Poisons
Le titre de ce billet s'inspire d'une affaire qui risque de faire grand bruit avant la fin de l'année, à savoir la présentation par Gianni Lannes du dossier “Veleni nel Mare Nostrum” devant le Parlement européen...
Introduction
I. De la terre à la mer...
Retour aux sources
II. De la mer à la terre...
Conclusion
Introduction
Pour le rédiger je me suis plongé dans la lecture de plusieurs ouvrages (numérotés de 1 à 5, ce qui me permettra de les citer en renvoi par leur numéro) :
- "Les Vaisseaux du poison. La route des déchets toxiques", de François Roelants du Vivier, publié aux éditions Sang de la terre, en oct.-nov. 1988
- Bandiera nera. Le navi dei veleni, d'Andrea Palladino, édité par manifestolibri (fév. 2010) (Pavillon noir. Les navires empoisonnés)
- Avvelenati, de Giuseppe Baldessarro et Manuela Iatì, Città del Sole Edizioni (avril 2010) (Empoisonnés)
- Le Navi della vergogna, de Riccardo Bocca, éditions BUR (mai 2010) (Les bateaux de la honte)
- Veleni di Stato, de Gianluca Di Feo, éditions BUR (nov. 2009) (Poisons d'État)
Outre consulter de nombreuses sources sur Internet, dont "Le navi sparenti", le dossier de Greenpeace sur les navires toxiques, le dossier sur le Probo Koala, ou encore ce Cahier critique sur les transferts transfrontaliers de déchets toxiques et leur impact sur les droits humains, Toxics from Italy, etc. [Début]
I. De la terre à la mer...
Je vous préviens, c'est long, mais cette histoire, compliquée tant elle a de ramifications, mérite d'être racontée, DOIT être racontée. Essayons, moi d'écrire, et vous de lire...
En commençant par cette citation d'Alain Bombard :
Si tout dans la nature répondait au schéma de Lavoisier : « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme », les nouvelles techniques ont créé des objets qui oublient le troisième terme de la proposition : ils ne se transforment plus et s'accumulent dans les milieux vivants de jour en jour, d'année en année, de siècle en siècle. C'est une invasion qui au minimum prend la place de la vie, au maximum l'empoisonne.
qui préface le livre de François Roelants du Vivier, écrit à l'époque-même où l'opinion publique internationale était sensibilisée par l'odyssée d'un cargo-poubelle, le Zanoobia, chargé de 2200 tonnes de déchets toxiques, qui a erré plusieurs semaines en Méditerranée avant d'accoster au port de ... Massa Carrara, le 5 mai 1988. C'est-à-dire à l'endroit même d'où la cargaison était partie, 15 mois plus tôt ! Retour à la case départ...
La magistrature italienne a fait procéder à une identification minutieuse des étiquettes encore visibles sur les fûts (cf. 2, p. 75 et p. 119 et sq.), appartenant à 150 sociétés dont le gotha de l'industrie pharmaceutique et chimique mondiale ! Qu'on en juge :
ACNA (Italie, productrice d'armes chimiques pendant des décennies, notamment ypérite, phosgène et arsine...)
A.G.I.P.
BASF
BAYER
CIBA GEIGY
CYNAMID
DE LONGHI
DOW CHEMICAL
DOW CORNING
DUPONT DE NEMOURS
EASTMAN CHEMICAL
ENICHEM
FARMITALIA - CARLO ERBA
FARMOPLANT
HOECHST
I.C.I.
ILVA
K.J. QUINN FRANCE
LORILLEUX
MIYOSHI OlL
MONSANTO
MONTEDISON
MONTEPOLIMERI
NORSOLOR
PIRELLI
SANDOZ
SHELL ITALIA
SNIA
SOLVER
Union Chimiste de Belgique, etc. [Début]
Mais comment en est-on arrivé là ?
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