Les incertitudes grecques, du pain bénit pour les spéculateurs
Les marchés cherchent des rendements maximaux et n’hésitent pas à prendre des risques élevés. Le débat est lancé sur leur rôle dans la crise grecque, mais aussi espagnole et portugaise
Le débat est lancé sur le rôle des spéculateurs dans la débâcle grecque, mais aussi espagnole et portugaise dont les places boursières ne cessent de dégringoler. «En Grèce, la perception générale est que les marchés se font de l’argent sur nos malheurs», raconte Vassilis Ziras, journaliste économique au Kathimerini, quotidien d’Athènes. «C’est scandaleux comme les marchés parient sur les obligations grecques, renchérit Charles Wyplosz, professeur d’économie à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève (IHEID). En faisant pression sur les gouvernements européens pour qu’ils aident la Grèce et éventuellement aussi l’Espagne, le Portugal et l’Italie, ils veulent le beurre et l’argent du beurre.»
Un bon placement
Le professeur Wyplosz note «l’attitude surprenante de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne qui signalent qu’elles pourraient venir en aide. Une telle attitude fait le jeu des marchés.» Il fait ressortir que ce sont des banques françaises et allemandes qui détiennent une partie de la dette grecque et que Paris et Berlin veilleraient à ce qu’il n’y ait pas de défaut de paiement.
«Franchement, je ne sais pas comment on peut empêcher cette spéculation qui ne mise pas sur la dette japonaise qui est plus importante que celle de la Grèce, poursuit Charles Wyplosz. Réglementer le marché des obligations pour réduire la volatilité des cours et le volume de transactions serait une piste.»
Ancien cadre de la Banque centrale espagnole et à présent professeur de finance à l’IMD à Lausanne, Arturo Bris ne partage pas cet avis. Selon lui, les investisseurs à court terme tirent simplement avantage des informations disponibles ou du manque d’informations. «Dans ce contexte, la dette grecque est un bon placement, dit-il. Le rendement est élevé, mais les risques sont aussi très grands.»
Arturo Bris estime que les marchés sont déjà assez réglementés; sinon trop de règles tue les marchés. Selon lui, le problème des Etats en difficulté est le manque de crédibilité des politiciens qui sont au pouvoir. «Fondamentalement, il n’y a pas de différence entre l’Espagne et l’Allemagne, dit-il. Par contre, on ne voit pas les mêmes hésitations à Berlin qu’à Madrid. Le gouvernement portugais paraît plus décidé à mener les réformes, mais la population n’a pas l’air de vouloir le suivre.»
«Business is business»
«Pour les marchés, business is business, déclare Cédric Tille, professeur d’économie à l’IHEID. Ces derniers estiment que les risques liés à la dette justifient un rendement élevé.» Il explique aussi que le problème n’est pas la spéculation, mais les sombres réalités économiques de ces pays (Grèce, Espagne, Portugal, Italie). «Ce n’est pas non plus une question de liquidités, mais d’adéquation fiscale qui fait défaut. Il s’agit des économies dont les bases sont solides», a-t-il poursuivi.
Cédric Tille estime par ailleurs que les marchés resteront actifs sur la Grèce, suivant de près l’application des réformes annoncées par le gouvernement. Dans ce contexte, il privilégie une intervention du Fonds monétaire international pour remettre le pays sur les rails.
Source : Le Temps
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