"La Repubblica" mène la rébellion contre la "loi-bâillon" de Berlusconi
Car, comme le directeur l'explique encore dans une vidéo publiée sur le site repubblica.it, c'est désormais le gouvernement qui détermine la quantité et la qualité de l'information. Les journaux italiens ne sont plus libres d'enquêter, de chercher des nouvelles mais sont limités, dans les affaires judiciaires, par cette loi qui cantonne la publication d'informations relatives aux procédures en cours.
LE POST-IT JAUNE POUR SYMBOLE DE LA MOBILISATION
La loi a été voulue par la majorité pour protéger la vie privée des citoyens, qui voient trop souvent leur nom apparaître dans les journaux dans le cadre de fuites fréquentes d'écoutes. Les écoutes seront ainsi désormais plus difficiles à obtenir par les magistrats, qui pourront les utiliser pour une période de 75 jours avec une prorogation de 3 jours en 3 jours décidé avec un mécanisme compliqué.
Quant aux journalistes et aux éditeurs, ils risquent de fortes amendes arrivant jusqu'à 450000 euros et même des peines de prison. "Mais ainsi, s'indigne encore Ezio Mauro, nous n'aurions jamais pu publier la nouvelle des entrepreneurs liés au monde de la protection civile, sous enquête aujourd'hui, qui, dans le nuit du tremblement de terre, en avril dernier, ricanaient au téléphone en se frottant les mains pour les occasions que le séisme allait leur apporter."
Depuis quelque temps, La Repubblica publiait des articles liés aux thèmes judiciaires en précisant, avec un post-it jaune – devenu le symbole de cette mobilisation – qu'avec la "loi-bâillon", cet article n'aurait pas pu être écrit.
GRÈVE DES JOURNALISTES
Après son passage, hier, au sénat, la loi passe maintenant à la Chambre des députés pour son adoption définitive. Silvio Berlusconi a déjà annoncé son intention de vouloir blinder le texte. Outre La Repubblica, d'autres journaux – dans la presse écrite et télévisée – ont mis une banderole en signe de deuil, aujourd'hui. Une grève des journalistes est prévue pour le 9 juillet prochain.
En attendant, le principal journal télévisé de la Rai, le TG1, n'a pas pensé utile de mettre dans ses titres la mobilisation de la presse et s'est limité à traiter le sujet comme une dispute habituelle entre majorité et opposition. Il n'a pas pu manquer, cependant de transmettre, à la fin, le communiqué très dur du syndicat des journalistes de la Rai qui dénoncent à leur tour la loi et se préparent à participer aux initiatives qui seront décidées pour corriger ces nouvelles normes.