Nouveau coup de chaud sur la dette du Portugal
Le rendement de la dette portugaise a atteint jeudi un niveau historique. Cela a poussé la BCE à intervenir sur le marché en achetant des obligations du pays, après quinze jours d'immobilisme. Les Bourses de Lisbonne et de Madrid ont accusé le coup.
Le rendement de la dette portugaise à dix ans a atteint jeudi 10 février un niveau sans précédent depuis la création de l'euro, jusqu'à 7,63 % dans la matinée et alimentant de nouveau les craintes d'un sauvetage du Portugal.
Le « spread » à dix ans contre le Bund allemand, c'est-à-dire la prime réclamée par les investisseurs pour détenir de la dette portugaise plutôt qu'allemande, a grimpé jusqu'à 440 points de base, se répercutant sur celui de l'Espagne (au-delà des 200 points de base). Les Bourses ibériques s'en sont fortement ressenties. A 16h45, Madrid perdait 1,5% et Lisbonne 1,9 %.
Il a fallu que la Banque centrale européenne (BCE) siffle la fin de la partie, en achetant des obligations portugaises sur le marché secondaire, selon des traders. Et ce, après deux semaines sans achat de dette souveraine. « Cette hausse du rendement portugais a poussé la BCE à intervenir sur le marché de la dette, de peur que le problème ne s'amplifie de nouveau et que la panique ne se répande sur les marchés », explique Soledad Pellon, stratégiste chez IG Markets. Dans la foulée de cette intervention, la tension a légèrement diminué sur les taux portugais.
Les marchés attendent une réponse de l'Europe à la crise
Mais d'où vient ce coup de chaud, qui ne répond à aucun changement radical de la situation économique portugaise et intervient trois jours après une émission syndiquée marquée par une forte demande des investisseurs ? « L'indécision qui règne sur l'évolution du Fonds européen de stabilité financière, l'absence d'intervention de la BCE depuis deux semaines ainsi que le retrait de la candidature d'Axel Weber à la présidence de la BCE » sont autant de raisons qui expliquent cette hausse, mais qui auraient été tout aussi valables les deux semaines précédentes, souligne Soledad Pellon. « On ne sait jamais quand les marchés vont réagir aux incertitudes, ils se comportent actuellement de manière irrationnelle », conclut-elle.
« Les incertitudes et la nervosité persistent sur les marchés, a reconnu le porte-parole pour les Affaires économiques de la Commission européenne, Amadeu Altafaj, jeudi à Bruxelles. En ce sens, il est important que la réponse de la zone euro à la crise de la dette aboutisse le plus rapidement possible. Cela contribuera aussi à rétablir la confiance sur les marchés. »