La Guerre de Libye ou l'effondrement moral de l'occident
La Guerre de Libye ou l'effondrement moral de l'Occident
« Morale » est un mot emprunté au latin moralis qui signifie « relatif aux mœurs ». Au XVème siècle, ce terme qualifiait ce qui concerne les mœurs, ce qui était conforme à l'éthique. Aux XVII et XVIIIème siècle viendra s’ajouter un sens nouveau – celui fondé sur l'opinion, la croyance et non plus sur des faits rigoureux ou un raisonnement. (D'après Alain Rey dans le Dictionnaire historique de la Langue française).
La morale a donc un sens proche de la religion. C'est un ensemble de croyances et de comportements usuels permettant de créer un lien social, une cohésion sociale, nécessaire à la pérennité d'un groupe humain et de son organisation.
La bonne morale n'a donc rien d'universel. Elle est propre à un groupe humain donné, celui-ci possédant des mythes partagés par la totalité de ce groupe et surtout associés à des pratiques communes visibles de tous – pratiques scellant une appartenance. Se cacher le sexe, se voiler la tête pour les femmes, porter un couvre chef spécifique ou des vêtements spécifiques, aller à l'église ou à la mosquée font parties des pratiques morales démontrant une appartenance.
Il faut que les mythes et les pratiques soient partagés par la totalité du corps social envisagé pour que l’on puisse parler de morale. Si ces mythes et pratiques associées finissent par ne plus être partagés par tous dans ce groupe, alors celui-ci se délite et disparaît en temps que groupe culturel et politique distinct. On peut parler d'ordre moral ou, de façon plus moderne, d'idéologie dominante pour qualifier le même phénomène.
Il est très important de se rendre compte que les mythes qui inspirent une morale n'ont, non seulement pas besoin d’être démontrés, mais qu’ils fonctionnent d’autant mieux qu’ils sont éloignés de la vraisemblance, du simple bon sens – comme, par exemple, le mythe de « l'immaculée conception ».
En effet, plus un mythe moral est éloigné du bon sens et du vraisemblable, plus il fonctionne car chaque membre du groupe faisant un effort pour l'admettre sera dès lors d'autant mieux accepté au sein de ce groupe. Il croit des invraisemblances comme les autres, il respecte la morale commune, il est membre du groupe.
On observe que les mythes moraux d'un groupe donné ne sont pas forcément ceux d'un autre groupe. Ce qui est « parole d'évangile » pour les uns n'est que baliverne pour les autres. Les uns et les autres étant bien démarqués dans leur appartenance. On voit également dans l'histoire, que si il est immoral de tuer un membre de son groupe, il est parfaitement admis voir conseillé de tuer un membre d'un groupe différent, le « Tu ne tueras point » chrétien ne s'appliquant qu'aux chrétiens. Durant les croisades les chrétiens pouvaient tuer des musulmans sans qu'il n'y ai transgression à la morale chrétienne, il n'y avait pas péché.
Faut-il encore cependant pour qu'un ordre moral soit respecté, que le pouvoir qui l'a généré soit respectable et que le peuple respectant ce pouvoir sente qu'il y va de son intérêt. L'un – le pouvoir – ne peut aller sans l'autre – la morale.
Un ordre moral et social est construit souvent en trois parties: un pouvoir temporel, un pouvoir clérical et le peuple respectueux.
Le pouvoir temporel est toujours « in fine » militaire car sans force ni contrainte, point de pouvoir. Puis viennent les clercs, les intellectuels qui théorisent l'ordre moral en produisant les mythes, et en dernier ressort le peuple qui respecte l'ordre. Le peuple travailleur est soumis à deux terreurs – celle de la transgression morale qui va l'exclure de la communauté et celle de la répression physique.
A partir du 11ème siècle, l'église théorisera et imposera ces trois ordres en occident sous les termes« Bellatores » pouvoir militaire, « Oratores » les clercs qui donnent la « Parole d'Évangile » et les « Laboratores » ceux qui travaillent et respectent.
Une société parfaitement idéale sera ainsi construite avec les mythes chrétiens forgeant pour longtemps le cadre de la société occidentale.
L'histoire nous apprend que les mythes moraux s'effondrant, l'ordre social s'effondre avec eux.
Pourtant nous constatons également des éléments de la morale ancienne demeurent toujours dans la nouvelle. Un ordre moral met certainement plusieurs milliers d'années avant de ne plus laisser de trace. Le langage en garde de nombreuses évocations. Par exemple le mot père n'a pas pour étymologie géniteur, mais celle de prêtre (pater). Dans la Grèce antique, le chef de famille – aussi géniteur, mais pas exclusivement – était le prêtre de la religion domestique, celle qui vénérait les ancêtres. La morale n'a retenu que le « pater » glissant de prêtre à chef de famille puis à géniteur.
Quelques points d'histoire.
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