Chômage d'avril : une drôle d’«éclaircie»

Publié le par Charlotte sceptix

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Si la catégorie A semble se stabiliser, c'est au profit de l'«activité réduite» qui continue, elle, de croître. Et bizarrement, alors que Nicolas Sarkozy a promis des contrats aidés et des formations aux chômeurs de longue durée, le nombre des inscrits dans les catégories correspondantes baisse !

Fin avril, l'officielle catégorie A — demandeurs d'emploi sans activité aucune — compte 10.900 inscrits en moins par rapport à mars (et depuis janvier, le recul total s'élève à 53.400). C'est, nous dit-on, un quatrième mois consécutif de baisse qui laisse entrevoir cette «reprise» tellement attendue.

En glissement annuel, la hausse est de 0,2% : on peut effectivement parler d'une ébauche de «stabilisation» mais certainement pas de «reprise», puisqu'aucun reflux n'est véritablement acté.

Moins de chômeurs, plus de précaires

Et il est clair que cette soi-disant «reprise» s'édifie sur la précarisation de l'emploi : «la précarité de l’emploi [est la ] grande gagnante de la sortie de crise», constate Libération, et «la reprise passe d’abord par les "petits boulots"», confirme Marc Landré du Figaro. Une tendance confirmée par les dernières prévisions de l'Unedic qui ne prévoit pas de décrue de l'«activité réduite» avant 2012. Telle un tsunami, la crise a détruit des emplois pérennes par centaines de milliers et ne laisse derrière elle que des débris.

Les chiffres des catégories B et C — celles des chômeurs qui acceptent des petits contrats, faute de mieux — le prouvent. La catégorie B (activité inférieure à 78h/mois) s'est enrichie de 4.700 inscrits : sur l'année, la hausse est de 5,7%. La catégorie C (activité supérieure à 78h/mois) est restée stable avec 100 inscrits en moins : sur l'année, la hausse est de 12,8%. L'intérim, premier employeur privé de France et baromètre de la mauvaise santé du marché du travail, propose des missions de plus en plus courtes.

Au total, le nombre des inscrits en catégories ABC — c'est-à-dire l'ensemble des demandeurs d'emploi «tenus d'accomplir des actes positifs de recherche» — a reculé de 6.300 personnes en France métropolitaine pour s'élever à 4.039.100 (+3,3% sur un an). Avec les DOM, ils sont 4.301.200.

Où sont les formations et les contrats aidés ?

Telle est la question que l'on se pose lorsqu'on regarde l'évolution des catégories D et E depuis deux mois.

En effet, la catégorie D — demandeurs d'emploi non disponibles car en arrêt maladie ou en maternité, en stage, formation ou convention de reclassement —,  compte ce mois-ci 4.100 inscrits en moins (fin mars, on notait déjà un étrange recul de 6.500). En glissement annuel, la baisse est de 10,7%, ce qui est tout de même incompréhensible à l'heure où le «plan emploi» de Nicolas Sarkozy est censé battre son plein avec de nouvelles formations pour les chômeurs.

Quant à la catégorie E — demandeurs d'emploi non disponibles car en contrats aidés —, on compte 1.400 inscrits de moins (en mars, on notait un repli de 300). Où est le démarrage sur les chapeaux de roue claironné par Les Echos ?

La réponse est encore dans Les EchosChristian Charpy a déclaré, à propos des directives de Nicolas Sarkozy émises en février et consistant à faire en sorte que les chômeurs les plus exclus du système soient reçus par Pôle Emploi d'ici à fin juin «pour trouver une solution» (finale ?) : «Près des trois quarts des 680.000 personnes concernées et qui sont encore au chômage ont été reçues par Pôle Emploi ou ses partenaires». Parmi eux, «43.000 ont bénéficié d'un accompagnement renforcé et, à fin mars, 6.500 étaient entrées en formation». Si ces chiffres sont justes — ce dont on peut douter —, ça fait moins de 50.000 chômeurs de longue durée pour qui Pôle Emploi a trouvé «une solution » … sur 500.000 ! Taux de réussite : 10%.

Bref ! Au total, toutes catégories confondues (ABCDE), le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi en France métropolitaine s'élève à 4.624.700 (+2,8% sur un an). Avec les DOM, on arrive à 4.909.300 (+3,1% à l'année).

