Petites nouvelles discrètes des préfets et des procureurs
09h15 le neuf-quinze
Par Daniel Schneidermann le 14/12/2010
Trois petites nouvelles, que vous n'avez pas entendues aux radios du matin. Après la condamnation des policiers menteurs du 93, Libé a interviewé le préfet de Seine Saint-Denis, le "grand flic" Christian Lambert. Un bijou: on apprend que le préfet, après la décision du tribunal de Bobigny, est allé rencontrer les policiers du commissariat concerné. Lambert:
"Il faut être très attentif à ces situations. Il m’a paru important d’aller au contact pour écouter et dialoguer, et mieux renseigner le ministre. Je ne leur ai pas dit "vous avez bien fait" mais "vous devez être punis", "cependant, vous êtes suspendus de vos fonctions sans salaire depuis trois mois et je connais par vos syndicats vos difficultés financières. Vu que le délai pour le procès en appel s’allonge, nous essaierons d’y remédier".»
Y remédier comment ? La préfecture du 9-3 dispose de fonds secrets ? D'une enveloppe spéciale "oeuvres sociales" ? Le préfet ne le précise pas (et Libé ne le demande pas).
Le prédecesseur de Lambert en Seine Saint-Denis s'appelle Nacer Meddah (c'est lui, en face). C'est lui, au début de l'année, qui a laissé sa place au "grand flic" Lambert, intronisé en "grande pompe" par Sarkozy lui-même. Il était préfet de la région Franche-Comté depuis le 7 avril. Il vient d'être dégagé, après seulement sept mois de présence sur place (brièveté d'affectation rarissime dans la préfectorale). Pourquoi ? Personne ne sait. Les élus locaux le soutiennent. Sachant qu'il va partir, le préfet Meddah emploie ses derniers jours à procéder "à des importantes régularisations d'étrangers", rapporte l'Est Républicain (dans un article signalé par un @sinaute). On ne parierait pas qu'il retrouve une affectation de sitôt. En revanche, le préfet de l'Allier Monzani, celui qui considère que les gauchistes sont des "minables", et dont notre envoyé spécial au Sarkozistan nous rappelait les exploits, est toujours en poste, et son cas ne semble pas préoccuper François Fillon. |
Dernière information: l'AFP titre ce matin sur le fait que le parquet de Paris va ouvrir une information dans une affaire de ventes d'armes à l'Arabie Saoudite dite "Sawari II", affaire connexe aux ventes d'armes au Pakistan, elles-même au coeur de l'enquête sur l'attentat de Karachi (pour un rattrapage, précipitez-vous sur notre émission pédagogique). L'AFP ayant publié cette dépêche, vous en entendrez peut-être parler dans la journée. Mais l'AFP ne titre pas sur l'autre élément de cette information: le parquet de Paris a refusé de confier ce second dossier au juge Van Ruymbeke, qui l'avait pourtant réclamé. L'avocat des familles de victimes de Karachi, Olivier Morice, longuement cité par Mediapart, voit dans ce "saucissonnage" une manoeuvre pour, à terme, dessaisir le dérangeant Van Ruymbeke. Il fantasme certainement. Si le parquet de Paris avait de ces arrière-pensées machiaveliques, ça se saurait. Et les radios du matin en parleraient certainement.
Ya quand même pas une caisse noire au ministère de l'intérieur ? :