Les pétroliers espèrent encore forer le gaz de schiste en France
Sylvie Simon
Il y a maintenant plus d’une semaine qu’aux États-Unis la rupture d’un pipeline traversant la rivière Yellowstone, dans l’état du Montana, a entraîné la fuite d’environ 160 000 litres de pétrole. Les hydrocarbures déversés dans la rivière Yellowstone auraient déjà atteint le Dakota du Nord, à la frontière Est du Montana, et pourraient polluer les eaux du Missouri
Selon Exxon Mobil, responsable de la catastrophe, « plus de 280 personnes étaient mobilisées pour nettoyer la rivière et ses abords, mais leurs efforts avaient été contrecarrés par une crue des eaux ».
Le brut s'est déversé en aval du Parc national de Yellowstone, le plus grand et le plus ancien parc naturel américain, et la rivière est elle-même un lieu très touristique. L'inondation a évidemment occasionné d'importants dégâts, mais la présence d’hydrocarbures dans les eaux est catastrophique pour la population et tout particulièrement les agriculteurs. « Sur toutes nos prairies, des flaques noires et épaisses sont coincées dans l'herbe, les arbres, et les plantes », a déclaré Cathy Williams, agricultrice.
Nombre de victimes pensent que Gary Pruessing, président d'Exxon Mobil, a sous-estimé voire dissimulé certains détails. Ainsi, le groupe responsable du désastre aurait menti en prétendant avoir coupé le flux de pétrole une demi-heure après l’accident. Les documents fédéraux prouvent qu’en réalité, la société a mis une heure à réagir, mais l’entreprise explique ces erreurs en prétendant que son président n'avait pas de notes sous les yeux lorsqu'il avait fait cette déclaration.
La faune serait également touchée, bien qu’Exxon Mobil n’ait pas constaté de décès animal, seule une oie aurait été contaminée. Mais là encore, l’entreprise semble minimiser les dégâts car, comme l’a déclaré Alexis Bonogofsky, un fermier de la région, « normalement, lorsque vous descendez près de la rivière dans la soirée, la seule chose que vous entendez ce sont les grenouilles, les crapauds, beaucoup d'insectes, les criquets et les oiseaux. Aujourd'hui, [...] vous n'entendez plus rien ».
Pour nettoyer le pétrole, ExxonMobil utilise des couvertures absorbantes et des camions de pompage. La compagnie procède également à des survols quotidiens de la zone pour surveiller l'évolution de la marée noire et effectue un contrôle continu de la qualité de l'air.
La compagnie pétrolière affirme que la fuite de pétrole ne constitue pas une menace pour la santé publique, mais elle n'a pas encore diffusé d’analyse d'échantillons d'eau. Elle n’a pas eu, non plus, d'information concernant un éventuel impact sur la vie sauvage, mais signale que des ornithologues de l'organisation International Bird Rescue sont arrivés sur place. Elle a présenté ses excuses aux habitants de la région et assure avoir respecté toutes les règles en vigueur, soulignant que l'oléoduc concerné a fait l'objet d'une inspection en décembre dernier.
N’oublions pas, non plus, la gigantesque marée noire, la plus grande de l'histoire des États-Unis, survenue en 2010 dans le golfe du Mexique, après le naufrage d'une plateforme exploitée par le groupe britannique BP.
Le pire est qu’Exxon Mobil, qui n’est pas capable d’empêcher 160 000 litres de pétrole de polluer les eaux du Missouri, nous demande de lui faire confiance pour gérer l’exploitation du gaz de schiste. Et nos pouvoirs publics essaient de nous persuader que nous pouvons faire confiance aux compagnies pétrolières pour nous protéger de quelconques problèmes si nous acceptions les forages !
C’est à se demander quels sont les plus fous : ces compagnies qui ne mettent jamais en doute leurs capacités, se permettent de mentir sur des questions vitales pour la Planète et ne peuvent faire une déclaration exacte sans avoir de notes sous les yeux, ou ceux de nos gouvernants qui font tout pour parvenir à leur but, cautionnant des menteurs et des incapables, ou bien les quelques inconscients qui font confiance à tous ces incompétents ?
La question reste posée.
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