Comprendre le Moyen-Orient : Yémen, nouvel enjeu idéologique et géostratégique

Publié le par sceptix

par boddah (son site) vendredi 29 janvier 2010

Ce pays magnifique coincé au sud de l’Arabie Saoudite est le théâtre d’enjeux modernes. La présence américaine se renforce, le gros voisin pénètre par le nord et l’autorité centrale est remise en cause au sud comme au nord. A la pointe de la péninsule arabique, face à l’Afrique, la Somalie, ses pirates, mais aussi la totalité du trafic pétrolier du Moyen-Orient, le Yémen est central.

 

Le Yémen est un magnifique pays, montagneux, aux ethnies et cultures diverses. Ces paysages sont splendides, ses villages perchés dans les replis des montagnes. Mais depuis son indépendance chèrement gagnée, le Yémen unifié résiste mal aux volontés indépendantistes et à la suprématie sunnite. L’Arabie heureuse connait en effet, depuis le début, des troubles au sud où les indépendantistes sont très actifs et mènent une lutte larvée depuis des décennies. C’est au large de ces côtes que passent un grand nombre de « tankers ». Au nord-est les Houthis, chiites dans un pays sunnite mènent une guérilla à la frontière de l’Arabie Saoudite. Ces Houthis sont financés et armés par l’Iran mais n’ont rien à voir avec Al Qaida, et pourtant…

La pilule paraît indigeste, mais cette fois encore le terrorisme et Al Qaeda servent d’excuses pour attaquer. Les américains se feront ils berner encore une fois ? Il semble que oui car le président et ses différents service ont (à peu près) bien préparé leur coup. Pourquoi faire une guerre au Yémen ? Pour répondre il est utile de décrire un peu la géopolitique de la zone. Le Seul et puissant pays chiite du Moyen-Orient est l’Iran. Face aux pressions plus ou moins violentes que subissent les chiites de la part des sunnites dans toute la zone, mais aussi pour déstabiliser ou affaiblir « l’adversaire », l’Iran finance, voire organise les révoltes chiites.

Depuis environs deux ans, les révoltés Houthis commencent à résister plus efficacement à l’armée Yéménite, pourtant armée par les États-Unis par le biais de l’Arabie Saoudite. L’armée rebelle est bien équipée et a obtenu quelques victoires symboliques, en difficulté, le gouvernement du Yémen a donc fait du pied, plus ou moins discrètement à ces généreux donateurs.

L’Arabie Saoudite ne s’encombrant pas des règles et traités internationaux, pénètre au Yémen réprimer les troubles dès l’été 2009 (officiellement en novembre). L’ingérence est un mot inconnu, et puis, pourquoi se cacher pour faire la même chose que l’on fait depuis longtemps ? Et puis l’Iran le fait lui aussi ! L’Iran ! Aussitôt le mot lâché, les oreilles du berger allemand de la planète se dressent. Pour montrer à l’Iran que la nôtre est plus grande (puissance bien sûr), les États-Unis ne peuvent refuser. Là où l’Iran semble manifester de l’intérêt, les USA doivent y être les premiers. Bien sûr le Yémen est géographiquement stratégique, mais surtout, en cette période de pression anti-nucléaire les États-Unis ne veulent pas laisser la moindre marge de manœuvre à leur ennemi déclaré. Le problème est que la population américaine à choisi Obama parce qu’elle ne voulait plus des guerres de Bush, il fallait trouver une méthode pour retourner une opinion malléable.

Le Nigérian Umar Farouk n’est donc qu’un moyen pour la CIA de faire accepter l’envoi de troupes au Yémen. Obama utilise les mêmes méthodes que Bush. Effectivement la tentative manquée d’attentat (comme le relaient à l’unisson les médias) d’Umar Farouk s’avère être une mise en scène organisée par les services américains. Ainsi comme pour Richard Reid (celui qui a « tenté » de faire exploser ses chaussures), la CIA a organisé une attaque terroriste, sans victimes afin de retourner l’opinion. Obama, prix Nobel de la paix, avait besoin d’une opinion favorable pour envoyer d’avantages de forces au Yémen (processus déjà bien avancé non officiellement). En effet l’aviation américaine bombarde déjà régulièrement la zone. Mais aucun GI n’a encore été envoyé dans ces montagnes arides.

Al Qaida existe au Yémen, près de 300 membres selon les autorités yéménites. Les montagnes sont un champs de batailles très ressemblant à l’Afghanistan. Il y a quelques camps d’entrainement mais bien moins qu’au Pakistan. D’une pierre deux coups, l’administration Obama espère aider l’ami de son ami tout en vendant une guerre contre Al Qaida. Effectivement, il n’y a pas davantage d’Al Qaida au Yémen que d’armes de destruction massive en Irak. Donc prochainement, sur nos télévisions vous pourrez assister au bombardement des méchants terroristes anti-démocratie en léger différé mais comme si vous y étiez. Ce sera programmé entre le tremblement de terre en Haïti et le prochain sommet, à moins que les JO n’obligent les troupes américaines à décaler leur attaque…

source : LGV

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