À Cancun, l'armée congédie la police

Publié le par sceptix

À Cancun, l\'armée congédie la police

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L'armée mexicaine a pris le contrôle de la sécurité de la station balnéaire, en expulsant la police municipale de ses commissariats.

Photo: AFP

 

Emmanuelle Steels
La Presse

(Mexico) Une cinquantaine de militaires obligent mille policiers à former un rang, les désarment et arrêtent leur chef. C'est la ville mexicaine de Cancun qui a été lundi matin le théâtre de cette scène insolite.

La police municipale de cette fameuse station balnéaire aurait été infiltrée par les cartels de narcotrafiquants qui opèrent dans la région. C'est pourquoi l'armée a été chargée d'assiéger le commissariat et d'assumer le contrôle de la sécurité dans la localité.

 

Porte d'entrée de la drogue en provenance d'Amérique du Sud depuis une vingtaine d'années, Cancun avait été secouée la semaine dernière par l'assassinat brutal d'un général à la retraite, Mauro Enrique Tello Quinones.

 

Exécuté en compagnie d'un autre militaire et d'un civil, il avait auparavant été torturé, une pratique habituelle des cartels. Il s'agit du militaire du plus haut rang qui soit jamais tombé sous les balles du crime organisé.

Armée ciblée

Depuis que le président Felipe Calderon a déployé l'armée dans plusieurs zones du pays, pour lutter contre l'insécurité, les militaires sont entrés dans la ligne de mire des narcotrafiquants.

Tello Quiñones s'apprêtait à devenir secrétaire municipal de la sécurité publique et à diriger la lutte contre le crime organisé à Cancun. Son expérience en la matière, forgée à la tête des opérations spéciales contre les trafiquants menées en 2007 dans le centre du pays, en faisait une cible idéale des cartels.

Le chef de la police, l'un des seuls à être au courant de la tâche délicate qu'allait assumer le général, est soupçonné d'avoir commandité son exécution. Une trentaine d'agents et d'officiers ont été placés en garde à vue pour être interrogés.

Les policiers mexicains font figure de principaux protecteurs des cartels. Des rapports de renseignement militaire et civil, divulgués début février, montrent que 62% des 450 000 policiers du pays ont reçu de l'argent du crime organisé en échange de services.

Violence contre tourisme

La station touristique sera donc surveillée par l'armée, comme cela s'est produit dans d'autres villes du pays, comme Culiacan et Tijuana.

D'après José Antonio Ortega, avocat et analyste sur les questions de sécurité, la violence, si elle persiste, pourrait mettre en péril le tourisme.

«Le fait qu'il n'y ait pas autant d'affrontements sanglants que dans le nord du pays ne signifie pas que Cancun est à l'abri de futurs déchirements entre clans adverses.» Une réputation sulfureuse pourrait s'abattre sur ce coin des Caraïbes, prisé par des visiteurs venus des quatre coins du monde.

«Si la violence explose à Cancun, ajoute Ortega, les touristes seront affectés indirectement, comme spectateurs de la furie criminelle des cartels, ou directement, comme victimes de vols et de kidnappings, si les organisations qui ont la mainmise sur la place diversifient leurs activités.»

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Publié dans Amérique Latine

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