Pas à dire, l'info c'est un métier !
Par Luc Delval le mardi 29 décembre 2009,
http://www.lesdoigtsdanslacrise.info/index.php?post/2009/12/29/Pas-a-dire-linfo-cest-un-metier
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"Arrêt sur Images" révèle qu'à deux reprises - lundi à 13h et à 20h - le journal télévisé de France 2 a présenté une image supposée représenter la brutalité ignoble dont font preuve les autorités iraniennes face à la contestation actuelle, qui en réalité a été prise... au Honduras en juilllet.
L'image litigieuse avait d'ailleurs déjà été diffusée sur le site du Boston Globe, qui indiquait qu'elle a été prise à Tegucigalpa le 29 juin.
La rédaction de France 2 soutient qu'il s'agit d'une erreur commise par le "service EVN", c'est-à-dire une sorte de bourse d'échange internationaux d'images, à laquelle sont affiliées toutes les télés du réseau Eurovision.
C'est plutôt curieux, mais peu importe : ce qui est frappant c'est que le même cliché, présenté pour ce qu'il est réellement - à savoir la répression contre des démocrates du Honduras après un coup d'état militaire d'inspiration vaguement etatsunienne - n'avait guère retenu l'attention à l'époque où il fut pris. Il avait certes été publié par "Le Figaro", mais pour le reste le moins que l'on puisse dire est que la PPPA n'a pas cherché à saturer notre champ de conscience avec des infos sur ce qui qui s'est passé et se passe encore au Honduras.
Par exemple, le 7 décembre 5 personnes ont été abattues dans la rue, à Villanueava, à côté de Tegucigalpa par quatre tueurs surgis d'une camionnette qui circulait sans plaques d'immatriculation. Les victimes, des militants des droits de l'homme - Marcos Vinicio Matute Acosta (39 ans), Kennet Josué Ramírez Rosa (23 ans), Gabriel Antonio Parrales Zelaya (34 ans), Roger Andrés Reyes Aguilar (22 ans) et Isaac Enrique Soto Coello (24 ans) - ont été contraints de se coucher sur le sol, et tués sur place. Une sixième personne, Wendy Molina (32 ans), a miraculeusement survecu, mais elle a été hospitalisée dans un état très grave.
En fait, ce ne sont que quelques victimes parmi beaucoup d'autres cibles des escadrons de la mort qui sévissent depuis le coup d'état militaire. Parmi elles on trouve aussi bien des militants de gauche, des membres de leur famille, des personnes soupçonnées d'aider deux qui s'opposent à la junte militaire, que des homosexuels. "Les crimes se multiplient plus vite que nous ne pouvons les compter", dit un militant des droits de l'homme. On trouve ICI [http://pulsemedia.org/2009/12/24/killing-activists-in-honduras/#more-17957 ] un décompte très partiel des crimes de cette espèce commis en décembre.
Vous en avez entendu parler, sur France 2 ou ailleurs ? Si seulement les auteurs du coup d'Etat étaient musulmans. Ou alors leurs opposants, enfin n'importe qui. Mais un conflit, si sanglant soit-il, dans lequel on ne trouve pas la plus petite trace de menace islamiste, quel intérêt ?