Les alternatives en liberté
Plus on clame la liberté, plus on l’instaure par le fascisme "pour notre bien". La liberté, beaucoup pensent qu’elle est acquise, que nous vivons dans un pays libre, en comparaison des « infâmes » dictatures ailleurs dans le monde. Bien peu en réalité savent de quoi ils parlent, et pour cause, la liberté pour savoir ce que c’est il aurait fallu déjà la vivre et la France d’aujourd’hui nous donne un triste exemple de principe dévoyé.
Nous serions devenus un pays tolérant, mais la tolérance, comme l’avait averti Mirabeau en son temps contient dans son principe même la tyrannie. De quel droit se permet-on de "tolérer" ?
L’abolition de l’esclavage en 1848 correspond historiquement au triomphe du travail salarié. Désormais, dans nos sociétés, il paraît normal de chercher un travail pour "gagner sa vie". Mentalement pour la majorité des gens, nous ne vivons donc pas sans argent. Le salariat, c’est pourtant le travail pour quelqu’un d’autre, l’obligation de se lever tous les matins et de travailler pour gagner de quoi payer ses factures. La liberté de s’installer quelque part dépend de l’argent. Ailleurs, là où il n’y a pas de société de consommation, il importe de trouver de quoi se nourrir et se vêtir mais pas forcément d’avoir de l’argent. La liberté y est réelle car souvent l’Etat n’a pas les moyens de s’occuper des gens mais en contrepartie elle est difficile car on ne peut compter que sur soi.
En Occident, la liberté est mise de côté pour la sécurité (celle de l’emploi, de la santé, etc.).
Tous les services que nous offrent les entreprises pour qui nous travaillons ont tendance à devenir obligatoires : ainsi il est désormais obligatoire d’être raccordé à l’eau courante, au réseau EDF, il est interdit de fabriquer ses propres semences pour son jardin ou de boire l’eau de pluie, par ailleurs le prélèvement automatique se généralise, l’automobile, le téléphone et maintenant internet sont socialement indispensables pour trouver un emploi, etc. Au Moyen-Âge, le seigneur construisait déjà ponts, moulins et fours à pains pour faire payer les paysans régulièrement, déjà il avait pensé à interdire aux paysans de fabriquer leurs propres moulins et fours afin de conserver un monopole et de les empêcher de se libérer de l’emprise seigneuriale. D’ailleurs les serfs n’étaient pas les plus pauvres des paysans mais ceux qui étaient directement à son service. Qu’est-ce qu’un salarié sinon le serf des seigneurs d’aujourd’hui ?
Je propose une alternative pour qu’enfin la liberté soit appliquée correctement dans nos sociétés :
En droit, le dicton "la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres" s’est dévoyé dans une application de plus en plus restrictive qui amenuise nos libertés au lieu de les garantir. La gestion du bruit est l’exemple le plus frappant. Si faire du bruit peut gêner un voisin, on applique ce principe avec les tapages diurnes et nocturnes. Il s’ensuit que les gens font de moins en moins de bruit. Ensuite des gens sont à nouveau importunés par des bruits mêmes faibles. J’ai vu des immeubles en France ou en Suisse où il n’était plus possible de faire le moindre bruit sans importuner quelqu’un. En Suisse des mères de famille se font expulser de leur immeuble parce qu’elles ont... des enfants trop bruyants pour les personnes âgées de plus en plus nombreuses ! En France une fête de village a été interdite à cause d’un seul habitant se plaignant du bruit. Des gens se font attaquer pour les bruits de leurs poulaillers par d’autres venus de la ville s’installer à la campagne et on retire les cloches des vaches qui montent aux alpages et l’on se plaint des clochers des églises. Il est facile de vérifier que dans les pays où les gens sont encore libres, où il n’y a pas un flic à chaque coin de rue, où les gens ne passent pas leur temps à dénoncer leur voisin, le bruit ne dérange personne. En Afrique, en Amérique latine, en Asie, la société est animée, on s’y habitue en quelques jours. Personne ne s’est soucié que le silence exagéré pouvait aussi être insupportable à d’autres. Les interdits toujours plus nombreux concernant le bruit sont à ajouter à la longue liste de ce qui détruit notre humanité. Fini les enfants qui courent ou qui jouent (des panneaux « interdit aux enfants de jouer » sont apparus), fêtes populaires, basses cours, disputes, bagarres, fini les passions. L’époque est à la froideur, au calme des maisons de retraite, aux sentiments enfouis, aux hypocrisies, compromissions et mensonges. Il est révélateur que nos sociétés fliquées sont en même temps de plus en plus violentes. Sous couvert du respect des libertés, on opprime une société toute entière.
J’ai observé que le problème de la liberté en droit venait du fait que l’on n’applique pas un principe fondamental de la notion de justice : le principe d’universalité, le principe de Kant. Ainsi la répression au sujet du bruit ne s’applique pas pour toutes les sources de bruit de façon égale : on se plaint des éoliennes mais pas du bruit des lignes à haute tension, des automobiles, scooters, avions, parades militaires, etc. Sans le principe de Kant, toute loi est potentiellement injuste. Les lois sur les produits stupéfiants sont exemplaires : est considéré comme produit dangereux, ce qui est inscrit sur une liste et non pas des caractéristiques universellement reconnues par tous. Si nous devions combattre toutes les drogues, au nom du principe de Kant nous devrions aussi combattre le tabac, l’alcool et de nombreux médicaments ce qui n’est pas le cas.
Je propose donc l’application de ce principe afin de garantir les libertés individuelles. Pour ce qui concerne le bruit, il faudrait se mettre d’accord pour un niveau de bruit équivalent à toutes les activités humaines. Il pourrait également y avoir des quartiers plus bruyants que d’autres. Bien des gens apprécieraient d’aller vivre volontairement dans un quartier animé et vivant.
Je propose également que toute loi qui empêche l’être humain de se passer d’intermédiaires et de factures soit considérée comme "seigneuriale" et par conséquent incompatible avec la notion de liberté.
Par exemple, le slogan gaullien "Indépendance énergétique" devrait être appliqué non plus aux États mais à l’individu, ainsi couvrir le pays de champs d’éoliennes ou de centrales solaires ne saurait être qu’une nouvelle dépendance de l’individu vis à vis d’un intermédiaire qui ajoutera à la facture des équipements les frais de gestion, le transport de l’énergie, et la part des actionnaires.
Toute personne ou entreprise qui rend indispensable son service payant devient lui-même un Etat faisant payer un impôt obligatoire. Et nous devrions être effrayés par la toute puissance de ces entreprises-Etats, déjà plus puissantes financièrement que la majorité des pays du monde qui contrôlent les médias, la recherche scientifique et financent les campagnes politiques des politiciens qui leur sont favorables.
M. GUICHAOUA
fleurdepat
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