AZF: bataille d'experts en perspective

Publié le par sceptix

AP | 20.02.2009 | 17:09

Pour expliquer la déflagration de l'usine AZF en septembre 2001 à Toulouse, les experts judiciaires ont conclu dans leur rapport final à l'accident chimique, une thèse que la défense conteste farouchement, alors que de très nombreuses pistes ont été évoquées durant les cinq années d'instruction.

Avec le procès qui s'ouvre lundi, "il a été décidé dans un devoir de transparence de voir toutes les hypothèses", promet Gilbert Cousteaux, premier vice-président du tribunal de grande instance de Toulouse.

Au cours de ce procès devant le tribunal correctionnel, qui doit durer 18 semaines, trois audiences seront consacrées à l'hypothèse d'un événement antérieur à l'explosion telle que la cause naturelle (météorite, foudre), un phénomène électromagnétique, la thèse électrique, l'explosion de poussières et d'atmosphère ou encore l'accident industriel préalable.

Par ailleurs, précise M. Cousteaux, quatre autres audiences seront consacrées à la piste intentionnelle. Une "note" des Renseignements généraux et la "rumeur dans le contexte de l'après 11-Septembre" seront aussi abordées. De plus, une audience présentera "les incidents de la veille et ceux du jour même de l'accident entre les chargeurs et les chauffeurs routiers". Une autre audience s'intéressera à Hassan Jandoubi, l'homme qui avait été retrouvé mort sur les lieux de l'explosion avec plusieurs couches de sous-vêtements sur lui.

Le 21 septembre 2001, l'explosion de l'usine AZote Fertilisants (AZF) avait provoqué une secousse équivalente à un séisme de 3,4 degrés sur l'échelle de Richter. Au terme de cinq années d'investigations, les experts judiciaires avaient conclu dans leur rapport final, remis le 16 mai 2006, à un accident chimique provoqué par la mise en contact, vingt minutes avant l'explosion, de DCCNa, un produit chloré avec une demi-tonne de nitrate d'ammonium, déversés sur un tas de nitrate.

"Total n'a pas trouvé explication", concernant l'explosion, explique à l'Associated Press Patrick Timbart, directeur délégué de Total à Toulouse, avant d'ajouter que le groupe "ne penchait vers aucune thèse". "Nous sommes dans l'expectative en espérant que le procès clarifiera un certain nombre de choses". Dans le cadre d'une expertise civile demandée par le groupe pétrolier, dont l'arrêt a par ailleurs été signifié en décembre dernier, "les experts mobilisés ont estimé que l'hypothèse de l'explosion chimique n'avait pas assez de fondement scientifique pour être crédible", selon M. Timbart.

Pour François Rocquet, ingénieur chimiste et délégué général de la Fédération française des sciences pour la chimie, l'explication de l'accident chimique "ne peut conduire scientifiquement à une explosion". "Au contact de DCCNa, d'eau et de nitrate d'ammonium se forme du trichlorure d'azote", explique-t-il à l'AP, le trichlorure d'azote étant l'un des rares éléments pouvant s'auto-initier en régime explosif au-delà de 93 °C. Cependant, a poursuivi M. Rocquet, cette explosion chimique "peut se réaliser dans des conditions particulières réunies dans un laboratoire mais pas dans le cadre d'un stockage industriel, car il faut vérifier les pH, rajouter du nitrate d'ammonium sec et confiner le tout".

D'après les experts judiciaires de l'instruction, qui avaient écarté les hypothèses d'une explosion due à un météorite, au gaz ou à un arc électrique, c'est une série de "négligences" et de "dysfonctionnements" qui a rendu possible le mélange accidentel de ces produits. AP
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