Al-Qaïda dément être responsable des attentats qui frappent le Pakistan
Même si cela cautionne en passsant la fable d'une structure 'terroriste' Al-Qaida bien organisée, l'info reste intéressante dans la mesure où elle met en évidence le côté très suspect des attentats terroristes contre la population. (contre les forces d'occupation et collaboratrices, c'est tout à fait légitime). Et usuellement, les déclarations des "responsables" taliban, Al Qaida, etc... s'avèrent être plus fiables que celles des responsables de l'Otan!
Le but est certainement de 'semer la terreur', mais au profit de qui, dans les faits?
L'article du Monde ci-dessous montre par ailleurs en quoi consiste de façon un peu plus réaliste ce démoniaque "réseau islamique international" (même s'il faut prendre ce témoignage avec des réserves : manifestement il ne vient pas un insatnt à l'esprit de cette personne que ces jeunes pourraient rejoindre les combattants pour bouter les occupants du pays): "Dans le sud afghan, [les taliban] ont intégré beaucoup de jeunes venus parce qu'ils n'avaient pas de travail parce qu'ils étaient attirés par l'image de guerrier du taliban ou le moyen de gagner un respect et de l'argent qu'ils n'avaient pas à Kandahar ou dans leur campagne"
2. A Kandahar, le rare témoignage d'un "étranger" sur l'avancée talibane
Al-Qaïda dément être responsable des attentats qui frappent le Pakistan
AP 12/12
Dans un enregistrement vidéo en langue anglaise, Adam Gadahn, membre d'Al-Qaïda chargé de diffuser les messages du réseau terroriste à destination du monde anglophone, affirme que ces attentats sont anti-islamiques.
"Ces actes déplorables, et le fait d'en rendre responsables les moudjahidines, ne servent que les ennemis de l'islam et des musulmans, qui regardent aujourd'hui la défaite dans les yeux", déclare Adam Gadahn, un Américain installé, selon le FBI, au Pakistan depuis 1998.
Plus de 500 personnes ont été tuées dans la vague d'attentats qui frappe le Pakistan depuis le mois d'octobre et le lancement par l'armée pakistanaise d'une grande offensive contre les talibans dans le Sud-Waziristan, région tribale à la frontière avec l'Afghanistan.
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A Kandahar, le rare témoignage d'un "étranger" sur l'avancée talibane
Le Monde, 11/12
Grand échalas aux allures d'adolescent, Alex Strick van Linschoten, pourrait, de loin, ressembler aux Afghans de Kandahar. Sa barbe est de bonne taille sans être très fournie, son blouson passé sur son shalwar kamiz bleu foncé (longue chemise sur un pantalon bouffant) le protège du froid en ce début d'hiver, et ses pieds nus chaussent ces sandales bon marché venant du Pakistan que portent nombre d'Afghans.
Ce Néerlandais élevé en Grande-Bretagne est, avec un de ses amis, Félix, un Allemand qui travaille avec lui, le dernier Occidental, à vivre sans protection dans la deuxième ville d'Afghanistan, au sud du pays. Kandahar compte plus de 200 000 habitants, les rares étrangers qui y résident appartiennent à des organisations internationales, mais tous sont barricadés derrière de hauts murs, des barbelés et des gardes armés.
Kandahar est devenue l'une des villes les plus dangereuses du pays depuis le retour en force des talibans dont c'est le berceau historique. Mais Alex Strick van Linschoten n'a rien du routard indifférent au monde. "Je vis ici parce que tout ce qui se passe dans ce qu'on appelle le grand kandahar affecte le reste du pays depuis des siècles", explique-t-il d'une voix posée.
Il vit en permanence depuis plus de deux ans à Kandahar mais y a séjourné de nombreux mois, ainsi que dans le reste du pays depuis 2004, ce qui a fait de lui un témoin unique sur le sud afghan et surtout un observateur avisé du monde taliban. Les chercheurs anglo-saxons et européens font appel à lui, car il ne cède à aucune propagande, pas plus celle des talibans que celle de l'OTAN.
Il s'apprête à publier, au mois de janvier 2010, un ouvrage, Ma Vie avec les talibans, écrit pour le compte du mollah Abdul Salam Zaeef, ancien ambassadeur au Pakistan du régime taliban. "C'est un travail de quatre ans qui est parti du récit fait par le mollah de sa captivité à Guantanamo que nous avons transformé en biographie et en recherche sur la naissance du mouvement taliban jusqu'à 2001".
Les bonnes pages, déjà saluées par des spécialistes reconnus tels que le chercheur Antonio Giustozzi ou Michael Semple, ex-représentant pour l'Union européenne en Afghanistan, détaillent la génèse de l'histoire talibane. "Ce mouvement n'est pas né en 1994, juste avant leur arrivée au pouvoir, mais dès les années 1980, lors de la guerre contre les Soviétiques, il y avait des groupes de moudjahidine composés d'étudiants en religion, les talibans".
Selon Alex Strick Van Linschoten, les rangs talibans auraient perdu "en pureté religieuse" depuis leur chute du pouvoir en 2001. L'exil, voire la mort, des ex-leaders talibans, le renouvellement des troupes, le tarissement de certaines filières pakistanaises passant par les madrassas (écoles religieuses) auraient modifié la nature même du mouvement taliban. "Dans le sud afghan, ils ont intégré beaucoup de jeunes venus parce qu'ils n'avaient pas de travail, explique-t-il, parce qu'ils étaient attirés par l'image de guerrier du taliban ou le moyen de gagner un respect et de l'argent qu'ils n'avaient pas à Kandahar ou dans leur campagne".
A l'entendre, l'organisation interne des talibans ne serait pas aussi rigoureuse que le disent généralement les militaires de l'OTAN. "C'est un système souple et pragmatique qui laisse la place à des revirements et à la confusion, je ne pense pas ainsi que les talibans savent déjà ce qu'ils feront s'ils reviennent au pouvoir".
S'il admet l'existence d'une structure de commandement dans la ville pakistanaise frontalière de Quetta autour du mollah Omar, chef historique des talibans, il ne croit pourtant pas à l'obéissance absolue des troupes. "Si le mollah Omar acceptait le processus de réconciliation, ses troupes ne suivraient pas forcément, trop de gens s'enrichissent sur le dos de l'insurrection pour arrêter".
Les talibans peuvent par ailleurs s'appuyer sur la population. "Pour les gens, le gouvernement est faible et corrompu, depuis 2003, les talibans ont tué des dizaines de chefs tribaux qui s'opposaient à leur emprise, et même si la vie des Afghans ne s'améliorera pas avec les talibans, de toute façon, ils n'attendent rien de quiconque, alors autant vivre avec ceux que l'on connaît même si on les craint".
Kandahar est à l'image de cette avancée des talibans. Depuis janvier 2009, ils circulent en ville à leur guise et organisent des postes de contrôle. Ils ont réduit le nombre d'attaques-suicides et multiplié les assassinats ciblés au coeur de la cité. Il ne reste que deux ilôts protégés, la maison du gouverneur et celle du frère du président Hamid Karzaï.
"Pour moi, dans l'esprit, la ville est déjà tombée", dit Alex qui sait bien que sa peau blanche et ses lunettes rondes le distingueront toujours de ses amis afghans. "Avec Félix, on se pose régulièrement la question de notre sécurité, on reste profil bas et j'ai des amis afghans qui se portent garants pour moi mais on n'est jamais à l'abri d'un acte isolé".
Jacques Follorou