L’Iran « impliqué dans le 11 septembre » selon un tribunal newyorkais (ben voyons!!!)
le 24 janvier 2012 à 15:48
par Thomas Rabino
Alors que le programme nucléaire iranien reste au centre des préoccupations de l’Agence internationale de l’énergie atomique et du Conseil de sécurité, un nouveau volet de sanctions s’abat sur le pays. En parallèle, les Etats-Unis et leurs alliés agitent la menace d’un embargo pétrolier. Voici vingt ans, l’Irak subissait le même sort, jusqu’au renversement de Saddam Hussein en avril 2003.
Au-delà de l’impact stratégique de ces mesures, c’est la désignation répétée de l’Iran comme « ennemi mondial numéro Un » qui interpelle : à long terme et sur le plan de l’inconscient collectif, notamment américain, on peut se demander quelles traces laissera cette diabolisation, responsable en grande partie du soutien populaire à la guerre de 2003. Face à un adversaire supposément redoutable et imprévisible, les propos de Barack Obama précisant que « toutes les options sont sur la table » ne préparent-ils pas de facto son opinion à une action militaire ? Au-delà de leur poids dans la partie de « poker-menteur » engagée contre l’Iran, ces paroles participent d’un lent processus de persuasion. Dans cette même logique, celle d’une transformation plus ou moins volontaire des esprits en faveur d’un consensus pro-guerre, un « lien Iran-11 septembre » est depuis peu lourdement évoqué dans les médias américains.
Si le peuple américain, refroidi par l’expérience irakienne, craint à nouveau d’envoyer ses « boys » par-delà les océans, l’imminence d’une bombe atomique iranienne serait, d’après les sondages, de nature à créer une majorité en faveur de la guerre [1]. Or, à l’image de l’Irak, l’Iran est judiciairement accusé, depuis le 22 décembre 2011, d’avoir « soutenu de manière directe » les attentats du 11 septembre 2001. La charge est infamante. Elle fut fatale au régime baasiste, que 69 % d’Américains jugeaient, à l’été 2003, impliqué dans l’attaque terroriste.
Dans les attendus du jugement de 2011, l’ayatollah Khamenei, l’ex-président de la République islamique Rafsanjani, le ministre du Pétrole, les services de renseignement et de sécurité, la compagnie aérienne nationale et diverses institutions sont jugés coupables, au même titre que le Hezbollah. La source ? Principalement trois transfuges anonymes des services de renseignement iraniens, témoignant devant un tribunal fédéral newyorkais, saisi par des familles de victimes du « Mardi noir ». Pour un des procureurs, « il s’agit d’une preuve irréfutable que l’Iran était profondément impliqué dans la conspiration du 11 septembre. » Ceci posé, de nombreuses questions restent en suspens : quelle sens donner à un verdict censé toucher un pays que le tribunal de Manhattan estime « depuis 30 ans en guerre » contre les Etats-Unis ? D’où sortent ces fameux transfuges ? A défaut de réponses, une mise en perspective s’impose…