Euro : mieux vaut sortir et dévaluer
« L’euro est semblable à un étalon-or des temps modernes, où le fardeau de l’ajustement retombe sur les pays les plus faibles. Comme l’étalon-or, l’euro oblige à effectuer ces ajustements sur les prix et les salaires réels, au lieu des taux de change. [...] La solution préconisée par les responsables européens consiste à réclamer plus d’austérité, mais les secteurs public et privé ne peuvent se désendetter qu’en dégageant d’importants excédents de la balance courante, ce qui n’est pas réalisable. » Jonathan Tepper dirige le cabinet de conseil Variant Perception. Dans la dernière livraison de sa note de conjoncture, il juge inévitable - mais aussi souhaitable pour les pays les plus faibles - une sortie de l’euro.
par Jonathan Tepper, Variant Perception, février 2012 - court extrait
Les pays européens de la périphérie souffrent de problèmes de solvabilité et de liquidité, rendant inévitables des défauts et probables des sorties de l’euro.
Grèce, Portugal, Irlande, Italie et Espagne ont accumulé un énorme volume de dettes extérieures, insoutenables dans une devise qu’ils ne peuvent ni imprimer ni dévaluer.
La dette extérieure des pays de la périphérie dépasse dans pratiquement tous les cas le niveau qui avait déclenché des crises dans les pays émergents, suivies par des défauts de paiement et des dévaluations.
Cette situation résulte de bulles d’endettement, dues en grande partie à une politique monétaire inappropriée.
Chaque pays de la périphérie est différent, mais ils sont tous trop endettés.
La Grèce et l’Italie ont un niveau élevé de dette publique.
L’Espagne et l’Irlande ont de très forts niveaux d’endettement du secteur privé. Le Portugal a un niveau d’endettement très élevé pour le public comme le privé. La Grèce et le Portugal sont sans doute insolvables, tandis que l’Espagne et l’Italie sont vraisemblablement dans une situation d’illiquidité.
Les défauts de paiement apportent une solution partielle. Même si ces pays font défaut, ils auront encore des taux de change surévalués s’ils ne quittent pas l’euro.
L’euro est semblable à un étalon-or des temps modernes, où le fardeau de l’ajustement retombe sur les pays les plus faibles.
Comme l’étalon-or, l’euro oblige à effectuer ces ajustements sur les prix et les salaires réels, au lieu des taux de change. Et un peu comme l’étalon-or, il a un travers récessionniste, où le fardeau de l’ajustement est toujours placé sur le pays à monnaie faible, et non sur les pays forts.
La solution préconisée par les responsables européens consiste à réclamer plus d’austérité, mais les secteurs public et privé ne peuvent se désendetter qu’en dégageant d’importants excédents de la balance courante, ce qui n’est pas réalisable, compte tenu du niveau de dette extérieure et de la faiblesse des exportations dans la périphérie.
Tant que les pays périphériques restent dans la zone euro, ils vont supporter le fardeau de l’ajustement et être condamné à la contraction ou une croissance faible.
Sur le web
Variant Perception - A Primer on the Euro Breakup : Default, Exit and Devaluation as the Optimal Solution