L'affaire Couraud relancée?

Publié le par sceptix

Mardi 30 Décembre 2008
L'affaire Couraud relancée?
Par Nicolas MOSCOVICI
leJDD.fr
L'enquête sur la mort du journaliste Jean-Pascal Couraud, survenue en 1997 à Tahiti est peut-être relancée. Treize documents en lien avec le "compte japonais" supposé de Jacques Chirac - affaire sur laquelle semblait travailler le reporter au moment de sa disparition - vont être déclassifiés. Au même moment, à Papeete, une étrange lettre, évoquant la disparition non élucidée de "JPK", sème le trouble.

La justice en saura-t-elle davantage sur l'existence supposée d'un compte secret détenu au Japon par Jacques Chirac, et, partant, de la disparition du journaliste Jean-Pascal Couraud? L'affaire, aux multiples rebondissements, du "compte japonais" de l'ancien président de la République vient en tout cas de s'enrichir d'un nouvel élément. L'actuel ministre de la Défense, Hervé Morin, a en effet donné son feu vert à la déclassification de treize documents frappés du "secret-défense". "Le ministre a suivi l'avis de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) la semaine dernière et ordonné la déclassification", a dévoilé ce mardi son cabinet. Très précisément, la CCSDN avait donné un avis favorable à la déclassification totale de 11 documents et à celle, partielle, de deux autres écrits.

Dans cette affaire, la commission s'était déjà prononcée en faveur de la levée du "secret défense" apposé sur 16 des 17 documents saisis par le juge en charge de ce dossier à multiples facettes, Jean-François Redonnet, lors de la perquisition des locaux de la Direction générale des services extérieurs, le 4 juin dernier. En revanche, le magistrat n'aura pas accès à treize autres documents qu'il réclamait, ont encore fait savoir les services d'Hervé Morin. Conformément à l'usage, la réalité des documents déclassifiés n'a pas été révélée aux médias.

Une étrange lettre

Quoi qu'il en soit, le juge Redonnet va pouvoir s'appuyer sur ces nouveaux éléments pour tenter de résoudre la principale énigme qui motive ses recherches: la mystérieuse disparition du Jean-Pascal Couraud, dit "JPK", survenue en 1997. Selon son entourage, ce jeune journaliste basé à Tahiti enquêtait, avant de ne plus donner trace de vie, sur des transferts de fonds suspects entre Robert Wan, homme d'affaires tahitien et Jacques Chirac, via l'ami de ce dernier, Gaston Flosse, maître tout puissant de la Polynésie française à cette époque. Sans que rien n'ait à ce jour pu être démontré, certaines sommes auraient peut-être alimentées le fameux "compte japonais" supposé de l'ancien Président.

En 1996, une note interne de la DGSE aurait fait état de "300 millions de francs" déposés à la Tokyo Sowa Bank. Interrogé sur ce point en 2006 par le juge Redonnet, le général Philippe Rondot, qui, en 2001, avait été chargé par le pouvoir d'identifier les auteurs d'une enquête sur le compte nippon, a nié l'existence de celui-ci. Il avait pourtant affirmé le contraire quelques mois plus tôt. Un an plus tard, Le Canard enchaîné a pour sa part révélé que des documents nouveaux saisis chez ce spécialiste du renseignement accréditeraient l'existence de l'introuvable "compte japonais".

De là à penser que, dix ans plus tôt, Jean-Pascal Couraud a mis les doigts dans un engrenage qui lui a été fatal, il n'y a qu'un pas que sa famille et ses proches n'ont pas longtemps hésité à franchir, même si à ce jour aucun élément incontestable n'étaye l'hypothèse criminelle et encore moins la piste politique. Encore que. Lundi, la presse tahitienne a en effet révélé qu'une lettre au contenu en lien avec l'affaire Couraud avait été retrouvée en septembre dernier au domicile de Gaston Flosse. Celle-ci pourrait avoir été écrite par Vetea Cadousteau, l'un des membres du Groupement d'intervention de la Polynésie (GIP), mort en 2004, lui aussi dans des circonstances non élucidées. Créé par Gaston Flosse, le GIP est suspecté, selon les proches de Jean-Pascal Couraud, d'avoir participé à l'enlèvement et au meurtre du journaliste, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Ce que l'étrange missive relaterait en détails. "Il n'y a aucune conclusion hâtive à tirer de ce document", a toutefois déclaré Gaston Flosse à Reuters. "Ces affirmations semblent tellement dérisoires à l'autorité judiciaire qu'elle n'a jamais convoqué Gaston Flosse", avait pour sa part expliqué son avocat sur les ondes de RFO, évoquant même la thèse d'une "machination" contre son client.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article