Se remettre en question, indispensable mais pas évident !!!

Publié le par sceptix

VOULOIR REFAIRE LE MONDE


Assis confortablement à la table du jardin, verre de vin à la main et en agréable compagnie, nous nous plaisons tous à "refaire le monde". Nous aimons exposer les absurdités de la société, ses problèmes et ses enjeux, et nous prenons un malin plaisir à en repenser les fondations et à restructurer tout ce qui "ne va pas". Ce faisant, lorsque nous nous penchons sur les raisons d'être d'un tel état de choses, la majorité d'entre nous en arrive rapidement à la conclusion que nos sommes victimes de nos dirigeants car ceux-ci nous manipulent, nous contrôlent via des techniques dignes de Machiavel, nous conditionnent par l'entremise des médias et ne font de nous qu'une main-d'œuvre bon marché sur leur échiquier économique. Nous ne nous gênons pas non plus pour clamer haut et fort que les religions de ce monde nous ont manipulés depuis la nuit des temps et que le système monétaire nous a corrompu l'esprit et a fait de nous d'avares matérialistes.

Certes, tout cela est vrai et lorsque nous en prenons réellement conscience, notre réaction est unanime et sans équivoque : nous voulons refaire le monde.

Puisqu'il est malade, nous voulons le guérir en éradiquant pauvreté et maladie, et puisqu'il est en désordre, nous désirons sincèrement le replacer adéquatement en mettant fin aux guerres et à l'avarice. C'est ainsi que, confortablement assis dans le jardin de notre résidence secondaire, nous remettons tout le système social en cause : chaque parcelle de sa constitution et chaque principe de sa fondation sont, selon nous, à revoir entièrement. Et si nous étions les élus et acteurs de ce système, s'ensuivraient discussions, réflexions, comités de sélection, votes et nouvelles lois, politiques et règlements plus "justes".

Mais à bien y penser, puisque la dynamique de base demeurerait la même, il est fort à parier que rien ne changerait réellement. Il est simple de refaire ainsi le monde, dans le confort même de celui-ci, dénonçant hypocritement son caractère matérialiste alors que nous sommes entourés de biens superflus, nous indignant devant sa mentalité perverse alors que nous jugeons sévèrement chacun de ses participants.

Mais nous ne nous demandons pratiquement jamais s'il ne serait pas possible qu'une société, quelle qu'elle soit, ne soit pas réellement à l'image de ses constituants de base, c'est-à-dire des êtres qui la forment. Il nous arrive rarement de nous rendre compte que la société dans laquelle nous vivons n'est qu'un reflet, un miroir, et que l'image qu'elle nous renvoie n'est en réalité que notre propre image. En effet, comment une société, aussi malsaine et pernicieuse soit-elle, pourrait-elle être ainsi si chacun de nous, intérieurement (et habituellement sans se l'avouer) n'étions pas ainsi ? Et si toutes les faiblesses et perversions de la société actuelle n'étaient autres que le reflet, à plus grande échelle, de nos propres états d'âme, de notre propre façon d'être, de penser et d'agir ?

Il n'est certes pas agréable de nous imaginer aussi "dysfonctionnel" que le système égocentrique qui nous entoure, mais il faut nous rendre à l'évidence : si nous y vivons, si nous y participons, c'est que nous l'acceptons, d'une façon ou d'une autre, et l'alimentons de surcroît. Sans quoi, nous n'en ferions pas (ou plus) partie.

Il va donc sans dire que chacun de nous qui accepte de vivre selon les normes établies, qui accepte que "ce soit ainsi", continue alors, jour après jour, à prêter serment en quelque sorte, à signer ce contrat d' "union légale" avec ce système et accepte ainsi la sentence inscrite au bas de celui-ci en caractères minuscules (sentence que nous ne connaissons d'ailleurs que rarement puisque nous prenons rarement le temps de la lire et d'y réfléchir).

