Piston, censure et crétinisme
En quelques jours Alain Marleix a réussi à pistonner sa fille, censurer Wikipédia
et utiliser le Falcon présidentiel pour aller voir un match de foot.
En février, Rue89 révélait que la fille du secrétaire d'Etat Alain Marleix allait bénéficier d'un piston pour décrocher un poste à la Sorbonne. Face à la polémique suscitée par notre article, l'université avait fait marche arrière. Mais l'épisode fait désordre, et le ministère de l'Intérieur n'aime pas le désordre.
En mars, comme le révèle le blog Tech/notes, un agent de la place Beauvau a tenté plusieurs fois de supprimer la référence à notre article dans la bio Wikipedia du ministre.
En vain, puisque les modérateurs de Wikipedia sont vigilants. Même déconvenue pour un ou des fonctionnaires de la rue de Valois, siège du ministère de la Culture, qui ont essayé de caviarder l'article sur la loi Hadopi.
Ces éminents agents ministériels n'ont apparemment toujours pas compris qu'il suffit, pour n'importe quel internaute, de cliquer sur l'onglet « Historique » de la page Wikipedia. Quand on constate un changement curieux, il est simplissime de comparer les deux versions. Ainsi, sur la biographie d'Alain Marleix, on remarque qu'un internaute a supprimé ce paragraphe :
« Alain Marleix a été mis en cause par le site Rue89 en février 2009 concernant la désignation de sa fille Laurence Saint-Gilles à un poste de Maître de conférences à la Sorbonne. Le 3 mars 2009, le conseil d'administration de l'Université Paris IV-Sorbonne a finalement décidé d'annuler la procédure de recrutement sur ce poste pour mettre fin à toute polémique (Source : Rue 89). »
Cette modification était signée de l'adresse IP 212.234.218.194. En entrant cette adresse dans le moteur de recherche d'adresse IP de n'importe quel WhoIs, comme celui-ci, on obtient une réponse limpide :
« netname : FR-MINISTERE-INTERIEUR
descr : MINISTERE de L'INTERIEUR
country : FR »
Moralité : depuis la démocratisation d'outils permettant de retracer les modifications d'articles sur Wikipedia, comme le Wikiscanner, les institutions ou entreprises n'ont pas renoncé à imposer leur « vérité » aux lecteurs de l'encyclopédie la plus populaire au monde. Tech/notes cite aussi parmi ces « manipulateurs » TF1. En 2007, Rue89 avait élu le maire de Levallois-Perret -et proche de Nicolas Sarkozy- Patrick Balkany comme champion du vandalisme sur Wikipedia.
Article original : Rue 89
Note : Une nouvelle fois les laquais de Sarkozy brillent par leurs qualités : favoritisme, censure et ignorance crasse de l'informatique.
Cependant, même si l'outil de comparaison de version d'article proposé par Wikipédia a permis de débusquer cette affaire, n'oublions pas la partialité manifeste de cette encyclopédie dès que l'on touche à des sujets politiquement sensibles, comme en atteste cet article publié en octobre 2007.
Pour écarter définitivement le thèse de la polémique infondée, du piston "à l'insu de son plein gré" et de la censure involontaire, soulignons qu'Alain Marleix n'est pas vraiment un perdreau de l'année.
En 1986, Marleix devient conseiller auprès du ministre de l'Intérieur de l'époque qui n'était autre que ... Charles Pasqua.
En 2004, Alain Marleix signe une proposition de loi visant à rétablir la peine de mort. En 2007 dans une pirouette opportuniste à faire pâlir Kouchner, il vote en faveur du projet de loi constitutionnelle relatif à l'interdiction de la peine de mort.
En mars 2009, sous prétexte du réunion sur la sécurité pour aller voir le match de football Barcelone-Lyon en Falcon présidentiel.
http://pouvoiretpsychopathie.hautetfort.com/archive/2009/05/12/piston-censure-et-cretinisme.html