Grippe A : nouvelle règle à partir de jeudi, appeler son généraliste

Publié le par sceptix

le 21/07/2009 à 08:03

Photo Jean-François Frey

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Les médecins généralistes, habitués des épidémies de grippe, de gastro-entérites et de bronchiolites, sont officiellement en première ligne à partir de jeudi pour prendre en charge la nouvelle grippe A(H1N1), dite «porcine».

Dans une toute première phase, tous les cas de grippe pandémique étaient pris en charge dans les hôpitaux par l'intermédiaire du Samu et des prélèvements étaient systématiquement faits pour confirmer la présence du nouveau virus. L'hospitalisation permettait de garder le malade confiné.

Puis le système s'est assoupli en raison de la multiplication des cas, dans l'ensemble bénins.

Mi-juin, le chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Purpan de Toulouse, Bruno Marchou, dénonçait d'ailleurs l'hospitalisation systématique des patients infectés par le virus de la grippe A/H1N1, estimant qu'elle ne se justifiait pas. Il prônait la prise en charge des personnes infectées par leur généraliste.

Désormais, en cas de suspicion de grippe, il ne faudra donc plus appeler le 15 mais son médecin traitant.

Les hôpitaux se consacreront aux cas graves et aux enfants de moins d'un an.

La surveillance porte à présent sur l'évolution de l'épidémie, en nombre de cas, sur les foyers de cas groupés (colonies de vacances, lieux de travail...) et le signalement des cas sévères ou qui le deviennent.

C'est le généraliste, ou le pédiatre, qui décidera si un traitement par médicaments antiviraux type Tamiflu est nécessaire. Il rédigera au besoin une ordonnance pour aller chercher gratuitement dans une pharmacie des masques que portera le malade pour protéger son entourage. Il donnera également des conseils pour éviter la contagion dans la famille et parmi les proches.

En cas de symptômes graves, il dirigera le patient vers l'hôpital.

Les cabinets de groupe -où travaillent plusieurs médecins- sont mieux armés que les généralises isolés pour assurer la permanence des soins pendant les vacances, relève le Dr Vincent Rebeille-Borgella, vice-président du syndicat MG France.

«Peu de gens ont un thermomètre chez eux», déplore ce praticien qui exerce dans un quartier populaire de Lyon. «S'ils étaient moins chers, ce serait bien», ajoute-t-il.

«Tout le monde doit avoir un thermomètre et du paracétamol chez soi», renchérit un autre médecin de famille.

Pour les médecins exerçant en médecine libérale, des stocks de proximité ont été organisés pour s'approvisionner (masques pour soignants et malades...).

«Nous avons au cabinet des masques protecteurs, pour nous et la secrétaire et des masques chirurgicaux (anti projections de gouttelettes infectées) pour les patients et du soluté hydroalcoolique pour les mains», indique le Dr Jean-Claude Soulary de Dechy (Nord). Une poubelle est prévue pour les mouchoirs en salle d'attente.

Il y a peu de grippe pour l'instant, remarque-t-il. En revanche, il craint d'être débordé «s'il y a réellement un grand nombre de cas».

«C'est une grippe banale qui touchera tellement de monde que cela va poser des problèmes de gestion», juge le Dr Rebeille-Borgella.

«Les femmes enceintes et les nourrissons sont des sujets fragiles pour lesquels on va être extrêmement vigilant», souligne le Dr Rebeille-Borgella en rappelant que les généralistes suivent la très grande majorité des enfants en France ainsi qu'une grande partie des grossesses au début.

Quant au vaccin contre la nouvelle grippe, il arrivera progressivement, a souligné le Pr Didier Houssin, directeur général de la santé. Son administration sera réservée à des centres de vaccinations.


ENCADRE : l'ABC de la grippe

Voici un glossaire des principaux termes employés pour parler des grippes, y compris de l'actuelle pandémie de grippe d'origine porcine A(H1N1).

