Surendettement : le vide législatif et les banques responsables

Publié le par sceptix

700 000 Français en situation de surendettement et une véritable bombe à retardement sociale. La responsabilité des banques et le manque de courage législatif de nos gouvernants en sont pour beaucoup responsables.

J’avais déjà parlé ici des problèmes du surendettement, qui touche environ 700 000 Français aujourd’hui. Nous avions vu quelles étaient les premières pistes du sénateur UMP Mariani pour lutter contre ce fléau, puis je vous avais relaté ma mauvaise expérience avec Cétélem, qui m’avait invité à un chat sur le « crédit responsable » où la langue de bois et le contrôle de la parole avait évité à leur directrice de la communication de s’exprimer sur les crédit revolving, ces crédits à la consommation dont le montant disponible se renouvelle chaque mois au fur et à mesure des remboursements. Un véritable piège pour les populations les plus fragiles et les moins capables de gérer un budget.


Je reviens sur ce sujet grâce à un dossier paru dans le Parisien (dont je vous recommande par ailleurs la lecture, dans sa version « Parisien » ou « Aujourd’hui en France », ça fourmille de bons conseils) du mardi 21 avril, où l’on peut glaner quelques bonnes astuces. Un projet de loi est actuellement discuté pour encadrer de plus prêt les conditions d’octroi et de remboursement du crédit, pour éviter qu’en temps de crise les « charognards » profitent d’une situation déjà difficile pour les foyers à bas revenus.


On y apprend des choses étonnantes. Par exemple, 79% des sondés déclarent que leur (sur)endettement est lié non pas à des dépenses extraordinaires mais à la « nécessité de faire face aux dépenses de la vie courante ». En gros, ils sont contraints d’emprunter pour payer leur loyer, leurs courses, leur plein d’essence. Les deux autres chiffres confirment le manque d’encadrement législatif : 76% des sondés estiment qu’on leur a proposé « trop souvent » de recourir au crédit (manque d’encadrement des pratiques commerciales et/ou publicitaires) et 65% des sondés expliquent leur situation de surendettement pour « avoir contracté trop de crédits » (manque d’encadrement du nombre autorisé de crédit par personne/foyer). On est loin de « l’idiot du village » qui prend un gros crédit pour s’acheter une voiture de prestige ou quelque chose de non nécessaire.


Ceci me rappelle une anecdote personnelle tout à fait significative. L’un de mes neveux me racontait, alors qu’il avait l’âge d’ouvrir un compte en banque, que son conseiller lui avait proposé la chose suivante. Sachant que le « livret jeune » avait un taux d’épargne de 5% ou presque, il lui proposait d’emblée de souscrire un crédit à la consommation basique au taux de 4%. Ainsi, même s’il n’avait pas besoin de cette somme, le conseiller lui « conseillait » de placer la somme empruntée à 4% sur son livret à 5%, de manière à « réaliser un gain »… d’un misérable %. (on sait à la lecture du Canard que les "conseilers financiers" des banques sont également rémunérés selon le nombre de crédits qu’ils arrivent à vendre à leurs clients, nous vous en avions parlé avec le cas d’une association allemande qui désirait "éduquer" les personnes les plus fragiles à savoir refuser les crédits proposés par leurs "conseillers".). Mon neveu a refusé, par méfiance face au concept de crédit et de dette, mais le conseiller lui a tout de même dit franco qu’ « il avait tort ». Incroyable ! Ces banquiers ne sont ils donc pas capables d’apprendre de leurs errements ?


Voici quelques-uns des conseils du Parisien pour éviter de se retrouver noyé par les crédits :

 

  • Faites un budget des dépenses courantes et tenez-vous y, pour ne pas avoir à emprunter pour ces dépenses (loyer, téléphone, courses, plein, assurances)
  • Ne dépassez pas 30% d’endettement, c’est à dire que vous ne devez pas consacrer plus de 30% de votre salaire au remboursement de votre dette. Si vous gagnez 2100 € nets, votre plafond, c’est 700 €. Au-delà, ça se complique pour les dépenses courantes.
  • Constituer vous un petit matelas financier sur un compte à part en cas de coup dur. Vous pouvez décider de verser même 50€ par mois sur un compte bloqué, au bout de 2-3 ans vous aurez déjà presque 2000€ en cas d’imprévu (voiture qui tombe en panne, accident lourd, chômage technique…)
  • Ne prenez qu’un crédit à la fois. Tant que la loi ne changera pas (et elle ne changera pas, à mon avis), on vous incitera à prendre crédit sur crédit, c’est à dire à cumuler les remboursements.
  • Si vous voyez le mot « revolving », fuyez comme la peste le crédit qui y est attaché. Un peu long à expliquer, mais franchement, c’est le meilleur de ces conseils (voir notre illustration : ce sont toutes ces cartes de fidélité/crédit qui sont au coeur du credit revolving appelé aussi "crédit permanent").

Pour le reste, c’est sur l‘édition du mardi 21 avril du Parisien, à consulter sur le web ou en bibliothèque !

Voir aussi ma rubrique consacrée aux problématiques liées aux banques.

Luc, Consommaction

http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/surendettement-le-vide-legislatif-55048

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A
Nombre de personnes ne connaissent pas leur richesse et font appel au crédit. Actuellement le CAC 40 perd plus de 3% et l'or est au plus haut. C'est tout à fait emblématique de ce qu'il se passe depuis plus d'un an sur ces deux marchés. Si vous avez besoin d'argent et si vous possédez un peu d'Or sous quelque forme que ce soit, bijoux, déchets, pièces ou lingots, n'attendez pas, c'est le moment de vendre, vous serez étonné du montant récolté !<br /> achat or
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B
Les conseils du Parisien, sont insuivables pour une partie croissante de la population dont les revenus ne lui permettent pas déjà plus d'assurer un quotidien décent, bien qu'ils soient de bon sens ... Hey pourquoi tu as supprimé l'article précédent concernant l'Uruguay ou alors c'est un bug ? je l'ai retrouvé ailleurs sur le net et je le trouve parlant indépendamment au-delà du fait qu'il s'agisse de propos tenus par l'ex-président Uruguayen.Au fait j'ai oublié de te demander si Marcel était revenu ?Bises
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