Afghanistan: Obama réunit un 5e conseil de guerre sur fond de tensions (normal pour un Nobel de la "paix")
Agence France-Presse |
Barack Obama a présidé mercredi un cinquième conseil de guerre sur l'Afghanistan avant de décider d'une nouvelle stratégie, tâche compliquée par l'imbroglio électoral afghan, les tensions au Pakistan voisin et les dissensions aux États-Unis sur l'envoi ou non de renforts.
M. Obama a indiqué mardi qu'il arrêterait «dans les prochaines semaines» la stratégie. C'est alors qu'il dira s'il déploie plusieurs de dizaines de milliers de soldats en plus des quelque 65 000 déjà sur place, comme le lui demanderait son commandant sur le terrain, le général Stanley McChrystal. M. Obama a rappelé qu'il était engagé dans d'intenses consultations pour l'aider à prendre l'une des décisions les plus importantes de sa présidence.
«Ce sont de nombreuses pièces qui doivent s'assembler», a dit son porte-parole Robert Gibbs, «des points de vue militaire, civil, diplomatique».
«Il faut élaborer une politique qui marche», quitte à prendre «un peu plus de temps pour faire les choses comme il faut», a dit M. Gibbs pour parer le reproche d'indécision contre un président qui a tenu en août la première réunion du genre.
Le rythme des réunions ultra-secrètes de M. Obama avec ses généraux concernés, ministres, diplomates et chargés de la sécurité nationale s'est intensifié récemment. Une autre est prévue la semaine prochaine.
M. Obama est saisi de différentes recommandations du général McChrystal. La préférence de ce dernier irait à l'envoi de 40000 hommes supplémentaires.
M. Obama est confronté à l'opposition grandissante chez les Américains à une guerre vieille de plus de huit ans et de plus en plus sanglante.
Un allié démocrate aussi éminent que John Kerry se dit très circonspect quant à l'envoi de renforts.
M. Obama ne dit rien sur ses inclinations éventuelles.
On ignore dans quelle mesure la décision annoncée mercredi par le gouvernement britannique d'envoyer 500 soldats supplémentaires en Afghanistan influencera M. Obama.
Ce dernier s'est entretenu jeudi avec le premier ministre Gordon Brown, au moment où se préparait l'annonce britannique.
L'une des rares indications fournies par les collaborateurs de M. Obama, est que, dans tous les cas, il ne réduira pas considérablement les effectifs.
Mais même ses plus hauts collaborateurs passent pour être partagés. Le vice-président Joe Biden préconiserait une approche antiterroriste visant plus Al-Qaeda que les talibans tandis que la secrétaire d'État Hillary Clinton et le secrétaire à la Défense Robert Gates auraient une vision plus large.
M. Obama a redit mardi que l'objectif principal consistait à empêcher que la région ne serve à perpétrer contre les États-Unis des attentats comme ceux du 11 septembre 2001. Il a aussi souligné le part considérable prise par le Pakistan dans le réexamen de la stratégie.
Or, la coopération entre Washington et Islamabad dans le combat antiterroriste suscite actuellement de vives tensions au Pakistan. Les conditions dont est assortie une aide américaine de 7,5 milliards de dollars sont perçues au Pakistan comme une humiliation.L'administration Obama peut au moins espérer voir prochainement se dénouer l'embrouillamini électoral afghan. Le porte-parole de M. Obama a assuré que le règlement de cette question ne déterminait pas le calendrier du président américain.
Mais il a reconnu que «l'issue de l'élection, le genre de partenariat que nous avons avec le gouvernement civil (étaient) extrêmement importants» dans l'élaboration de la stratégie américaine.