La société est donc ainsi faite. Qu'on le veuille ou non, elle est constituée d'êtres endormis et inconscients : d'êtres indifférents à la sentence commune. Elle se compose d'esclaves qui se croient souverains tant et aussi longtemps qu'ils ne perdent pas trop au jeu qu'on leur impose. En somme, elle est faite d'êtres faibles qui refusent de prendre leurs responsabilités et préfèrent qu'on les dirige. Puisque nous refusons obstinément de prendre notre pouvoir personnel en main et d'ainsi diriger nos vies comme nous l'entendons, sans "pouvoir officiel" pour nous mener vers le "droit chemin", nous n'utilisons ni ne cultivons notre habileté à penser par nous-mêmes, mais préférons grandement accepter nonchalamment les consensus et les prêts-à-penser dans le confort et l'indifférence.

Et voilà que lorsque nous nous affairons à "changer le monde", c'est dans le confort que celui-ci nous apporte et c'est surtout à défaut d'entreprendre la difficile tâche de se remettre soi-même en cause. En effet, il est beaucoup plus facile de pointer du doigt les rouages inadéquats du système en place que de reconnaître les faiblesses en soi. Et le tout selon la fausse rhétorique  que si le système change notre vie changera. Mais notre façon d'être, dans l'état actuel des choses, continuera d'exiger un système qui nous prenne en charge, prenne soin de nous et aille même jusqu'à penser pour nous. Et c'est ainsi qu'à coups de réunions, de décrets de lois et de signatures de contrats qui détermineront qui s'occupera de quoi que rien n'aura réellement changé, puisque nous désirons toujours que quelqu'un d'autre prenne la responsabilité à notre place.

Si le système est ainsi fait, c'est que nous sommes ainsi, tout simplement.

Vers un changement de soi ?

Il faut donc se rendre à l'évidence : ce que nous devons changer, c'est nous-mêmes, car c'est la seule chose que nous pouvons changer. C'est seulement en refusant notre dynamique interne que nous pouvons y parvenir car c'est uniquement en réalisant que le système présent utilise nos faiblesses pour réussir à être ce qu'il est, et qu'il est indispensable de nous défaire de celles-ci plutôt que du système lui-même.

Mais ce n'est pas chose aisée de laisser tomber ce que nous avons trop longtemps considéré comme "soi-même", notre personnalité, notre "identité", c'est-à-dire nos habitudes physiques, mentales et émotionnelles, notre confort et nos conceptions habituelles du monde. Tout cela n'est pas une mince tâche : tenter de modifier ne serait-ce que la plus petite de nos habitudes, de façon substantielle, semble parfois relever de l'impossible et s'avère normalement d'une difficulté déconcertante.

Mais comme si cela n'était pas déjà assez ardu, s'ajoute à cette difficulté initiale un autre élément de taille, celui de connaître réellement ce qu'est soi-même. Cela peut sembler sorti tout droit d'un biscuit de fortune existentialiste, mais nous définissons notre "soi-même" trop souvent et à tort comme étant l'ensemble de nos habitudes. Ne serions-nous en réalité que cela ? Et si nous modifiions fondamentalement une ou plusieurs de nos habitudes (car nous le pouvons), cesserions-nous d'être nous-mêmes ? Lorsque nous fermons les yeux et tentons de trouver cet espace intérieur, savons-nous réellement ce que nous sommes ? Nous arrive-t-il de nous rendre compte que cet espace intérieur est indépendant de nos habitudes ?

Le message des enseignements traditionnels est majoritairement axé sur la connaissance de soi. Si nous ne nous connaissons pas réellement, ou  pire,  croyons à tort nous connaître en fonction de nos habitudes, comment pouvons-nous réellement espérer changer la plus petite parcelle de ce monde en ne sachant même pas nous définir nous-mêmes et encore moins changer ce nous-mêmes d'un iota ?