ANTIVIRAUX : Médicaments anti-virus. Tamiflu (laboratoire Roche, molécule active : oseltamivir) et Relenza (Glaxo, zanamivir) sont des inhibiteurs de la neuraminidase (protéine) des virus grippaux. Pris précocement, ils diminuent la durée et l'intensité des symptômes. La France dispose d'un stock de 33 millions de traitements antiviraux.
CONTAGIOSITE : Aptitude d'un virus à être transmis d'homme à homme.
GRIPPE SAISONNIERE : Grippe courante, survenant essentiellement durant l'hiver de chacun des hémisphères. Les épidémies saisonnières sont dues à des sous-types de la grippe qui ont déjà circulé dans la population.
GRIPPE PORCINE : à l'origine de l'actuelle pandémie, il s'agit d'une grippe causée par un nouveau virus A(H1N1) qui n'avait jamais circulé auparavant chez l'homme. Il s'agit d'un virus hybride résultant d'un réassortiment de virus porcin, aviaire et humain.
GRIPPE AVIAIRE : est provoquée par des virus grippaux A (H5, H7, H9) d'origine aviaire touchant les oiseaux domestiques ou sauvages. La souche H5N1 a tué plus de 250 personnes depuis 2003, principalement en Asie du sud-est, le plus souvent en contact étroit avec des volailles.

GROUPE A :
responsable des pandémies. La grippe humaine est due à trois groupes de virus : A, B, C. Les virus A et B sont à l'origine des épidémies saisonnières mais seul le virus A est responsable de pandémies. Le virus C occasionne des cas sporadiques.
Het N : deux protéines (antigènes) de la surface de l'enveloppe virale définissant les différents types de virus, l'hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N). Par exemple H1N1 ou H5N1.
MASQUES : Il existe de puissants masques de protection respiratoire (type FFP2) pour les soignants et autres professionnels exposés. D'autres types de masques, dits anti-projections ou chirurgicaux, portés par les malades, visent à protéger leur entourage. La France a acquis un milliard de masques anti-projections et 723 millions de masques de protection.
MUTATION : Les virus grippaux se caractérisent par leurs fréquentes mutations. Cette évolution génétique se fait :
-soit par glissement lors des épidémies saisonnières,
-soit par cassure, dans le seul cas des virus de type A. Un virus grippal d'une espèce (oiseau par exemple) peut échanger du matériel génétique avec des virus d'une autre espèce : c'est ce qu'on appelle le «réassortiment». Un nouveau virus hybride est produit: on parle alors de «cassure» ou de «saut» antigénique.
PANDEMIE : Epidémie globale due à l'émergence d'un nouveau sous-type du virus grippal A entraînant un grand nombre de cas graves.
Trois grandes pandémies de grippe ont été recensées au siècle dernier : grippe espagnole (virus H1N1) de 1918/19, grippe asiatique (H2N2) en 1957, grippe de Hong Kong (H3N2) en 1968.
VACCIN : Le vaccin prépare le système immunitaire à défendre l'organisme contre une infection virale. Les vaccins antigrippaux contiennent généralement une forme affaiblie d'un virus circulant.
Le vaccin anti-grippal annuel, contre la grippe saisonnière, est habituellement un cocktail contre deux souches virales du groupe A et une du groupe B, adapté chaque année en fonction des recommandations de l'OMS pour tenir compte des souches virales en circulation.
Le vaccin contre la grippe saisonnière ne protège pas contre le nouveau virus H1N1. D'où la nécessité de fabriquer un nouveau vaccin qui devrait être disponible cet hiver dans l'hémisphère nord. La France a commandé 94 millions de doses de ce vaccin.
VIRULENCE : La virulence d'une souche grippale se traduit par le taux de mortalité parmi les personnes malades, ou taux de létalité. Très contagieux, le virus actuel semble peu virulent.
http://www.lepays.fr/fr/article/1813816,1214/Grippe-A-nouvelle-regle-a-partir-de-jeudi-appeler-son-generaliste.html

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