=> Voir la note de la DARES/Pôle Emploi de mai en pdf

Quelques points noirs persistent...

Le chômage des seniors continue de progresser

Pôle Emploi compte 776.300 inscrits de 50 ans et + dans les catégories ABC, soit 6.600 de plus qu'en mars et +14,1% en glissement annuel. Parmi eux, 402.900 sont des femmes.

Le chômage de longue durée ne recule pas non plus

Touchés de plein fouet par la crise, ils sont restés sur le carreau. Vu leur ancienneté dans le chômage, dédaignés par les employeurs qui préfèrent recruter de la chair fraîche, leurs chances de retrouver un emploi sont minimes.

Fin avril, ils étaient 1.532.300 en France métropolitaine, 1.635.400 avec les DOM, rien que pour les catégories ABC (+11,3% sur un an). Parmi eux, 678.900 percevaient le RSA. Pour mesurer correctement l'ampleur du désastre, il faut y rajouter les 350.900 inscrits en catégorie E (contrats aidés) et les 245.900 chômeurs âgés en DRE (les mal nommés «dispensés de recherche d'emploi»). Ainsi, en réalité, leur proportion s'élève à plus de 40% de l'ensemble des inscrits à Pôle Emploi.

L'ancienneté moyenne des inscrits des catégories ABC est de 450 jours, soit 2 jours de plus qu'en mars : un record depuis dix ans. Quant à la moyenne d'inscription des sortants, elle est de 245 jours (soit 9 jours de plus qu'en mars) et n'a pas reculé une seule fois depuis trois ans.

Des «sorties de listes» toujours aussi peu glorieuses

Fin avril, les reprises d'emploi déclarées (104.900 seulement), entrées en stage (30.900) et arrêts de recherche pour maladie, maternité ou retraite (36.700) ne représentent que 36,7% du total des sorties de Pôle Emploi pour les catégories ABC.

Le reste — 63,3% — est englobé dans les «cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation» (193.800, en baisse de 5,1% par rapport à mars), les radiations administratives (48.100, en hausse de 19,4% sur un an !) et les «autres cas» (55.200, en hausse de 2% par rapport à mars). Au total, en avril, ce sont 297.100 personnes qui sont ainsi sorties des listes. Il est donc important de rappeler que, quand le DG de Pôle Emploi déclare que «le contrôle de la recherche d'emploi […] donne lieu au total à environ 2.000 radiations par mois», il ment sans vergogne.

Enfin, on ne saura rien du nombre d'inscrits qui, arrivés en fin de droits et ne pouvant bénéficier d'aucune allocation de remplacement, cessent de pointer. Ces oubliés, ayant sombré dans la pauvreté, sont partis rejoindre silencieusement le «halo du chômage»...

Un nombre d'offres collectées toujours aussi dérisoire

En avril, Pôle Emploi n'a collecté que 285.700 offres (+3,5% sur un an). Dans le tas, sans s'apesantir sur celles qui sont en doublon ou bidons, 60% sont qualifiées de «temporaires» (1 à 6 mois) ou «occasionnelles» (moins d'un mois), tandis que le reste est considéré comme «durable» (plus de 6 mois).

Ce soir, au compteur de pole-emploi.fr, on note 233.401 offres en ligne destinées aux 2.900.900 chômeurs officiels de catégorie A que compte notre pays. Bon courage à eux !

SH


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Publié dans CHOMAGE&PAUPERISATION

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Commenter cet article
P
<br /> <br /> bah merci pour cet article bichette, cela pourrait remettre les pendules à l'heure, si les gens n'étaient pas aussi bornés. La réalité c'est les 233 000 offres d'emploi, dont une grande partie<br /> est bidon (genre offre pour vendre des assurances par exemple), une grosse partie concerne les travaux saisonniers normalement dédiés aux étudiants mais pris d'assaut par tous les "précaires" aux<br /> abois... Il n'y a que très peu d'offres solides proposant des contrats longue durée. Mais la crise n'était-elle pas justement faite pour précariser l'emploi ???? Alors voilà, c'est réussi. Gros<br /> bisous à toi ma biche<br /> <br /> <br /> <br />
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