Grèce : le mouvement «Je ne paie pas» s'étend

Publié le par sceptix


Par Alexia Kefalas - le Figaro
Le mouvement de citoyens dénonce la hausse des prix ainsi que la dégradation des autoroutes (ici à Athènes) avec des pancartes où est inscrit : « Non aux péages, je ne paie pas ».
Le mouvement de citoyens dénonce la hausse des prix ainsi que la dégradation des autoroutes (ici à Athènes) avec des pancartes où est inscrit : « Non aux péages, je ne paie pas ». Crédits photo : © Yiorgos Karahalis / Reuters/REUTERS

Alors que la «troïka» d'experts européens et du FMI revient à Athènes pour vérifier les comptes, de plus en plus de Grecs, qui voient leurs finances se dégrader, refusent de payer dans les transports et les hôpitaux. 

Alors qu'une nouvelle mission de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fond monétaire international est à Athènes, le mouvement de citoyens s'opposant à la hausse des prix prend une ampleur nationale. Tous les matins, ils soulèvent les barres des péages sur les principaux axes routiers nationaux ; ils recouvrent de sacs en plastique les composteurs à l'entrée des stations de métro et distribuent des tracts dans les hôpitaux publics pour ne pas payer les soins octroyés : ce sont les citoyens du mouvement «Je ne paie pas».

Depuis le 1er février et la mise en vigueur de la nouvelle hausse des prix, ils sont de plus en plus nombreux - plusieurs centaines déjà - à préférer enfreindre la loi plutôt que de manifester. Une tendance qui suscite la sympathie de l'opinion publique. «La plupart d'entre nous n'ont plus les moyens de payer et ne veulent plus manifester», explique Giorgos Kosmopoulos, l'un des membres du mouvement.

La Grèce, sous tutelle budgétaire depuis près d'un an mène des réformes drastiques pour assainir ses comptes. Après l'augmentation de la TVA de 19 à 23 % en quelques mois, d'autres suivent. Ainsi, le ticket de bus et de métro est passé de 1 euro à 1,40 euro, alors que le salaire minimum plafonne à 592 euros. Pour les péages, «la situation est aberrante», souligne Giorgos Kosmopoulos, « les routes, qui datent de 1950, sont lamentables et dangereuses et on nous demande de payer pour leur future construction, d'autant que l'État ne propose pas de route alternative. Un agriculteur n'a souvent pas d'autre choix que de payer pour aller d'un champ à l'autre !», proteste-t-il.

 

Désarroi de la population 

Ce mouvement de contestation, qui s'étend à présent aux hôpitaux publics, reflète le désarroi d'une certaine tranche de la population saignée à blanc par les mesures d'austérité. Selon le sociologue politique Giorgos Kirtsos, «les Grecs commencent surtout à réaliser qu'ils n'ont pas fini de se serrer la ceinture. Ils n'ont plus confiance dans le système politique. La preuve, alors qu'on sait depuis le début qu'on ne pourra pas rembourser le prêt à temps, on doit négocier actuellement un allongement. C'est donc la cacophonie et la présence de la troïka ne rassure pas», explique-t-il.

À Athènes, toute la semaine, la nouvelle mission d'experts de la troïka va contrôler les comptes et l'avancée des réformes menées par le gouvernement socialiste afin d'accorder le quatrième versement du prêt de 110 milliards d'euros, soit 15 milliards en mars. Si les autorités grecques se veulent rassurantes sur cette échéance, elles redoutent tout de même le développement des contestations isolées comme celles du «Je ne paie pas».

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