Pfizer-Wyeth : fusion géante dans la pharmacie

Publié le par sceptix

Le numéro un mondial Pfizer va racheter Wyeth pour 68 milliards de dollars.

Pendant la crise financière, les affaires continuent dans l’industrie pharmaceutique. Le leader mondial, l’américain Pfizer, a confirmé hier sa fusion avec le numéro dix, Wyeth. L’opération lui coûtera 68 milliards de dollars en titres et en numéraire. La capitalisation du nouvel ensemble dépassera 160 milliards de dollars (122 milliards d’euros) et il réalisera un chiffre d’affaires de près de 70 milliards de dollars.

Avec ce rachat, Pfizer espère échapper à la crise structurelle qui guette les laboratoires pharmaceutiques. La fusion nous offre «une opportunité puissante de transformer notre industrie», a souligné hier le président du groupe, Jeffrey Kindler. Le portefeuille de la nouvelle entité sera beaucoup plus diversifié. «Aucun médicament ne devrait compter d’ici à 2012 pour plus de 10% du chiffre d’affaires», a insisté le laboratoire créateur du Viagra. Il espère atténuer ainsi l’impact brutal de l’extinction des brevets protégeant ses produits. Pfizer est plus menacé que Wyeth (Advil, etc.) par les médicaments génériques. Son produit vedette, l’anticholestérol Lipitor, est le remède le plus vendu au monde. Il représente 25% du chiffre d’affaires du géant américain, mais il tombera dans le domaine public en novembre 2011.

Pfizer est également fragilisé, comme d’autres grands laboratoires, par le manque de nouvelles molécules à commercialiser et par les exigences accrues des autorités sanitaires. Le groupe a d’ailleurs annoncé hier, en même temps que la fusion avec Wyeth, un résultat trimestriel en recul de 90%. Il a dû verser 2,3 milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites de la justice américaine qui l’accuse de faire la promotion de ses médicaments pour des indications non reconnues par les autorités sanitaires.

Le laboratoire new-yorkais prévoit d’économiser 4 milliards de dollars grâce à la fusion et d’épargner 3 milliards supplémentaires en diminuant de 10% ses effectifs, proches de 82 000 personnes, et en fermant cinq de ses 46 usines.

 

Proies potentielles

 

Pfizer offre aux actionnaires de Wyeth une prime assez généreuse, de l’ordre de 15% par rapport au cours de vendredi, qui avait déjà bondi de 12,6% sous l’effet des rumeurs de fusion. Il est loin en effet d’être le seul laboratoire à vouloir se diversifier. «Tous les groupes pharmaceutiques sont désespérés», estimait la semaine dernière un analyste financier. «Un accord entre Pfizer et Wyeth devrait marquer le commencement d’une année de consolidation du secteur et pourrait déclencher d’autres opérations», jugeait de son côté Catherine Arnold, analyste chez Credit Suisse.

Le laboratoire Schering-Plough, peu exposé à la concurrence générique d’ici à 2012, fait partie des proies potentielles. De même que Crucell, le spécialiste des vaccins. Brutalement délaissé alors qu’il avait prévu de se marier avec Wyeth, il serait dans le viseur de Sanofi-Aventis. Autres cibles, les groupes de biotechnologies, dont les pipelines sont plus riches en nouvelles molécules que les groupes traditionnels. Le suisse Roche a ainsi décidé l’an dernier de renforcer ses liens avec sa filiale Genentech. Il tente depuis d’acquérir 100% de son capital.

Armelle Bohineust

http://marches.lefigaro.fr/news/societes.html?&ID_NEWS=95397353


Pfizer/Wyeth : emplois compromis à Montréal

Wyeth emploie 1200 personnes à Montréal. Photo : Bloomberg

 

À Montréal, Wyeth emploie un total de 1 200 personnes répartis dans son usine de fabrication et de distribution, et dans son centre de recherche et de développement de Ville-Saint-Laurent. Environ 600 personnes travaillent pour Pfizer au Québec.

La chef des communications et stratégies chez Wyeth Canada, Isabelle Lavoie, a indiqué ne pas encore savoir si des suppressions d’emplois seront effectuées à Montréal.

Même chose du côté de Pfizer Canada, où la directrice des communications, Rhonda O’Gallagher, soutient qu’il est trop tôt pour connaître l’impact de l’acquisition sur les activités de Pfizer et de Wyeth au Canada.

Selon Bloomberg, Pfizer prévoit que l’expiration du brevet du Lipitor et la mise en marché d’équivalents génériques provoqueront une baisse de 12 milliards de dollars de ses ventes à partir 2011.

L’entreprise devra alors réduire de 70% les coûts de Wyeth en recherche, marketing et administration pour garder ses revenus au niveau actuel (2,69 dollars par action) entre 2010 et 2015, selon Tim Anderson, analyste chez Sanford C. Bernstein à New York.

«Ce type de décision est nécessaire pour donner de la valeur aux actionnaires de Pfizer», soutient Seamus Fernandez, analyste chez Leerink Swan à Boston.

À son arrivée à la tête de Pfizer en juillet 2006, l’actuel chef de la direction, Jeffrey Kindler, avait congédié plus de 15 000 employés en deux ans et fermé cinq centres de recherche.

L’acquisition crée une entreprise ayant un revenu annuel d’environ 55% plus élevé que le deuxième plus important fabricant de médicaments au niveau mondial, GlaxoSmithKline.

Articles de l'industrie

 

Bernard Mooney : Erreur ou coup de maître pour Pfizer ?

Dans la foulée de l’acquisition de Wyeth, Pfizer congédiera 15% de la main-d’œuvre combinée des deux entreprises, soit 19 000 personnes, et fermera cinq usines, selon Bloomberg. Pfizer et Wyeth emploient ensemble 130 000 travailleurs.

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