Et c'est ainsi que, verre de vin à la main à notre résidence secondaire et en agréable compagnie, nous nous vautrons dans cette gymnastique intellectuelle qui vise à exprimer notre ressentiment face à ce qui nous entoure sans même nous rendre compte que chacun de nous crée cette société dans laquelle nous vivons, et ce, au même titre que chaque arbre participe à la création de la forêt dont il fait partie. Nous disons souvent que c'est "l'arbre qui cache la forêt", mais dans ce cas-ci, c'est la forêt qui devient un prétexte pour l'arbre.


Source - Webmestre Zone-7

Rien à ajouter, tout est dit

Publié dans SOCIETE

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M
Evidemment j'adhére complétement à cette analyse qui réclame une remise en question de chacun d'entre nous . Il faudrait donc comme éxigé , se connaitre soi même et accepter de sacrifier à son confort de tous les jours et à son bien être. Or beaucoup de ces révolutionnaires de salon ou  sous la tonnelle de sa résidence secondaire un verre à la main , refuseraient de remettre en cause leur confort matérielle et regarde le peuple dont ils sont censés faire partie comme une entité étrangére à eux. Cette masturbation pseudo politique ou sociale ou intellectuel n'est qu'un  passe temps avant de revenir à ces chères habitudes...
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F
Pas vraiment d'accord avec tout cela, même si cela sent beaucoup la petite bourgeoisie qui fait le gros des petits penseurs de cette société, penseurs autour d'un verre, pendant les vacances, profitant de la chaleur et de l'éloignement des habitudes quotidiennes.Il y a énormément de gens qui refusent ce système, qui en refusent les fondements même, et ça, la petite bourgeoisie ne veut même pas en entendre parler. Je veux parler de l'inutilité de la télévision, de l'inutilité de la propriété privée dans une civilisation humaine digne de ce nom.Oui, nous en sommes loin, très loin.Inutile, donc, de palabrer, si c'est pour seulement regarder la forêt. Etre humain, c'est retrouver sa place dans ce monde. Peu imaginent seulement comment commencer à esquisser une réflexion là dessus.
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R
c'est vrai que par exemple il s'est trouvé 53% de français pour voter pour le chéri des Tatie-Danielles, Le pouvoir qu'on a (et la télé qu'on a ) même si on se voile la face et répugne à le reconnaître, c'est le pouvoir qu'on mérite ! il est à notre image, à l'image de la majorité des français en tous cas (et dans quelle mesure y trouve-t-on aussi l'image des autres ?) Et si les artifices perfides contres les libertés et dignités individuelles arrivent à se faire accepter, et même souhaiter, grâce à de savantes manipuations de l'opinion, c'est que justement la population est réceptive; et par exemple n'a pas compris que comme disait je ne sais plus quel Père Fondateur des USA "Celui qui accepte de sacrifier la liberté pour avoir la sécurité, ne mérite ni la liberté, ni la sécurité". Tant qu'on n'aura pas compris la valeur de la liberté, ni appris à vivre en société, ni su mettre "les choses à leurs places ("Mets les choses à leurs places et elles temettront à la tienne" proverbe arabe) il n'y aura presque personne pour se révolter. Et puis il faut de l'analyse et de la pénétration pour deviner  les dangers perfides dans les choses qui semblent anodines (regardez l'arnaque qu'on nous a fait autour de nos animaux familiers, prétenduement menacés de trafic pour la vivisection, tout ça pour nous faire accepter  ces pervers tatouages, et la suite ...)après c'est toujours plus dur de remonter la pente; il est souvent trop tard (comme ce fut le cas en Allemagne en 33 et la suite), c'est pour ça  qu'on dit "Principiis obstat" et "Finem respices".
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P
Ce qui me gêne, ce sont les gens qui refont le Monde tranquillement assis à la table de jardin de leur résidence secondaire. Les rebelles de salon font le Monde, le refaire est tout au plus une démarche aphrodisiaque... Bise
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