Bourses : pire série baissière depuis le désastre boursier de janvier 2009
Wall Street: le déni de la réalité débouche sur un désastre
(CercleFinance.com) - 'C'est la descente aux enfers, la plongée dans les abysses, la débâcle totale, une chute dramatique, le sauve qui peut général, la fuite éperdue vers la liquidité, la capitulation des acheteurs...'.
Les sites boursiers anglo-saxons rivalisent dans la surenchère de gros titres catastrophistes... mais plutôt que de se poser la question de 'comment cela va t'il finir ?', il serait plus pertinent de se demander 'comment en est on arrivé là' ?
Se pourrait-il qu'une forme d'aveuglement militant des opérateurs (raisonnant et agissant majoritairement comme des 'day traders' peu soucieux du 'lendemain') débouche sur une situation explosive ?
Ceux qui vendent 'à tout prix' semblent redouter qu'elle devienne totalement incontrôlable (si elle ne l'est déjà), tant les autorités politiques et monétaires apparaîssaient désemparées -et sans initiative- devant l'effondrement des marchés d'actions.
Un plongeon de -5% du Nasdaq nous rappelle assurément les pires séances de l'après Lehman, de même qu'une chute de -500Pts du Dow Jones (du jamais vu depuis le 1er décembre 2008) ou un effondrement de -4,78Pts du 'S&P' (qui clôture à 1.200 'tout rond).
Et que dire de la flambée de +30% du VIX qui repasse au-dessus des 31Pts ?
Ce genre de score vertigineux démontre que les marchés -'qui ont toujours raison'- n'avaient soit rien compris à la situation et rien vu venir, soit rien voulu prendre en compte (tous les signaux d'alertes conjoncturels ont été systématiquement ignorés ces 6 derniers mois).
Et plus personne ne prétend qu'il faut 'acheter les creux': le mot d'ordre du jour est de ne pas chercher à rattraper le 'couteau qui tombe'.
Les commentateurs, interrogés en 'Live' depuis le 'floor' à Wall Street, s'empressent de souligner que la crise trouve son épicentre en Europe avec la tensions des taux en Espagne et en Italie (envolée de CDS) tandis que la BCE s'est montrée incapable de rassurer les marchés.
Même s'il avait tenté de le faire, il ne dispose pas des moyens de soutenir les marchés obligataires dès lors que la contagion gagne des pays comme l'Italie, et peut être même demain, la France.
Comme le dit le proverbe: 'la confiance monte par l'escalier mais elle descend par l'ascenseur'... et les marchés sont dans l'ascenseur !
Mais ce serait trop facile de mettre sur le dos des européens le renversement du 'sentiment général' car c'est bien aux Etats Unis que les chiffres de la croissance ont été revus de +1,8% à +0,4% -une grande première dans l'histoire de la statistique officielle américaine- (manipulation délibérée des chiffres -pour éviter de paniquer Wall Street- ou incompétence abyssale des statisticiens au plus haut niveau ?).
D'autre part, c'est bien aux Etats Unis que les députés du 'Tea Party' ont annoncé clairement leur intention d'envoyer le système fédéral actuel 'dans le mur' en torpillant tout projet de compromis sur la réduction des déficits et le relèvement du plafond de la dette.
Même Vladimir Poutine et des proches de Hu Jintao ont sévèrement critiqué l'attitude des ultra-libéraux (républicains ou affiliés au 'Tea Party'), accusés de prendre en otage le Congrès, et partant de là, les créanciers des Etats Unis.
La crédibilité des Etats Unis comme puissance économique -et comme 1er emprunteur de la planète- a été sérieusement compromise par le pitoyable psychodrame politique des 3 derniers mois.
Mais bien entendu, les européens sont responsables ce soir de tous les maux de Wall Street.
D'un point de vue technique (et chartiste) maintenant, nous assistons en même temps à une capitulation indicielle (dans d'énormes volumes) et à l'apparition d'un 'cygne noir', c'est à dire à un cas de figure graphique jamais observé avec 9 séances de repli consécutif en Europe et de 9 sur 10 pour le Dow Jones (pire série baissière depuis le désastre boursier de janvier 2009).
Vendre après 8 séances de correction constitue dans 99,9% des cas le meilleur moyen de prendre un énorme bouillon... mais pas en cet été 2011.
Les occasions d'acheter des 'actions qui sont ridiculement bon marché' (un slogan qui est diffusé en boucle depuis mars dernier) foisonnent... mais il n'y a plus d'acheteur pour ramasser l'une des 485 valeurs sur 500 qui a chuté ce jeudi.
Personne pour trouver attractif des valeurs cycliques comme US Steel et Alcoa à -9,25% ou AK Steel à -14,5%
Personne pour acheter Bank of America à -7,8%, Zions Bancorp à -7,2% ou Morgan Stanley à -6,3%, et encore moins MGIC à -20,5%.
Les constructeurs de maisons individuelles ont plonge de -8% collectivement alors même que les taux hypothécaires ont atteint ce jeudi leur plancher historique (moins les taux sont élevés, moins il y a d'acheteurs !).
L'effondrement de -6% du pétrole sous les 86$ (les investisseurs cherchent à se procurer du 'cash' par tous les moyens) a provoqué l'effondrement d' Anadarko et Valero (-8,7%), Chesapeake (-8,4%), le géant Halliburton (-9%), Consolidated Energy et National Oilwell (-12%).
Des écarts du même ordre ont affecté Nvidia et JDS Uniphase (-9,5%), Micron (-8,4%), Yahoo ou Citix (-7,8%), Illumina (-7,2%), RIM (-6,9%), Symantec (-6,3%, Dell (-5,6%), Applied Materials (-6%).
Les sherpas de l'économie mondiale (les dirigeants européens, la BCE, la Maison Blanche et la FED notamment) disposent d'une nuit pour trouver des solutions crédibles et le 'ton adéquat' pour éviter que les marchés revivent le scénario de septembre/octobre... mais en pire, avec des Etats entiers dans le rôle de Bear Stearns, Fannie Mae, Merrill Lynch, Freddie Mac, Lehman ou AIG !
Si Wall Street s'effondre, c'est le dernier pilier du 'sentiment de richesse' qui s'abattra sur la tête des épargnants et des retraités: on imagine sans peine quel colossal contrechoc cela provoquera sur la consommation des ménages américain, avec une plongée des USA dans une récession digne des années noires 1929/1934.