Les cyber-attaques peuvent-elles être des actes de guerre ?
29 septembre 2010
Les attaques cybernétiques contre des services de Défense ou à grande échelle contre l’infrastructure informatique d’un Etat ne sont, pour le moment, pas considérées comme des actes de guerre. Pourtant de nombreuses armées se dotent d’unités de hackers. Aussi certains Etats, comme l’Estonie qui a fait l’objet d’attaques massives, plaident pour que l’OTAN reconnaisse la cyber-guerre et l’obligation de défense mutuelle au sein de l’Alliance. Une décision qui pourrait être à double tranchant si l’on observe l’actuelle attaque US contre les ordinateurs liés au programme nucléaire civil iranien.
Dans ce contexte, l’Académie de Défense du Royaume-Uni publie une brève étude d’Alex Michael. Il y dresse l’historique des attaques à caractère politique perpétrées depuis la Chine et la Russie. Ce rapport présente une excellente synthèse des faits connus, tout en faisant l’impasse sur les attaques perpétrées par les Etats-Unis et Israël (à l’exception de l’attaque sous fausse bannière contre Baidu, en janvier 2010, dans le but de détériorer les relations sino-iraniennes).
Il en résulte une étude déséquilibrée. Par exemple, l’auteur présente l’attaque contre les sites officiels géorgiens, en août 2008, comme la première cyber-attaque coordonnées à des opérations militaires classiques. C’est évidemment ridicule lorsqu’on se souvient que l’OTAN avait détruit tous les sites officiels et les médias serbes durant la guerre du Kosovo, en 1999, ou qu’Israël avait détruit des sites libanais et des sites d’information (dont Voltairenet.org), en 2006.
Quoi qu’il en soit, ce rapport fait apparaître deux questions d’importance.
En premier lieu, certaines attaques de très grande ampleur sont l’œuvre de groupes politiques et non d’Etats (on pense aux Nashi russes et aux Hackers rouges en Chine). Il ne peut y être répondu de la même manière que lorsque les attaquants sont des armées.
Secondement, la supériorité chinoise et russe sur les Etats-Unis et l’Union européenne est évidente et indéniable. Le Pentagone qui fut le premier à mettre en oeuvre ces techniques est aujourd’hui complètement dépassé. Or, les attaques informatiques peuvent être beaucoup plus efficaces que des attaques militaires conventionnelles et peuvent toucher des cibles lointaines sans avoir à projeter de forces, et de plus pour un coût insignifiant. Par exemple, dans la configuration actuelle, la Chine pourrait facilement neutraliser tout le système spatial et de communication US en cas de conflit, remportant la guerre avant de la livrer.
On comprend mieux, dès lors, que le général Michael Hyden, l’ancien patron de la NSA puis de la CIA, préconise de donner pouvoir au président des Etats-Unis de fermer abruptement l’Internet mondial en cas de conflit.
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Cyber Probing : The Politicisation of Virtual Attack, par Alex Michael, Defence Academy of the United Kingdom, 29 p., 1,1 Mo, Septembre 2010.
Source : Réseau Voltaire