Adolf en a révé, Angela le fait

Publié le par sceptix

 

 

 

Après la Grèce, le plan de sauvetage de l'Irlande, 90 milliards d'euros de prêts étalés sur trois ans, marque encore davantage la soumission des élites européennes au dogme de l'euro, et derrière ce dogme à ce que nous ne devons plus avoir peur d'appeler "l'Europe allemande".

Ce plan de sauvetage, comme le précédent et comme le suivant, n'a en effet qu'un seul objectif : permettre aux pays touchés par la banqueroute de survivre sans avoir besoin de quitter l'euro.
Au lieu de tirer les conséquences de l'échec désormais patent de la monnaie européenne, les élites dirigeantes préfèrent sacrifier les peuples à cette vache sacrée, et prennent toutes les mesures pour sauver le soldat euro. Quitte à entraîner avec elles dans le gouffre de leur folle idéologie les peuples d'Europe !

 

Derrière la politique de l'euro à tout prix, il y a la soumission à l'Europe allemande.

Comme l'écrit Emmanuel Todd, avec beaucoup d'autres et de nombreux économistes (citons Jean-Luc Gréau par exemple), l'euro est un instrument aux mains de l'Allemagne pour affirmer sa suprématie sur le continent et écraser ses concurrents. En effet, à l'époque des monnaies nationales, les pays comme la France ou l'Italie, présents sur les mêmes marchés que l'Allemagne, pouvaient rester compétitifs vis-à-vis de leur puissant voisin en pratiquant régulièrement des dévaluations monétaires. Quand l'Allemagne baissait le coût de sa main d'oeuvre, ces pays dévaluaient leur monnaie nationale. Ainsi, de 1950 à 1990, la parité entre le franc et le mark est passée de 1 mark = 1 franc à 1 mark = 3,5 francs. La France résistait sur les marchés extérieurs, et notre croissance économique ne souffrait pas de cette politique, au contraire.

 

Depuis la création de l'euro, cette équation n'est plus possible. Face à une Allemagne qui fait pression comme jamais à la baisse sur ses propres salaires, la France ou l'Italie, notamment, ne sont plus en mesure de riposter, liées par une monnaie qu'il leur est impossible de dévaluer. Le résultat est très clair : les 2 tiers de la dégradation de notre balance commerciale avec l'Allemagne a lieu au sein même de la zone euro. C'est au sein de la zone essentiellement, et non en Chine ou ailleurs, que l'Allemagne grignote régulièrement des parts de marché sur le dos des exportateurs français et italiens, essentiellement.

 

Mettre le paquet pour sauver la monnaie unique, c'est donc assurer la pérennité de ce modèle euro-germanique.


D'autres signes témoignent de la suprématie allemande sur la construction européenne.
Prenons l'exemple du Traité de Lisbonne, que les dirigeants européens ont récemment accepté de réouvrir, sous pression d'Angela Merkel. Cette réécriture partielle du Traité a une explication majeure, rarement perçue dans les médias français : la nécessité pour l'Allemagne de l'adapter à ses propres règles constitutionnelles. La Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe (équivalent de notre Conseil constitutionnel) n'a en effet accepté la création du Fonds européen de stabilisation financière qu'à condition qu'il soit temporaire. Il était donc nécessaire de modifier Lisbonne pour répondre à cette exigence de la Cour allemande.

 

Vous avez bien lu : quand l'Allemagne juge qu'un Traité n'est pas conforme à sa Constitution, ce n'est pas sa Constitution qu'elle modifie comme la France l'a déjà fait à 5 reprises pour des raisons liées à l'Europe depuis 1992, mais c'est le Traité qu'elle modifie !

Cette attitude qu'on peut qualifier de "souverainiste" est aux antipodes de la position "européiste" de notre Conseil constitutionnel, et témoigne de ce que l'Allemagne n'a pas froid aux yeux quand il s'agit d'assurer sa suprématie.

 

La Cour constitutionnelle de Karlsruhe est d'ailleurs de plus en plus clairement sur une ligne très nationale, qui renforce ce sentiment de domination germanique assumée.
Ainsi, dans un arrêt très intéressant rendu le 30 juin 2009 à l'occasion de l'adoption du Traité de Lisbonne, la Cour a pointé du doigt "un déficit de démocratie structurel au niveau de l'Union européenne" (nous n'imaginons pas une seconde nos "Sages" du Conseil constitutionnel se permettre un tel affront à l'encontre de la Sainte-UE...).
Mais ce n'est pas tout. Dans le même arrêt, la Cour allemande exige une place plus importante pour le parlement allemand dans le processus de prise de décision européen. Elle demande à l'Union européenne de ne pas "outrepasser les compétences qui lui sont octroyées", et affirme que la primauté du droit européen n'est pas "absolue" (de quoi faire tomber tomber de leur chaise nos grands juges du Conseil d'Etat, de la Cour de Cassation ou du Conseil Constitutionnel...) et se réserve le droit de bloquer certaines lois pour préserver "la souveraineté et l'identité constitutionnelle allemandes".

Enfin, elle considère - avec justesse oserons-nous écrire - qu'il n'existe pas de peuple européen, et que dans ces conditions le parlement européen n'a pas de légitimité politique propre. Celle-ci émane des peuples, et donc des nations.

 

Décoiffant pour qui appartient à l'élite européiste française !

 

L'Union européenne de plus en plus nettement est sous domination allemande. L'Allemagne l'utilise pour promouvoir ses propres intérêts nationaux. Il n'y a rien de choquant à le dire, à l'écrire et à le faire savoir. Il faut simplement en être conscient et se dire qu'après tout, il n'y a qu'en France qu'on croit encore naïvement que l'Europe est le paradis des bisounours, unis pour la paix et l'amour.

Non, l'Europe est une affaire politique, et donc par définition une question de conflits d'intérêts. A nous de savoir retrouver le sens légitime de nos intérêts nationaux !

 

Source :  Le vrai débat

 

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