| La routine Le mot « changement » est certainement un des plus employés dans le monde politique. Nous nous en étonnons toujours, constatant que les difficultés quotidiennes ne sont pas résolues, que le chômage augmente, que les conditions de vie et de travail se dégradent. Et nous avons tort. Il y a changement. Simplement, il va dans le sens inverse de celui qu’attendent la majorité des citoyens. Loin de résoudre la crise en s’attaquant aux mauvais fonctionnements du système, les dirigeants l’utilisent pour en renforcer les fondements. Il n’est pas question de protéger l’emploi, mais de le précariser encore plus, de garantir la protection sociale, mais de continuer sa destruction, de rétablir l’école de la République, mais de l’attaquer encore et encore. Il y a deux siècles, une révolution gigantesque prenait pour mot d’ordre la destruction des privilèges. De nos jours, Sarkozy et les siens aident les grands privilégiés et s’attaquent aux rares salariés qui ne sont pas encore dans la sphère de la précarisation. C’est ceux là qu’ils appellent « privilégiés » (voir article de Anne-Cécile Robert). Manière de diviser, bien entendu. Et quand tout le monde sera précarisé, ils considéreront leur travail accompli. Les attaques indécentes contre tout droit social ne se heurtent malheureusement pas à une opposition résolue, ce qui serait le minimum dans une démocratie normale. Quant aux velléités de résistance malheureusement trop dispersées, elles voient se mettre en place tout un arsenal de mesures contre la liberté individuelle autant que contre toutes les libertés publiques, en particulier la liberté de la presse (voir articles de Gilbert Legay et de Olivier Pascault). La « mondialisation » sert de prétexte à aider à la pérennité du système et non à le remettre en cause. Quant à la construction européenne, tout en affirmant, de façon unanime, face à la crise, le constat de ses divergences internes, elle trouve une forte cohésion quant il s’agit de s’opposer à la volonté des peuples, comme elle vient encore de le faire en demandant aux Irlandais de revoter. Ainsi, tout peut changer, les rapports de forces internationaux, la crise du système financier, les drames sociaux, mais le regard des dirigeants reste porté vers leur idée fixe : imposer en force le traité de Lisbonne. Qui prétendrait qu’il n’y a pas de changement ? Nous allons à toute vitesse vers un extraordinaire recul des valeurs humanistes et démocratiques ! Mais les citoyens sauront réagir ! |