Les adieux de Sarkozy à Bruxelles

Publié le par Charlotte sceptix

LEMONDE.FR | 02.03.12 | 19h00   •  Mis à jour le 03.03.12 | 09h10

 

 

 

 

BRUXELLES, ENVOYÉS SPÉCIAUX - "La seule façon que vous ayez pour continuer à m'entendre, c'est de me réélire." Nicolas Sarkozy a conclu ainsi, vendredi midi lors d'une conférence de presse, le Conseil européen des 1er et 2 mars, le dernier de son quinquennat. Le chef de l'Etat exclut de briguer des fonctions européennes, président du Conseil ou de la Commission, s'il ne devait pas être réélu. "Du fond du cœur, non. En aucun cas, d'aucune façon, ni maintenant, ni plus tard", a répondu M. Sarkozy.

Dans cette réponse, il y a du fond : Nicolas Sarkozy dit ne pas avoir les qualités pour remplacer Herman Van Rompuy, président du Conseil européen nommé pour un second mandat la veille, un homme discret, rompu à l'art du compromis. Et hériter de la Commission, ce serait déchoir. "Quant à M. Barroso, vous comprenez que je ne peux pas me comparer quand même", a poursuivi Nicolas Sarkozy : "Quand on a eu le privilège et l'honneur d'être un chef de l'Etat, qui a des responsabilités absolument passionnantes et difficiles (...), tout autre responsabilité ne me semble pas adaptée". Surtout, la réponse est tactique. M. Sarkozy aurait-il dit le contraire que toute la presse aurait titré que le président sortant, à la peine dans les sondages, préparait sa reconversion.

 REFORMATER L'EUROPE

A Bruxelles, il fait le président, sans faire oublier le candidat. Celui qui a endigué la crise financière, et celui qui aurait bien besoin d'un second mandat pour reformater l'Europe à sa guise, autour d'un noyau dur : la zone euro, plus intégrée sur le plan fiscal et économique. Quant à l'autre Europe, celle des pays hors de l'euro, elle peut devenir une sorte de "confédération", dont il s'agirait de repenser les politiques migratoires, commerciales, et industrielles.

M. Sarkozy en profite pour fustiger les socialistes, qui se sont abstenus sur le fonds de secours permanent. Dans un faux "off", devant une trentaine de journalistes, "si j'étais de gauche, j'aurais honte ", a-t-il observé : " Quand on pense qu'il y a eu des grands Européens, M. Mitterrand et M. Delors, je ne pense pas que ces hommes d'Etat auraient fait le choix de l'abstention."

En cas de réélection, comment ratifier le nouveau traité budgétaire européen, signé le matin même par vingt-cinq pays, et dont François Hollande demande la renégociation ? "Il suffirait que les socialistes s'abstiennent une nouvelle fois", raille-t-il : "C'est sans doute ce qu'on appelle la conviction européenne chevillée au corps."

"WE NEED YOU"

Une conférence de campagne ne saurait être complète sans une pique antibritannique. Le premier ministre, David Cameron, était arrivé jeudi à Bruxelles, pour le sommet, bien décidé à faire adopter les propositions d'inspiration libérale listées, pour relancer la croissance européenne, dans une lettre cosignée avec onze de ses homologues, notamment d'Espagne, d'Italie, des Pays-Bas et de Pologne.

M. Sarkozy a raillé la prétention de David Cameron à s'approprier la lettre des douze. "Je suis toujours content quand nos amis anglais aiment l'Europe à ce point qu'ils lui écrivent. J'ai pris la lettre de M. Cameron, après la décision de ne pas s'associer au traité, comme une volonté de ne pas rester derrière", a-t-il déclaré. "On a besoin des Anglais en Europe. Toujours, je ne dirais pas", a-t-il poursuivi, avant de lancer à un journaliste britannique "We need you".

Arnaud Leparmentier et Philippe Ricard

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