Davos : Bill Clinton veut associer le secteur privé à la reconstruction de Haïti
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L'ancien président américain Bill Clinton s'exprime devant le Forum économique mondial de Davos, le 28 janvier 2010 |
DAVOS — L'ancien président américain Bill Clinton a appelé les chefs d'entreprise rassemblés à Davos à investir avec confiance en Haïti, en accompagnant la reconstruction de sa partie détruite et en "accélérant" le développement des 70% du pays qui n'ont pas été touchés.
S'exprimant devant le Forum économique mondial (WEF), M. Clinton, devenu l'envoyé spécial de l'ONU pour Haïti après le séisme dévastateur qui a causé la mort de 170.000 personnes, a appelé les patrons à s'associer à "un partenariat global".
Il leur conseillé concrètement de "s'inscrire" à un bureau spécialement mis en place dans le cadre du Forum. "Inscrivez-vous et faites-le nous savoir, je vous promets que nos services apporteront un suivi", a-t-il dit.
L'investissement en Haïti doit être vu comme "une occasion de faire des affaires" plus que comme une forme d'assistance, a-t-il dit, faisant l'éloge du dynamisme et des efforts des Haïtiens, qui avaient laissé espérer avant le séisme une évolution économique enfin positive, dans un cadre démocratique.
Il a appelé les patrons à s'engager à "moderniser ce pays et à l'aider à compter sur ses propres forces". Une tâche qui se fera "sous leadership haïtien", a-t-il assuré.
Les Haïtiens "souhaitent se voir reconnaître le pouvoir de diriger leur propre cours à l'avenir", a-t-il insisté, en rappelant que Haïti a longtemps vu ses atouts méprisés ou exploités au cours de son histoire tragique.
"Il existe une opportunité pour imaginer l'avenir du peuple haïtien", "il ne s'agit pas de reconstruire comme avant", un travail de "réorganisation" est à mener, a-t-il plaidé.
Selon l'ancien président américain, 70% des terres et 60% de la population n'ont pas été directement touchés par le séisme. Il a "remercié" les entreprises "qui ont poursuivi leurs activités" depuis le séisme, notamment les activités touristiques qui procurent des devises.
Il a défendu le choix de voyagistes qui avaient poursuivi leurs croisières de luxe faisant escale dans la région de Port-Haïtien, au nord. La construction de l'aéroport de cette ville doit être accélérée, a-t-il recommandé.
L'"accélération" du développement de ces régions aura des effets positifs sur la reconstruction de celles dévastées, a-t-il résumé.
Pour M. Clinton, si les Haïtiens sont actuellement "en état de choc" et "frustrés" de ne pas voir l'aide leur arriver, ils disposent cependant encore de la "même chance" d'échapper à une situation critique qu'ils avaient su saisir après la tempête tropicale de 2008, quand ils avaient perdu quelque 15% de leur produit intérieur brut.
Dans l'immédiat, l'ancien président américain a souligné l'importance de fournir des abris provisoires sains, en plus de la distribution d'eau potable et de nourriture. Il a plaidé pour l'ouverture d'écoles provisoires.
Le chef de la diplomatie brésilienne, Celso Amorim, a estimé au cours du même débat qu'un programme massif devait être mis en oeuvre pour replanter des arbres à Haïti, et lutter ainsi contre les glissements de terrain.
Il a exhorté au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) "les pays développés et ceux des pays en voie de développement qui sont en mesure de le faire" à supprimer tous les droits de douane et les quotas sur les produits en provenance de Haïti.