photo où Obama apparaissait torse nu en maillot de bain avait tout particulièrement impressionné Nicolas Sarkozy. «Vous avez vu ce corps ?» avait alors demandé le ministre de l’Intérieur à Libération.

http://www.liberation.fr/un-reve-d-amerique/0101167579-l-elysee-espere-partager-le-haut-de-l-affiche

ANTOINE GUIRAL

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