Italie : Monti affiche sa sérénité malgré la flambée des taux d'emprunt

Publié le par Charlotte sceptix

 

Italie: Monti affiche sa sérénité malgré la flambée des taux d'emprunt

 

Le chef du gouvernement italien Mario Monti a affiché sa sérénité et rejeté tout besoin d'un plan d'aide malgré le bond des taux d'emprunt de l'Italie, qui est de nouveau une source d'inquiétude pour les marchés.

Au cours d'une émission obligataire test, Rome a emprunté comme prévu 6,5 milliards d'euros à un an, mais a vu ses taux flamber à 3,972% contre 2,34% au moment de la dernière opération similaire, le 11 mai. Le Trésor italien procédera à une nouvelle émission jeudi.

"L'aversion au risque est très élevée et les marchés se disent que l'Italie va suivre le même chemin que l'Espagne", commente pour l'AFP Cyril Regnat, de Natixis, qui juge cette vision "exagérée", la situation de Rome étant "beaucoup moins préoccupante" que celle de Madrid.

Malgré ce retour de la méfiance, Mario Monti a balayé mardi soir toute idée de plan d'aide, "même à l'avenir", et répété mercredi qu'il n'était pas question de "céder de façon asymétrique une partie de la souveraineté" nationale.

Se disant "très serein par rapport à la façon dont l'Italie se présente aujourd'hui dans le contexte international et devant les marchés", il a mis en avant, devant les députés, les points forts de son pays.

Le déficit public, largement inférieur à la moyenne européenne, devrait reculer à 1,7% du PIB cette année et on s'approcherait de l'équilibre budgétaire en 2013 tandis que les banques sont pour la plupart "stables" car elles "n'ont pas financé la spéculation immobilière", a-t-il souligné.

Mais depuis que Madrid a accepté samedi un plan d'aide pour ses banques, qui peine à convaincre les investisseurs, l'Italie est revenue dans la ligne de mire des marchés alors qu'elle avait réussi à regagner leur confiance en début d'année grâce aux mesures de rigueur et aux réformes du gouvernement Monti.

Et certains analystes craignent que ce pays, dont la dette colossale dépasse les 120% du PIB, ne soit le prochain domino de la zone euro à tomber.

Venant en soutien de l'ex-commissaire européen, un porte-parole du ministère allemand des Finances a toutefois affirmé que "la voie empruntée par Mario Monti en Italie (était) la bonne".

- moment "crucial" -

M. Monti, qui veut jouer un rôle de médiateur entre Paris et Berlin, a appelé à l'adoption d'un "paquet crédible de mesures pour la croissance" au sommet européen des 28 et 29 juin, seule à même de permettre une baisse des taux. Signe de la méfiance généralisée, même l'Allemagne a vu mercredi ses taux progresser à l'occasion d'une émission obligataire à dix ans.

A ce propos, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a affirmé que les points de vue de la France et de l'Allemagne étaient "en train de se rapprocher sur les initiatives de croissance" et que Paris allait se battre pour que "les choses bougent fortement sur ce point" à ce sommet.

Considérant que l'Union Européenne était à un moment "crucial", le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a décoché de son côté des flèches en direction de celles des "capitales" qui ne mesurent pas l'urgence de la situation.

"Nous avons un problème systémique devant nous, nous devons avoir un cap et le maintenir (...) Je ne sais pas si l'urgence est bien comprise par toutes les capitales aujourd'hui", a-t-il déclaré devant le Parlement européen à Strasbourg.

Premier foyer d'inquiétudes, la Grèce s'apprête à vivre de nouvelles élections dimanche et l'Europe doit "se préparer à toutes les éventualités", y compris un scénario négatif pour la zone euro, a jugé le ministre français de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici.

Alors que les créanciers d'Athènes lui réclament de tenir ses engagements, le chef de la droite grecque, Antonis Samaras, qui est au coude-à-coude avec la gauche radicale opposée à la rigueur Syriza, a estimé que les changements en Europe offraient "l'occasion" à la Grèce de "renégocier" le plan de rigueur.

Dans ce contexte de vives tensions, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a défendu le plan d'aide aux banques de son pays, face à l'opposition de gauche qui craint de lourdes conséquences pour la population.

"C'est un crédit aux banques que les banques elles-mêmes vont payer et nous devons nous réjouir que nos partenaires européens nous aient aidés", a déclaré M. Rajoy.

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