Au sommet européen, la colère gronde contre Angela Merkel
La chancelière allemande a exigé le traité sur «l’Union pour la stabilité» que les chefs d’Etat ou de gouvernement de l’UE doivent avaliser ce lundi à Bruxelles. Mais la colère gronde, sur fond de négociations autour de la dette grecque et de rejet généralisé de l’austérité, contre «l’Europe allemande»
Le cas de la Grèce risque d’empoisonner une nouvelle fois le sommet européen qui s’est ouvert ce lundi à Bruxelles à 15 heures.
Révélée ce week-end, la proposition de l’Allemagne d’envisager une mise «sous tutelle» budgétaire d’Athènes, afin de s’assurer que celle-ci remplira ses obligations, menace de réveiller les peurs d’une «Europe allemande» synonyme de rigueur généralisée. Ceci, alors que l’un des sujets majeurs de ce sommet informel des Chefs d’Etat ou de gouvernement de l’Union européenne, est précisément la croissance et l’emploi. Dans sa lettre d’invitation, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy dit attendre des dirigeants de l’UE des actes pour sortir l’économie des Vingt-Sept de l’ornière dans laquelle elle se trouve depuis maintenant deux ans.
La colère de la Grèce, toujours enlisée dans de délicates négociations avec ses créanciers privés à Athènes, est amplifiée par deux éléments.
Le premier est la possibilité, évoquée à Bruxelles, que la zone euro refuse à nouveau de valider le second plan de sauvetage, à hauteur de 130 milliards d’euros, accordé aux autorités helléniques en octobre, si celles-ci ne parviennent pas à conclure à un accord avec les banques.
Deuxième élément: la validation prévue ce lundi par les dirigeants des vingt-six pays qui ont accepté de le négocier – Royaume Uni excepté – du futur traité intergouvernemental sur «l’Union pour la stabilité» qui imposer entre autres aux pays signataires d’adopter des freins à l’endettement au niveau constitutionnel. Ce traité, voulu par l’Allemagne, est de plus en plus perçu comme un carcan qui emprisonnera l’Europe dans la rigueur et pourrait plonger celle-ci dans la récession. Dans une lettre adressée au sommet, le secrétaire général de Business Europe, l’association faîtière du patronat européen, a répété l’importance de redonner des perspectives aux entreprises, et de doper la croissance.
La proposition allemande, qui consiste à faire accepter à Athènes «un transfert de souveraineté budgétaire au niveau européen pendant une certaine période», a été jugée «vexante» par plusieurs capitales. «Attention à ne pas blesser plus que nécessaire» le peuple grec, a abondé le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, pour qui prôner une mise sous tutelle de la Grèce n’est «pas très sain». Les exigences d’Angela Merkel tombent en plus mal en Belgique, où une grève générale trés suivie a lieu ce lundi pour protester contre la réforme des retraites enclenchée par le gouvernement de coalition dirigé par le socialiste Elio di Rupo.
Il est probable que, dans un pareil contexte, l’Allemagne va s’efforcer de désamorcer ce débat explosif. Angela Merkel pourrait ainsi se montrer conciliante sur la future capacité d’emprunt du Mécanisme permanent de stabilité, le Fonds monétaire européen dont les dirigeants de l’UE doivent lors de ce sommet approuver la création et l’entrée en vigueur d’ici juillet 2012. Jusque-là, Berlin s’est battu pour la plafonner à 500 milliards d’euros, mais le président du Conseil italien Mario Monti a plusieurs fois demandé de passer à 750 milliards, pour en faire un pare-feu plus crédible.
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