Ce que cache le ricanement sur Pernaut

Publié le par sceptix

Ce que cache le ricanement sur Pernaut
Par Daniel Schneidermann le 25/01/2010

Pernaut Mireille

Le spectacle est trop rare pour ne pas être savouré : depuis une semaine, le syndicat des hyper-éditorialistes dépossédés (SHED) mitraille de sarcasmes le malheureux Jean-Pierre Pernaut, coupable d'avoir été choisi pour diriger le panel de vraigens, qui posera sur TF1, ce soir, les vraiesquestions, à qui vous savez. Disparaissez, Pernaut, terrez-vous dans votre trou du 13 Heures, avec vos reportages sur le bonbon des Vosges, vos échassiers landais, vos mercières du Finistère, et vos bergers de Haute Provence.

Le ricanement sur Pernaut est facile, et tellement confortable. Le ricanement sur Pernaut met tout le monde d'accord. Le ricânement sur Pernaut est finalement aussi consensuel, ratisse aussi large, que le journal de Pernaut. Et on ne se refait pas : dès que je flaire un consensus inattendu, je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'il cache. Ce qu'il cache ? Une totale permanence du de la mainmise sur le dispositif. Comme le rappelait l'ancien directeur de l'information de TF1 Gérard Carreyrou dans notre dernière Ligne j@une, les émissions dans lesquelles parle le président de la République, dans la V ème République, ont toujours été co-produites avec l'Elysée. Choix des questions et des intervieweurs, ordre des séquences : tout cela s'effectue dans une harmonieuse collaboration. Avec pour immuable résultat que le monarque s'en sort toujours à son avantage.

Ce qui n'empêche pas que le système, parfois, dérape. Ainsi, l'émission avec des vraijeunes, pourtant confectionnée sur mesure par TF1 pour Chirac lors du référendum sur le TCE en 2005, fut l'une des plus révélatrices des dernières années. Chirac y apparut soudain, au propre comme au figuré, sourd au désarroi des jeunes, et aux raisons du vote non qu'ils mijotaient (revoyez-le  ici, en images). Les jeunes assemblés furent ce soir-là plus forts que le dispositif, de la même manière que les Etats Généraux, convoqués en 89, dépassèrent quelque peu le rôle qui leur avait été dévolu par les Ferrari-Pernaut de l'époque. Je m'égare ? Certainement. On en reparle demain.

le Neufquinze

Rappel en passant :

Boycott de l'émission

Publié dans Les chiens de garde

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